Publié il y a 23 h - Mise à jour le 08.10.2024 - Coralie Mollaret - 2 min  - vu 775 fois

EXPRESSO Gestion de Port Camargue : un rapport pointe des dysfonctionnements

Le bateau tangue dans le plus grand port de plaisance d'Europe. Difficultés dans les relations avec les agents, hausse des dépenses, trou dans la trésorerie… Un audit du cabinet Michel Klopfer soulève plusieurs difficultés dans la gestion de la structure. 

À Port Camargue, les bateaux sont-ils en train de prendre l’eau ? En juin, l’arrivée du directeur de cabinet du maire du Grau-du-Roi, Nicolas Nadal, à la tête de la régie autonome, en a surpris plus d’un. Une arrivée pour remplacer le directeur Jean-Romain Brunet, en arrêt maladie... Cet "par intérim" avait de quoi susciter quelques interrogations... Quelques semaines plus tard, les membres du conseil d’administration de la régie ont eu réponse à leurs questions. 

Lors du conseil d'administration du 24 juillet, la direction a présenté un rapport d’analyse financière et de gestion – qu'Objectif Gard a pu consulter -, rédigé par le cabinet indépendant Michel Klopfer. Un cabinet spécialisé dans la gestion des collectivités locales. En 35 pages, il passe au crible les comptes du port de 2019 à 2023. Port Camargue étant le plus grand port d’Europe avec ses 5 000 anneaux dont 2 500 marinas (habitations individuelles, ndlr). 

Peu d'aides de partenaires

D’un budget annuel d’environ 10 M€, le port emploie une quarantaine d’agents. Le président du Conseil d’administration est tout naturellement le maire du Grau-du-Roi, actuellement Robert Crauste. Dans son audit, le cabinet Klopfer souligne que les dépenses, ces deux dernières années, ont évolué plus vite que les recettes : 3,4% en moyenne pour les dépenses annuelles contre 2,2% pour les recettes. Le signe d’une gestion risquée.

L’audit a relevé également que la régie ne bénéficie pas vraiment d’aides issues des partenaires extérieurs. Ses recettes sont exclusivement commerciales (loyers et tarifs). Pourtant, celles-ci permettraient de mettre du beurre dans les épinards, surtout avec l’envolée des dépenses énergétiques. Idem sur les investissements... Là où il est d'usage de se battre pour obtenir quelques crédits, le taux de subvention de 12% reste « modeste et volatile », relève le cabinet. 

17 agents sur 40 aux prud'hommes !

Ce n'est pas tout. Ce manque à gagner n'améliore pas la capacité d'épargne de l'établissement public servant normalement à nourrir une politique ambitieuse d'investissement. Le cabinet a enregistré une baisse de 20% entre 2019 et 2023. En fait, pour ne pas emprunter, l'ancienne direction aurait préféré puiser dans sa trésorerie. Si cette astuce permet de faire baisser la dette (2,09 M€ en 2023), elle met en danger la stabilité financière du port autonome, rendant « l’équilibre budgétaire précaire » et forcément n'accouche pas d'investissements ambitieux. 

La nouvelle direction devra donc faire entrer de l'argent dans les caisses. Le cabinet Michel Klopfer préconise d'aller chercher de nouvelles sources de financement, en allant chercher des partenaires, mais aussi « en mettant en location un maximum d’anneaux ». Sollicité par nos soins, Robert Crauste n'a pas souhaité répondre, indiquant « être au travail sur ces questions ». Enfin, l'apaisement des relations sociales pourrait faire économiser de l'argent à la régie. À ce jour, pas moins de 17 agents (sur les 40 !) sont aux prud'hommes, avec le port autonome. Des litiges qui pourraient coûter cher... À Port Camargue, pour retrouver une mer d'huile, il va falloir surmonter encore quelques remous. 

Coralie Mollaret

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