FAIT DU JOUR Une filière nîmoise de djihadistes en procès à Paris
C’est un procès exceptionnel qui s’ouvre dans tout juste une semaine, le lundi 18 septembre à Paris. Pendant cinq jours le tribunal correctionnel va juger des Gardois, 4 hommes et une femme accusés d’être partis combattre en Syrie sous l’étendard de l’État islamique. Ils sont soupçonnés "d’association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme". La femme, qui a un rôle secondaire, est accusée "de financement d’une entreprise terroriste". On apprend dans l'enquête antiterroriste qu'un réseau d'acheminement de combattants vers la Syrie était organisé depuis Nîmes, par des Nîmois. Un jeune Nîmois se serait même fait exploser en Irak, tandis qu'un autre aurait été tué au combat près de Damas.
C’est le Procureur de Paris, compétent au niveau national pour toutes les affaires de terrorisme, qui initie l’enquête préliminaire le 20 décembre 2012, en saisissant la DCRI (direction centrale du renseignement intérieur). Des investigations « pour association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes concernant une dizaine d’individus originaires de Nîmes qui auraient rejoint depuis 2010, 2011, des groupes jihadistes en Syrie », soupçonnait à l’époque le Parquet de Paris.
Des renseignements de la DCRI vont rapidement confirmer les craintes des magistrats puisque les services spécialisés de police impliquent rapidement "deux individus de Nîmes qui organisent depuis la France, des départs de Nîmois en Syrie." Les deux hommes sont originaires de la ZUP... Anas, sera jugé à Paris à partir de la semaine prochaine, tandis qu'Eddine est lui introuvable depuis des années.
Les deux hommes de 32 et 33 ans sont connus dans la capitale gardoise… En effet, parallèlement à cette affaire de terrorisme, ils sont par ailleurs mis en examen pour le meurtre de Laurent Julien, un jeune homosexuel qui avait disparu pendant la Féria de Pentecôte 2011 et qui avait été tué et enterré dans la garrigue. Les deux complices qui habitaient le même quartier de Pissevin que la victime, ont toujours réfuté leur participation au meurtre... Ils sont par contre régulièrement visés par les juges parisiens comme étant les fers de lance de l’organisation, depuis le Gard, de départs de jeunes vers les zones de combats.
Une affaire exceptionnelle donc, instruite pendant quatre ans par trois juges antiterroristes parisiens. Des magistrats spécialisés qui, tout au long des 51 pages d’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel de Paris, racontent les dessous des départs de combattants vers la Syrie et l’Irak. Pour certains prévenus, qui ont souvent nié les faits, puis qui sont revenus sur leurs déclarations, il s'agissait de départs en Syrie via la Turquie, pour une aide humanitaire.
Une thèse mise à mal par les services antiterroristes. Les magistrats sont en effet parvenus à établir qu’une filière d’acheminement de combattants vers le djihad était organisée à partir de Nîmes et par des Nîmois. Si cinq d’entre eux sont tombés dans les mailles du filet judiciaire et devront répondre de leurs actes devant la juridiction pénale parisienne à partir de la semaine prochaine, d’autres sont introuvables, tués sur les zones de combat ou se sont volontairement donné la mort, à l'instar de ce jeune homme de 29 ans suspecté de s’être fait sauter en Irak lors d’une bataille !
Au total, dans l’ordonnance des juges que nous avons pu consulter, une vingtaine de noms apparaissent. Des habitants des quartiers populaires de Nîmes comme Valdegour ou Pissevin, mais aussi deux jeunes convertis qui vivaient dans le centre-ville de la capitale gardoise ou encore un habitant de Redessan. La femme poursuivie devant la juridiction parisienne aurait un rôle plus secondaire, elle faisait parvenir de l'argent à des proches partis en Syrie. C'est la seule qui soit placée sous contrôle judiciaire dans ce dossier. Elle est renvoyée devant le tribunal pour répondre de financement d'une entreprise terroriste. Les 4 hommes eux sont détenus depuis leurs retours en France en 2014.
Rendez-vous sur @objectifgard ce lundi 11 septembre 2017, à 11h et 15h, pour la suite de nos révélations.
Boris De la Cruz