Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 16.12.2019 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 3718 fois

LE 7H50 de Frédéric Touzellier : « Aujourd’hui, je ne peux pas me taire… »

Frédéric Touzellier, devant la gare de Générac (Photo Anthony Maurin : ObjectifGard)

Au centre, le maire et conseiller régional Les Républicains, Frédéric Touzellier Photo : Coralie Mollaret

Élu délégué aux Ordures ménagères à Nîmes métropole, Frédéric Touzellier a refusé une nouvelle fois de voter son propre budget. Le maire de Générac s’explique. 

Objectif Gard : Vous n’avez pas voté l'exercice de votre propre délégation, début décembre. Pourquoi ? 

Frédéric Touzellier : Ça fait deux ans que je ne prends plus part au vote. Je ne cautionne pas les décisions prises et je m'en suis expliqué lors du conseil communautaire. Pour moi, la baisse et l’uniformisation de la TEOM (Taxe d’enlèvement et de traitement des ordures ménagères) à 10,71% n’équilibre pas mon budget. Il est donc insincère, soyons clair. Le prochain exécutif sera obligé d’augmenter cette taxe, en 2020 ou peut-être en 2021, pour couvrir les dépenses réelles.

Comment ça, le budget n’est pas équilibré ? 

Aujourd’hui, les recettes de la TEOM sont insuffisantes pour couvrir les dépenses. On minimise depuis deux ans les charges à caractère général de la ligne 61, qui portent sur les contrats de prestation de service. On n'inscrit pas la bonne somme ! Le principe de sincérité budgétaire implique d'inscrire une dépense la plus exacte possible. Du coup, on puise dans les excédents pour équilibrer le fonctionnement alors que ces sommes devraient servir à de l'investissement.

Cet excédent (environ 8 M€) correspond au trop-perçu de TEOM reversé illégalement par Nîmes métropole à la ville de Nîmes. Une ville qui avait un taux de TEOM surévalué... 

Avant la prise de compétence en 2011 de la gestion des déchets par l'Agglo, certains budgets étaient en sous-financement et d'autres, en sur-financement. La ville de Nîmes était en sur-financement, comme Bouillargues et Générac. Mais ce n'est pas ça le problème aujourd’hui. Le prévisionnel 2020 ne prend pas en plus certaines dépenses à venir... Notamment le probable dépôt de bilan d’Ecoval pour lequel nous allons devoir rembourser une partie de la dette. Il nous faudra aussi trouver une solution pour traiter les déchets des quatre communes que cette société gère (Bernis, Milhaud, Marguerittes et Caissargues). Cela va nous coûter très cher et alourdir nos dépenses.

On parle dépenses, mais qu’en est-il des recettes ? 

C’est aussi un sujet. Ce budget prévisionnel 2020 tient-il compte des bonnes recettes ? J’attends la réponse car nous savons que les recettes liées au recyclage du papier et du carton subissent un effondrement des cours mondiaux de plus de 50%. 

Quelle serait l’intérêt pour Nîmes métropole et son président Yvan Lachaud de présenter un tel budget ? 

Eux disent que j’ai tort… Je suis prêt à en débattre. Si on avait laissé la TEOM à 11,5 %, ça correspondait à 15 euros de plus à l’année sur la feuille d’impôt. On est dans le symbole. Cette année, il va manquer au minimum 2 M€ pour la gestion de nos déchets et vous verrez, dans quelques mois, il y aura une décision modificative sur ce budget. Être élu, c’est être attentif à la réalité budgétaire. 

L’autre solution serait peut-être de baisser les dépenses. Sur le territoire de Beaucaire Terre d’Argence, il n'y a plus de ramassage à domicile et les administrés amènent eux-mêmes leurs déchets dans des conteneurs...

On peut toujours baisser les dépenses mais le service rendu ne sera plus le même. La collecte est une compétence de proximité très sensible. Dans la TEOM, il faut prendre en compte la conteneurisation, les déchetteries et l’incinération. Donc, la collecte n’est pas le seul levier pour baisser les dépenses. Les élus choisiront leur stratégie pour demain après les élections municipales.

Si vous n’étiez pas d’accord avec ces choix, pourquoi ne pas avoir simplement démissionné ? 

Cette délégation m’a été confiée en 2011 par le maire (Les Républicains) de Nîmes alors président de Nîmes métropole, Jean-Paul Fournier. En 2015, lorsque j’ai été élu conseiller régional, j’ai fait le choix de démissionner de la vice-présidence tout en continuant à être l’élu communautaire délégué à cette compétence. J’ai mené tous les comités de pilotage depuis le début. J’ai mis en place cette délégation. C’est un dossier auquel je suis attaché. J’ai géré avec les maires mais aujourd’hui, je ne peux pas me taire.

Propos recueillis par Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com 

Coralie Mollaret

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio