FAIT DU JOUR Réseau d'éducation prioritaire : les enseignants tirent la sonnette d'alarme
Le syndicat d'enseignant FSU appelle à la grève ce jeudi pour dénoncer l'abandon de l'intégration des lycées en zone d'éducation prioritaire, malgré les promesses de 2014.
Refondées en décembre 2014, les zones d'éducation prioritaire, désormais renommées REP (Réseaux d'éducation prioritaire) devaient permettre de classifier par secteur, les collèges et les écoles qui y sont rattachées. Pour qu'un établissement soit ainsi classé REP, ou REP + pour les plus sensibles, quatre critères avaient été établis : le taux d'élèves issus des quartiers défavorisés, le taux de boursiers, le taux de redoublement à l'entrée en 6 ème et le nombre d'élèves domiciliés en zone urbaine sensible. Problème : le calendrier de cette réforme voulue par la ministre de l'éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem ne prévoit aucune intégration des lycées dans cette nouvelle classification. "Les lycées sont totalement oubliés des classement en REP, c'est intolérable" estime Emmanuel Bois, représentant du syndicat FSU.
Pourtant, le programme Eclair dont avait bénéficié notamment le lycée Gaston Darboux, semblait aller sur la bonne voie selon Michel Blanc, enseignant : "Il ne nous convenait pas en l'état, mais ce programme permettait de reconnaitre que nous étions un établissement difficile". Mais la réforme sur les zones d'éducation prioritaire annoncée par la suite n'a pas donné suite pour ces lycées, qui subissent pourtant les mêmes problématiques que les collèges et les écoles. La recteur de l'académie de Montpellier, Armand Le Pellec Muller avait assuré que le cas du lycée Gaston Darboux serait étudié. En vain. "Si on faisait un classement des collèges et lycées les plus touchés, nous serions en quatrième position dans le Gard."
Le collège Diderot devrait fermer ses portes
Des lycées oubliés de la réforme donc, mais des collèges classés en zone d'éducation prioritaire qui attendent toujours les moyens supplémentaires. À Condorcet, la situation préoccupe particulièrement les syndicats d'enseignants. En l'espace de 15 jours, ce sont deux droits de retraits qui ont été enregistrés, avec pas moins de 25 élèves par classe. "On a réellement besoin de moyens, les pouvoirs publics ont désertés le quartier." Selon Emmanuel Bois, une fermeture du collège Diderot est prévue mais pas encore annoncée officiellement. "Plusieurs documents attestent d'une fermeture d'ici 2020, ou peut-être plus tôt". 230 élèves seraient alors reversés dans d'autres établissements, surchargeant encore un peu plus les classes notamment à Capouchiné. Les enseignants avaient été reçu le 21 juin dernier par la recteur. "On nous a dit qu'on était alarmiste. Nous avons plus de 11 % d'élèves boursiers, le collège est entrain de couler" ajoute une enseignante.
Les enseignants s'inquiètent également du niveau des élèves et pointent du doigt le bilan de la réforme deux ans après son application. "C'est du jamais vu. Recopier deux phrases au tableau prend 20 minutes à une classe de 6 ème. Certains ne comprennent rien aux évaluations. Le niveau est alarmant, et ne pas être classé en REP aggrave la situation."
À Nîmes, six collèges sur onze sont inscrits dans le dispositif REP, dont trois en REP+. Un appel à la grève est lancé ce jeudi au niveau national.
Baptiste Manzinali