Publié il y a 1 jour - Mise à jour le 06.01.2025 - Propos recueillis par Louis Valat - 5 min  - vu 638 fois

L'INTERVIEW Pierre Meurin : « Les élus locaux sont parfois frileux à m'associer aux dossiers en raison de mon étiquette RN »

Pierre Meurin

Pierre Meurin, samedi 4 janvier à Alès, pour sa cérémonie de voeux. 

- Louis Valat

Le député de la 4e circonscription a ouvert le bal des vœux. Ce samedi, devant plus de 200 fidèles réunis à l’Espace Cazot d’Alès, Pierre Meurin a dressé un bilan. L’occasion pour Objectif Gard de revenir avec lui sur ses combats politiques, ses projets pour la circonscription et sa vision pour 2026.

Objectif Gard : Que retenez-vous de cette année 2024, ponctuée par trois campagnes électorales successives, dont votre réélection en tant que député de la quatrième circonscription ?

Pierre Meurin : C'était une année à la fois fatigante mais absolument passionnante. Fatigante parce qu'en effet, sur la quatrième circonscription du Gard, j'ai fait trois campagnes électorales entre le mois de mars et celui de juillet. Une campagne particulièrement intéressante : des élections européennes pour dénoncer les impostures d'Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne. Jordan Bardella a réalisé sur la circonscription plus de 43 % des suffrages. Derrière, il y a eu cette campagne électorale pour la municipale partielle de Pont-Saint-Esprit. Une défaite électorale, mais un succès politique tout de même puisque jamais le RN n'avait atteint un tel score : 35 % lors d'une municipale dans cette commune.

« Une année satisfaisante sur le plan local mais avec une déception, celle de ne pas avoir remporté la majorité à l'Assemblée nationale à cause de cette alliance scélérate de désistement entre les deux tours, entre l'extrême gauche et une partie de la droite. »

Pierre Meurin, député de la quatrième circonscription du Gard

Puis est venu le choc de la dissolution de l'Assemblée nationale. Imprévu et regrettable, considérant la situation politique après ces élections. Je n'avais plus accès à mon bureau, mes collaborateurs étaient licenciés, nous avions tout perdu, et il a fallu repartir en campagne, avec les incertitudes qui vont avec. Je suis retourné sur le terrain, cette fois sur tout le territoire de la quatrième circonscription. Dans le contexte d'une belle dynamique pour le Rassemblement national, j'ai été réélu plus largement qu'en 2022. Une année satisfaisante sur le plan local mais avec une déception, celle de ne pas avoir remporté la majorité à l'Assemblée nationale à cause de cette alliance scélérate de désistement entre les deux tours, entre l'extrême gauche et une partie de la droite. Cela n'empêche que c'est positif pour le mouvement, nous sommes passés de 88 députés à 140. Nous avons conclu une alliance avec Éric Ciotti. Les perspectives à moyen terme sont très positives.

Lors de vos vœux, vous avez exprimé un regret en déclarant : « ne pas être toujours associé aux dossiers et aux causes par les élus locaux ». Pouvez-vous préciser le fond de votre pensée ?

C'est toujours pareil, je suis un député d'opposition et du Rassemblement national. De fait, les élus locaux sont parfois frileux à m'associer en raison de cette double casquette. Parce qu'encore aujourd'hui, il y a un sectarisme politique qui est réel, pas forcément de la part de ces élus-là, mais je regrette qu'on ne me propose pas de travailler sur des dossiers locaux d'importance. Mais je vais chercher les informations moi-même, rencontrer les gens... Je suis député de la quatrième circonscription du Gard. Mon étiquette "RN" fait partie de mon identité politique, c'est certain, mais je suis député de la totalité des habitants de la circonscription. Moi, j'échange volontiers avec des élus, qu'ils soient de gauche, communistes, ou qu'ils soient de droite, sans la moindre discrimination, s'ils le souhaitent. Les dossiers locaux ne souffrent pas d'idéologie, en théorie.

En votant la motion de censure qui a conduit à la chute du gouvernement Barnier, ne craignez-vous pas d'avoir alimenté une instabilité politique, comme l'affirment vos opposants et même certains de vos alliés les plus proches ?

En premier lieu, l'instabilité politique, c'est Emmanuel Macron qui en est la source avec la dissolution de l'Assemblée nationale et surtout son comportement depuis sept ans à essorer les Français et les Françaises. Ce n'est pas pour rien qu'il a perdu sa majorité absolue en 2022 et s'est retrouvé avec moins de cent députés dans son groupe Renaissance. Avec cette dissolution, il a violemment fait perdre un certain nombre de ses amis, c'est assez brutal. Et la censure est liée au budget. Il faut rappeler que la motion de censure est déclenchée par le fait que Michel Barnier a utilisé l'article 49.3 de la Constitution. Il a engagé, donc, la responsabilité de son gouvernement sur le budget. Étant donné que le budget ne nous convenait pas à bien des égards — puisqu'il prévoyait 13 milliards de taxes supplémentaires sur les classes moyennes, des taxes aussi absurdes que les malus écologiques sur les voitures d'occasion ou encore le refus d'indexer les retraites sur l'inflation — mécaniquement, cela déclenche une motion de censure. Le 49.3, s'il est institutionnel, la motion de censure l'est tout autant. Il ne faut pas demander au Rassemblement national d'éponger les bêtises d'Emmanuel Macron.

Quelles propositions de loi ou grandes réformes souhaitez-vous porter cette année ?

Très rapidement, je vais commencer par redéposer une proposition de loi pour supprimer les Zones à faibles émissions (l'accès à ces zones est déterminé par les certificats qualité de l'air, plus connus sous le nom de vignette « Crit'Air », NDLR). Celle de Nîmes a été installée au 1er janvier. Les habitants de ma circonscription, pour peu qu'ils travaillent à Nîmes, sont concernés par la ZFE. S'ils ont une vieille bagnole, ils pourraient ne pas avoir le droit de rentrer à Nîmes si elle est non classée. Je continuerai ce combat contre ce dispositif de séparatisme territorial et social à l'égard des Français les plus modestes.

« J'espère une grande loi sur l'immigration pour qu'enfin on mette un terme à ce laxisme migratoire. »

Pierre Meurin, député de la quatrième circonscription du Gard

J'aimerais aussi travailler sur le projet de loi de simplification de la vie économique, qui a été suspendu par la censure. J'espère une grande loi sur l'immigration pour qu'enfin on mette un terme à ce laxisme migratoire. Je souhaite aussi que l'État engage la reconstruction à Mayotte. Quant au budget, on l'attend de pied ferme : on verra si le gouvernement reprend sa copie, et en fonction, on avisera.

Pierre Meurin, député de la 4ᵉ circonscription du Gard, entouré de ses collaborateurs et proches, parmi lesquels Nicolas Meizonnet, député de la 2ᵉ circonscription du département. • Louis Valat
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Votre nom est régulièrement évoqué en vue de 2026. Envisagez-vous une candidature aux municipales à Alès ?

Je vais continuer à réfléchir à la place qui sera la mienne en 2026. Cette place existera, mais pour l'instant, aucune décision n'est prise. Il est difficile de se projeter clairement sur les élections municipales tant que l’éventualité de législatives anticipées demeure. Cela pourrait bouleverser le déroulement des municipales.

« Ma participation pour 2026 aura le mérite d’exister »

Pierre Meurin, député de la quatrième circonscription du Gard

Je ne peux pas encore préciser la place que j’occuperai, mais je serai actif pour monter des projets et m’impliquer dans les municipales à Alès, d’une manière ou d’une autre. Je resterai également engagé dans plusieurs communes où j’ai déjà été impliqué. La forme précise de cet engagement n’est pas encore à l’ordre du jour, mais ma participation pour 2026 aura le mérite d’exister.

Propos recueillis par Louis Valat

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