NÎMES 20 après, la bulle manque

La dernière feria de la Primavera, sous la bulle à Nîmes en 2005 (Photo Archives Anthony Maurin)
La bulle ? C’était la couverture qui permettait que les arènes puissent accueillir concerts et événements en hiver.
Pendant plus de 15 ans, de 1988 à 2005, la « bulle » était une salle à part entière pouvant abriter près de 7 000 spectateurs d’octobre à avril. À plus de 10 mètres de haut par rapport à la piste et soutenue par 30 poteaux, la double membrane donnait un certain charme aux spectacles, mais elle faisait trop de mal aux vieilles pierres abimées par deux millénaires.
D’octobre à avril, 7 000 places, rien de plus logique pour une ville de la taille de Nîmes d’avoir une telle salle ! Elle manque terriblement car depuis 20 ans, plus de bulle et, par conséquent, plus grand-chose en hiver de la maille d’un spectacle à la mesure de la salle.
En effet, il y a 20 ans s’achevait la feria de la Primavera qui se tenait du 4 au 6 mars 2005, dernier événement à avoir été organisé sous « la bulle ». Le maire de Nîmes d’alors, Jean Bousquet, avait demandé aux architectes Nicolas Michelin et Finn Geipel de réaliser une structure amovible afin de créer, à l’intérieur de l’amphithéâtre, une salle couverte de spectacle pour l’hiver. La chose est réalisée sous la forme d’une double bâche gonflable en polyester fixée à une structure métallique elle-même arrimée aux pierres antiques.
La lentille, une toile en polyester, était alors dépliée sur la piste et accrochée à des bras élévateurs. Elle est constituée de deux membranes de 4 200 m2 de surface chacune. Rappelons qu’entre les membranes, c’était un véritable coussin d’air qui était gonflé et maintenu sous pression par une soufflerie qui fonctionnait pendant 16 heures continues, jour et nuit, afin de ne pas prolonger l’instabilité provisoire de la structure en cours de montage.
Les poutres-caissons formant l’anneau de compression étaient quant à elle assemblées sur les gradins, puis l’anneau était levé d’un seul tenant en haut des poteaux par 15 treuils. Côté visuel, le public n’avait que peu de nuisances contrairement au chauffage qui faisait un boucan de tous les diables… La bulle reposait sur en réalité une résille de câbles accrochés aux têtes des poteaux. La bulle exerçait une force de compression dans l’anneau à la manière des rayons d’une roue de vélo.
Mieux, quand on était à l’intérieur et en journée, l’espace situé entre l’anneau et la façade arrière de la bulle était fermé par des lames transparentes en polycarbonates qui apportaient lumière et chaleur. Des concerts, des ferias, des arbres de Noël, des Téléthon, des repas… tout un tas d’animations et de festivités qui passent sous le nez des Nîmois et qui n’égaient plus l’hiver de la cité des Antonin.
Depuis 20 ans, aucune technologie ne pourrait prendre la relève ? Structure hyper légère, autogonflée, caisson adapté… Non, rien ne remplacera la bulle dans la mémoire inconsciente des Nîmois !
Pourquoi cette histoire fait-elle partie du passé ? Le choc thermique créé par la différence de température entre l'intérieur et l'extérieur de la bulle mais aussi les ruissellements d'eau dus au chauffage rendaient l’amphithéâtre de plus en plus fragile.
D’ailleurs et depuis, les arènes sont au cœur de l’un des plus gros chantiers de restauration de France. Après deux années de pression de la Direction régionale des affaires culturelles qui recommandait l’arrêt des jeux pour la bulle et le fait que sa mise en place coûtait 1,5 million d'euros chaque année ont eu raison du reste.
Pour info il y a 20 ans tout pile… Les cartels de la dernière feria de la Primavera à Nîmes étaient les suivants. Vendredi 4 mars, en nocturne (21h), une corrida avec des toros de Domingo Hernandez y Garcigrande, pour Cesar Rincon, Enrique Ponce et Matias Tejela. Le samedi 5 mars, corrida de Montalvo, pour Javier Conde, El Juli et Miguel Angel Perera. Enfin, dimanche 6 mars à 16h, clôture avec une novillada d’aimé Gallon pour Salvador Cortes, Alejandro Morilla et David Mora ! L’épizootie de la Langue Bleue planait aussi sur l’avenir des ferias.