Alors qu'Emmanuel Macron a repris une nouvelle salve de consultations après avoir écarté lundi la proposition du Nouveau Front Populaire de nommer Lucie Castets Première ministre, à Arles, le festival Agir pour le vivant invitait les habitants à réfléchir à comment contrer la privatisation du monde mercredi après-midi. 

C'est par un constat positif pour la Gauche que cette deuxième table ronde du festival a débuté au sein de la Chapelle du Méjan. Si l'hypothèse d'un gouvernement formé par le NFP semble définitivement écartée par le Président, ses membres estiment que de profondes mutations sont en cours. "Le récit a changé", considère en effet Anne-Laure Delatte, économiste, directrice de recherche au CNRS rattachée à l'université de Paris Dauphine PSL, qui fait partie de l'entourage de Lucie Castets pour l'élaboration de son programme. "Est-ce que nous allons arriver à un exercice du pouvoir ? Il y a une incertitude démocratique aux États-Unis pour Kamala Harris, et une incertitude un peu moins démocratique en France...", a-t-elle d'abord regretté. "Mais par rapport à la narration économique et politique des vingt dernières années, le récit s'est décalé. Certaines choses qui étaient des gros mots avant ne le sont plus aujourd'hui."

L'impôt aurait-il le vent en poupe ? 

Aux États-Unis, cela se traduit par le retour de la possibilité de parler d'impôts, de prélèvements obligatoires, avec un État qui intervient dans l'économie. "Il y a également des investissements massifs en faveur de la transition écologique même si tout n'est pas parfait", indique-t-elle devant un public venu en nombre, composé d'Arlésiens et de touristes. En France, l'économiste prend l'exemple très récent d'une lettre envoyée par Gabriel Attal et Stéphane Séjourné aux députés. "Ils disent qu'ils sont d'accord pour un ISF vert, pour réfléchir à un impôt sur les superprofits alors que jusqu'ici, le récit sur les impôts était négatif, l'objectif était de les baisser." Tout en questionnant la sincérité de cette déclaration, celle qui avait chiffré de façon indépendante le programme du NPF estime, quoi qu'il en soit, que cette déclaration "signifie que cette vision est dans l'air du temps." À défaut de gouverner, le NFP semble donc avoir réussi à imprégner le discours politique de ses idées économiques.

Nicolas Da Silva, économiste, et Mickaël Correia, journaliste climat à Médiapart et auteur, participaient également à cette table ronde, évoquant notamment pour l'un l'importance de la Sécurité Sociale et le poids de Total dans la crise climatique pour l'autre.