SAINT-JEAN-DU-GARD La contemplation de Thierry Vezon s'installe à Maison Rouge

Le photographe gardois, qui se partage souvent entre Camargue et Cévennes, expose 31 clichés pris entre Cévennes et causse Méjean jusqu'au 2 novembre. "Au fil des Cévennes", Thierry Vezon livre une exposition esthétique et contemplative, qui passe du fil des vallées à celui du causse Méjean, dans une météo contrastée, quand elle n'est pas enneigée. Un émerveillement pour qui aime les contrastes et l'éclat des paysages cévenols.
C'est une sélection difficile de quinze années de travail que Thierry Vezon donne à voir au musée Maison Rouge, jusqu'au 2 novembre. Trente-et-une photos, magnifiquement mises en valeur, dans l'espace d'exposition temporaire de l'ancienne filature, sans logique de saison ou de continuité géographique, si ce n'est la cohérence du territoire : les vallées cévenoles, réhaussées de trois incartades autour du causse Méjean.
"Des paysages naturels, et certains qui touchent à l'animal et à l'humain", présente Thierry Vezon, qui s'est lancé à titre professionnel dans la photographie nature, en 2008. Mais possédait déjà toute la compétence. Depuis les images de l'ouvrage Gard Sauvage qu'il avait réalisées, le photographe gardois, qui a passé vacances et week-ends d'enfant en Vallée Française, publie très régulièrement son travail aux éditions nîmoises Alcide, principalement sur les Cévennes et la Camargue.
Deux régions aux paysages presque opposés mais "complémentaires" pour Thierry Vezon, qui préfère arpenter les unes mais trouve plus de diversité à photographier l'autre, notamment en raison du foisonnement de la faune des zones humides et du graphisme "de peinture" de certains paysages camarguais. Mais il ne boude pas son plaisir quand se lève le soleil sur les bruyères du plan de Fontmort, les pieds dans la neige de l'Aigoual, ou dans la brume ascendante du gardon de Saint-Jean.
"On ne photographie bien que ce qu'on aime", avoue logiquement Thierry Vezon. Et ce qu'il aime, notamment, ce sont les ciels perturbés, qui répondent aux contrastes du relief. "Les vallées sont presque impossibles à faire sous un ciel bleu, avoue-t-il, en tout cas pour moi". Et, clairement, ce n'est de toute façon pas ce que veut donner Thierry Vezon comme émotion à celui qui voit ses images.
Après la solitude de la photographie, il ne gâche son plaisir à montrer ses clichés, "le travail mis en valeur, c'est extrêmement satisfaisant". Et même à l'exporter : "Au festival international de la photo nature, à Montier-en-Der, en Haute-Marne, j'avais exposé des photos des Cévennes. Une personne du musée de Nancy les a aimées et m'a demandé de venir exposer des photos des Cévennes deux mois chez eux. Et j'ai su, ensuite, que des personnes étaient venues en vacance à cause des photos."
Difficile, en effet, de ne pas ressentir l'envie de s'immerger dans les paysages offerts au regard, même face à un groupe de vautours fauve des gorges de la Jonte, qui vennait de "dépecer deux cadavres de brebis en une heure". Aucune violence ne sort de l'image, uniquement la sérénité des lieux qui entourent ces vautours à l'arrêt, mais suspendus sur la roche. Un peu comme le visiteur sortant de ces images, au bord de la terrase extérieure de Maison Rouge.