TRIBUNAL Le pédophile en récidive abuse de trois fillettes
Un père de famille de 37 ans, actuellement détenu avec sa compagne et sa mère pour un dossier criminel de viol, a comparu mardi devant le tribunal correctionnel de Nîmes pour des agressions sexuelles sur deux fillettes et aussi de son enfant.
Les affaires jugées au tribunal correctionnel sont parfois des voyages au bout de l'horreur et du supplice pour les victimes.
Des larmes, mais aussi de la dignité... Et pourtant cette jeune femme qui s'avance en pleurant à la barre du tribunal correctionnel de Nîmes a subi pendant quatre ans les assauts sexuels répétés d'un homme âgé de 25 ans, alors qu'elle n'était qu'une enfant de 10 ans. Des abus sexuels qualifiés par la justice d'agressions sexuelles de la part d'un homme de son entourage familial qui a pris des photos et vidéos à caractère pédopornographique. Des faits qu'elle a longtemps cachés, avant de les révéler à 14 ans.
Le prévenu est détenu pour une autre grosse affaire criminelle liée à des viols. Il répond sèchement aux questions du tribunal mais, à l'écouter, il n'a rien fait et subit des accusations injustes. Lorsque sont évoquées des photos et vidéos concernant les jeunes victimes, dont sa petite fille âgée de moins de deux ans qui tient un sextoy sur un cliché, le prévenu en visio depuis la maison d'arrêt devient agressif : "Mais ce n'est pas moi qui ai pris la photo." Il reprend : " Et puis cela fait deux heures que je suis là à vous écouter, et je ne parviens pas à parler. J'ai des problèmes de santé, je fais des malaises et j'ai la tête qui tourne."
"Vous avez fait un mal fou à votre petite fille", selon la procureure
"Comment peut-on qualifier les photos dans ce dossier ? Dans l'horreur on n'a jamais tout vu et pourtant cela fait de longues années que je traite ce genre de sujet, intervient la procureure Véronique Compan. On voit une toute petite fille, dans un maxi cosy avec un godemichet dans la bouche. Il dit que ce n'est pas lui, mais il n'a aucune émotion en parlant de sa fille qui a aujourd'hui 7 ans. Qu'est-ce qu'on va lui dire à cette fillette ce soir en lui racontant l'audience ?", poursuit la représentante du parquet de Nîmes en élevant le ton face à cet accusé imperméable aux accusations d'agressions sexuelles en récidive sur sa fille et sur deux autres enfants âgées d'une dizaine d'années au moment des abus. "Vous avez fait un mal fou à votre petite fille, à une enfant, un bébé, tonne la procureure Compan. Vous êtes condamné depuis 2013 pour de la sexualité sur des enfants. Cela fait dix ans que vous êtes averti et que vous vous moquez des décisions de justice. Sans compter le mal que vous faites à des victimes innocentes", insiste Véronique Compan en détaillant le casier judiciaire du prévenu...
Ce dernier, qui a longtemps vécu dans un village au nord d'Alès et au Grau-du-Roi, a été sanctionné par le tribunal correctionnel d'Alès en 2013 pour "atteintes sexuelles sur mineur", et "détention d'images à caractère pédopornographique". En 2019, suivra une nouvelle sanction délictuelle pour "agression sexuelle" et "corruption de mineurs". Les images concernant sa petite fille ont été prises après cette condamnation et alors qu'il était sous suivi socio-judiciaire pendant 5 ans. "Avec vous, c'est toujours les autres et vous osez dire que des enfants vous sollicitent ! Vous vous présentez comme une victime alors que vous êtes un pédophile. Et votre fille qui n'avait pas deux ans sur la photo, elle vous sollicitait ?", accable la représentante du ministère public qui réclame 10 ans de prison alors que cet homme est en état de récidive et encourt jusqu'à 20 ans. Elle demande aussi le retrait de l'autorité parentale et un long suivi socio-judiciaire.
La procureure va également s'excuser pour le jeune femme abusée et présente à l'audience. "Durant 6 à 7 ans d'instruction, vous n'avez jamais été entendue, ce n'est pas normal, vous avez été une jeune fille oubliée. Cela fait 7 ans que vous attendez, mais vous êtes une vraie victime d'un pédophile".
Un pédophile depuis de nombreuses années pour maître Florence de Prato
"C'est un prévenu, un agresseur sexuel qui est victime de tout à l'entendre. Moi je constate qu'il a un casier judicaire éloquent et qu'il est un pédophile installé depuis de nombreuses années", plaide Me Florence de Prato qui porte la parole de la fille de l'agresseur. Une enfant qui a aujourd'hui 7 ans et qui est placée depuis l'âge de 4 ans. "Une enfant avec un sentiment prolongé de détresse psychique", dans "une stupeur traumatique dit l'expert", " le traumatisme d'une victime d'agression sexuelle", enchaîne la pénaliste nîmoise. "Il y a un effondrement de cet enfant de 7 ans", "qui a un père, une mère et une grand-mère qui sont mis en examen et incarcérés pour viol", complète Me de Prato qui réclame elle aussi le retrait de l'autorité parentale.
Le tribunal, présidé par Jean-Michel Perez, a condamné mardi soir cet homme à 8 ans de prison avec des peines complémentaires notamment un suivi socio-judiciaire de 10 ans... Si ce suivi n'est pas respecté, une sanction de 3 ans de prison peut lui être infligée en plus. La juridiction a également prononcé le retrait de l'autorité parentale. En sachant que le prévenu est déjà inscrit au fichier nationale des délinquants sexuels.