SAINT-GILLES Un clerc d’huissier séquestré sous la menace d’un couteau
Le tribunal correctionnel de Nîmes a condamné un habitant de Saint-Gilles à 18 mois de prison ferme. Il y a quelques jours, il a « arrêté, séquestré et détenu sous la menace d’une arme », un clerc d’huissier venu lui signifier une décision de justice.
Le clerc d'huissier a eu si peur, qu’il ne veut plus reprendre le travail. Ce matin-là, cet homme est en visite dans une cité de Saint-Gilles. Il joue au simple « facteur »… Il vient signifier à un jeune homme qui ne s’est pas déplacé devant le tribunal correctionnel, sa condamnation à 10 mois de prison pour des « violences ».
Le clerc d’huissier frappe à la porte, la personne recherchée n’est pas là d’après sa mère qui accueille le clerc. Quelques secondes plus tard, un homme sort de la douche en furie et se propulse contre le salarié. Le clerc comprend vite qu’il s’agit de l’individu à qui il devait signifier le jugement. « Tu vas mourir, tu ne sortiras pas d’ici vivant, tu vas bientôt passer à la télé », hurle le jeune délinquant connu pour de nombreuses infractions liées à des violences sur des policiers. Il referme la porte, et pointe un couteau sur le visage du professionnel qui essaie de reprendre ses esprits. La victime aperçoit une fenêtre et envisage de se projeter dans la rue du premier étage. Mais pendant 20 minutes, son agresseur le menace, l’insulte. « On me met tout sur le dos, mais j’étais tranquillement chez moi sous la douche. Il est rentré dans la maison, je n’ai jamais pris de couteau. Pourquoi je l’aurai séquestré chez moi ? Je l’ai insulté c’est vrai, mais après il raconte n’importe quoi », ose le prévenu qui comparaît détenu et détendu à l’audience du tribunal correctionnel de Nîmes.
« Lorsque je vous écoute, j’ai l’impression que vous avez offert le café et le croissant à l’huissier. Vous niez être violent mais vous avez de 2011 à 2014, des condamnations pour des vols, des violences surtout sur les forces de l’ordre et des problèmes avec les stupéfiants », note le procureur adjoint, Stanislas Vallat.
« La victime est terrorisée, elle a mis plus d’une semaine pour pouvoir déposer plainte. Le clerc d’huissier n’a pas voulu venir à l’audience de peur de retrouver cet homme qui l’a séquestré pendant 20 minutes. Il a pu s’échapper lorsque quelqu’un est entré dans l’appartement. Et là encore, il a été poursuivi dans la rue. Pendant 20 minutes, il a eu un couteau à bout touchant sur le visage, il fait des cauchemars la nuit », tonne Me Charles Fontaine pour le clerc d’huissier.
« C’est un coup monté, tranche le détenu dans le box avant d’ajouter … « J’ai déjà pris un coup de couteau, je ne me réveille pas la nuit. Je ne comprends pas qu’il soit choqué, s’il veut que je le remplace, je cherche du boulot », poursuit l’agresseur d’une arrogance évidente.
Le tribunal a décidé de laisser le prévenu en détention. Il écope de 2 ans de prison dont 18 mois ferme.
Boris De la Cruz