Accueillis par un couple vauverdois qui leur donne accès à une salle de bain et aux soins essentiels, Gisèle et Alain vivent et dorment dans leur voiture. Elle, 71 ans, belle, solaire. Lui, 74, endurci par les affres de la vie. Les amoureux retraités dorment tous les soirs dans leur voiture, sièges baissés, parmi les sacs contenant leurs quelques biens personnels.

Ouvrier chez Peugeot

Ouvrier dans l'automobile, chez Peugeot, Alain a dû quitter son travail à la suite de soucis de santé. Il terminera sa carrière en tant qu'agent de sécurité et maître-chien à Générac, puis Saint-Gilles, sans réussir à valider les trimestres qu’il a pourtant travaillés... Il perçoit donc une modeste pension pour sa retraite.

Alain rencontre Gisèle dans les années 1990 et ils se marient. Gisèle, à la santé fragile, est victime de crises d’épilepsie depuis l’âge de 13 ans. Elle ne perçoit plus l’allocation liée à son statut d’handicapée à plus de 80 % que lui octroyait la Maison départementale pour les personnes handicapées (MDPH). Le couple survit aujourd'hui avec 1 200 euros par mois. Pas de quoi vivre convenablement, mais mieux que dans une voiture !

Expulsés

Expulsés d’un logement insalubre à Saint-Gilles par un propriétaire peu scrupuleux qui refusait de faire les réparations nécessaires, le couple a commis l’erreur d’arrêter de payer le loyer. Rattrapés par la justice qui leur a donné tort, ils se retrouvent à la rue aujourd’hui après avoir été logés par les services sociaux dans des hôtels, notamment l’hôtel César de Nîmes. Expulsés trois fois parce qu’ils refusaient de payer le loyer d'un logement insalubre, ils ne sont pas en odeur de sainteté auprès des bailleurs sociaux. Les services sociaux ont fait des propositions. « Ils ont voulu nous placer dans un foyer. J’ai pris peur parce que des gens nous ont dit de ne pas aller là-bas, que c’était risqué. Et en plus ils refusaient d’accueillir Elfy, notre petite chienne », explique Alain.

Une place en Ehpad leur a été proposée. Ils l'ont refusée. Les deux amoureux souhaitent rester ensemble avec Elfy, dans un petit appartement. Un dossier de surendettement a été mis en place afin de rembourser leur ancien propriétaire peu regardant sur les conditions de vie de ses locataires. "C'est totalement injuste, il y avait de l'eau partout dans la maison lorsqu'il pleuvait et le toit menaçait de s'écrouler. Nous étions démunis et il avait un bon avocat", lance Gisèle. À bout de force, Alain a fait une tentative de suicide. Mais aujourd'hui, il est déterminé à se battre pour son couple, pour elle.

Ils dorment aujourd'hui dans leur voiture

Le mois dernier, au bout du bout des démarches administratives, refusant que sa femme dorme dans la rue, Alain paye une chambre d’hôtel jusqu’à épuisement de leurs économies. Le couple se retrouve ainsi dans une petite voiture en guise de logement, une Twingo. Toujours à proximité d’un hôtel de police nationale ou d’une gendarmerie afin d'être le plus en sécurité possible. Ils souhaitent rester autour de Vauvert parce que leur adresse postale se situe au centre communal d’action sociale (CCAS) de la commune.

Et puis l’enfant de Gisèle, qu’Alain considérait comme son propre fils, décédé à 24 ans sur la route de Générac, repose au cimetière de Saint-Gilles. Gisèle souhaite rester auprès de lui. Aujourd’hui, les retraités sont à la recherche de solutions, qui ne sont pas légion. Une résidence « autonomie » du côté de Montpellier, peut-être ? Le couple est assisté dans ses démarches administratives notamment par une assistante sociale et une personne du centre social et culturel Espelido de Nîmes. Une cagnotte en ligne a été ouverte ici.