TOROS Marc Serrano, 20 ans d'alternative et un confinement bien géré
Le Nîmois aurait dû fêter ses 20 ans d'alternative (8 juin 2000) cette année en France comme ailleurs sur la planète taurine. Avec la temporada allégée que l'on s'apprête à vivre, pas facile pour un maestro de rester sur le côté...
L'an passé, le diestro nîmois a réalisé une petite saison. " En Europe, j'ai eu la corrida d'Alès, celle de Madrid et quelques festivals dont celui de Samadet pour terminer l'année. Cet hiver, je ne suis pas allé en Amérique du sud car j'ai subi une intervention chirurgicale " avoue Marc Serrano soulagé que tout se soit bien passé.
Il le fallait impérativement... Mieux vaut tard que jamais mais son corps était meurtri et ses cervicales dangereusement usées. " J'avais trois disques bien abîmés. On m'a dit que si je ne faisais rien je risquais le fauteuil roulant alors en novembre dernier, j'ai été opéré. Maintenant, je revis ! " poursuit le matador.
Une saison quasi blanche ?
Une renaissance qu'il n'a pas encore eu le temps de savourer sur le sable des arènes. En effet, alors que les tentaderos débutaient chez les ganaderos, le confinement a pointé le bout de son nez et la crise aussi. " J'étais chez Victorino, je tientais quand Morenito d'Arles s'est fait prendre... Il était venu avec El Rafi et c'était sur ma vache, ça a été très impressionnant. On peut dire que le début de saison a été difficile ! "
Et pour 2020 ? " Je n'avais rien de prévu car c'était encore un peu tôt dans la saison mais des choses se dessinaient et je voulais fêter mes 20 ans d'alternative. Je voulais aussi retourner à Madrid, aller au Mexique... Bon, pour le Mexique ça peut être encore jouable en fin d'année mais pour le reste en verra bien. " Oui, le Nîmois avait pris son alternative à Nîmes en juin 2000, dans ses arènes. Il est vrai que 2020 est aussi celle des 20 ans d'alternative de Sébastien Castella et que les arènes de Nîmes avaient déjà annoncé un bel hommage pour le Biterrois.
Une temporada 2020 plus que légère... La première moitié est d'ores et déjà amputée en France comme en Espagne et si les Espagnols redémarrent plus tôt, surtout en Andalousie, les Français seront plus tatillons et précautionneux. Une année blanche ? Peut-être pas mais en tout cas elle ne sera pas pleine.
Un confinement espagnol plus dur qu'en France
" J'ai vécu, comme de nombreux matadors de toros, une année sans revêtir mon costume de lumières... C'était trois ans après mon alternative et je n'avais fait que quelques festivals si ma mémoire est bonne ! Mais là, comme ça, c'est une première. L'espoir demeure car en Andalousie les tientas recommencent. Les éleveurs doivent tester pour sélectionner et alléger leur cheptel et ici, c'est la même chose, les tientas devraient reprendre vite " note Marc.
Le plus compliqué, pour de tels êtres, c'est le mental. Machines de guerre quand il s'agit d'aller dans les cornes ou de se rétablir d'une blessure grave, quand on leur interdit le moindre effort, c'est l'enfer de l'impuissance qui surgit. " Au début de la crise sanitaire, nous n'avions aucun repère sur la sortie, aucune date de reprise potentielle. Maintenant ça va mieux car les choses se précisent, le plus difficile à gérer, c'est l'inconnu car comme tout le monde nous n'y étions pas préparés. De plus, j'ai eu de la chance de revenir en France au bon moment car le confinement espagnol était drastique, on ne pouvait même pas courir dans la rue ! J'habite dans un appartement à Madrid et ça a été la ville la plus touchée alors imaginez... "
Toujours là pour filer la main
Physiquement donc, Marc est en pleine possession de ses moyens après son opération et un entretien régulier. Du footing, de la marche, du toreo dans le jardin bien entendu et quelques videos et documentaires pour approfondir savoir et passion. " J'ai regardé quelques courses de ma jeunesse, notamment une novillada sans picador à Nîmes sous la bulle. J'attends aussi un reportage qu'M6 avait fait sur moi le jour de mon alternative ! ".
Marc Serrano donne un coup de main, quand il le peut, à ses collègues de la profession. À Redessan chez Los Espejos, il est allé aidé pour l'intense session de prophylaxie et de vaccination du bétail. " À partir de lundi et pendant la phase de déconfinement, je vais rester en France, jusqu'au début du mois de juin, pour tienter. Avec l'association des matadors de toros français, que nous avons remis au goût du jour, nous allons organiser une tombola en faveur des ganaderos, maintenant, on va attendre que tout redémarre ! " conclut le maestro.
Sa compagne Violette espère de son côté que son homme " pourra vraiment fêter ses 20 ans d'alternative à Nîmes, sa ville et à Madrid, son autre ville ! " Gageons que les empresas (ou plutôt l'empresa) ne fassent pas la sourde oreille...