NÎMES Des cours de boxe pour les femmes victimes de violences avec une championne de France
Arrivée l’été dernier sur Nîmes, Estelle Stehly (27 ans) lance le projet « Je ne suis plus ton punching-ball ». Sept fois championne de France de full contact, elle propose des cours gratuits de boxe aux femmes victimes de violence. Au-delà d’apprendre à se défendre, la démarche est surtout est de libérer la parole en compagnie d'une jeune femme victime elle aussi de harcèlement dans sa jeunesse.
« J’ai été victime de violences à l’école quand j’étais petite. La boxe m’a permis de me développer et de m’accrocher. Avec un parcours comme le mien, on arrive à quelque chose et c’est cela que je veux transmettre ». Cette intention est celle d’Estelle Stehly, une Franc-comtoise de 27 ans arrivée cet été à Nîmes. Sept fois championne de France de full contact, elle a arrêté la compétition et souhaite désormais s’occuper des autres. En plus de cours aux enfants au Judo club du Gard, elle veut donner de son temps aux femmes victimes de violence avec son projet « Je ne suis plus ton punching-ball ».
Alors rapidement, cette conseillère en gestion de patrimoine sollicite Mylène Mouton, conseillère municipale à Nîmes en charge des droits des femmes, qui décide de la soutenir ainsi que le Centre d’informations des droits des femmes et des familles du Gard (CDIFF 30). Cette association apporte une aide globale aux victimes de violences conjugales sur le plan juridique, psychologique et également sur l’emploi. « C’est intéressant de permettre aussi de se reconstruire par le sport », confie Béatrice Bertrand, directrice du CDIFF 30, qui s’est engagée rapidement aux côtés d’Estelle dans cette initiative.
David Tebib comme parrain
L’instigatrice a souhaité associer un autre acteur à cette opération. « Je cherchais un parrain et quand j’ai tapé des noms de sportifs sur Google, je suis tombée sur David Tebib », précise l’intéressée dont les ateliers sont aussi destinés aux hommes victimes de violences. Le président de l’USAM et de l’association « Tout est toujours possible », a immédiatement accepté. « Dans un sport de combat, tu es seul face à toi-même et c’est le cas de la reconstruction. Au-delà de pouvoir se défendre, elles vont avoir la capacité psychologique de dire stop », explique-t-il souhaitant vouloir faire de la politique de la ville sans avoir un mandat d’élu.
Ce dernier a contribué au financement des gants de boxe et du matériel pour que le projet puisse se concrétiser. Lors du match face à Aix, l’USAM a récolté 300 euros via une tombola pour ce projet. Le CDIFF aussi a mis la main au portefeuille. La Ville met à disposition une salle de la Maison des associations pour un créneau d’une heure et demie chaque samedi matin. Le premier cours de boxe a eu lieu ce samedi matin et c’est avec le sourire qu’Estelle est ressortie de ce premier contact : "Il y a eu beaucoup d’émotions et la personne a pu se confier sur ce qu’elle a vécu. »
"Entre six et huit affaires de violences conjugales chaque jour"
L’apprentissage de la boxe n’est qu’un support. Le véritable intérêt est de permettre à ces femmes de reprendre confiance en elles, d’exprimer des émotions et de s’affirmer. « C’est plus profond que des cours de combat. C’est accepter malheureusement mais surtout dire : maintenant c’est fini !, poursuit la championne de boxe qui mise sur les émotions, on ne peut pas boxer sans histoire. On ne peut pas lâcher un coup de poing s’il n’y a rien derrière. Ça vient des tripes, il y a une rage qui sort. »
Cet engagement répond malheureusement à une réalité sociale, d’autant plus dans le Gard. « Au 30 septembre 2022, on enregistre 30 % d’augmentation du nombre de femmes victimes de violences par rapport à 2021, annonce Béatrice Bertrand avant d’ajouter, au parquet de Nîmes il y a entre six et huit affaires de violences conjugales chaque jour, c’est de la folie ! » En 2022, deux féminicides ont eu lieu dans notre département. Alors chaque action, comme celle d’Estelle, qui permettra à ces femmes de se reconstruire n’est que bénéfique.