Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 02.09.2022 - abdel-samari - 4 min  - vu 8645 fois

L'INTERVIEW Le professeur Pierre Marès : "Je suis prêt à m'engager personnellement pour soutenir Nicolas Best"

Le professeur Pierre Marès Photo AS / Objectif Gard

Le professeur Pierre Marès (Photo AS / Objectif Gard)

Pierre Marès est professeur émérite à la faculté de médecine Montpellier-Nîmes. Spécialiste en gynécologie obstétrique reconnu internationalement, ancien président de la CME (commission médicale d’établissement) du CHU de Nîmes, il a travaillé avec le directeur général, Nicolas Best, mis en cause depuis plusieurs mois à la suite d'un rapport de la chambre régionale des comptes Auvergne-Rhône-Alpes. Il s'exprime à cœur ouvert.

Objectif Gard : Qu'est-ce que vous pouvez nous dire sur votre relation avec Nicolas Best, le directeur général du CHU de Nîmes ?

Pierre Marès : J'ai eu la chance de travailler huit ans avec lui. Quand il était d'abord directeur-adjoint, j'étais à cette époque président de la CME. Nous avons ensemble travaillé à la réorganisation de l'hôpital. Le travail que nous avons fait, main dans la main, avec l'équipe médicale et la direction était en symbiose et en cohérence. Sans lui, on serait mort. Le retour de Nicolas Best ensuite en tant que directeur général ne s'est pas fait au hasard. C'était à notre demande expresse. Toute la communauté médicale s'est battue pour qu'il soit nommé à Nîmes. Vous vous doutez bien que l'on aurait pas fait tout cela s'il était malfaisant comme on essaie de le faire croire...

Dans quel état d'esprit est la communauté médicale de Nîmes aujourd'hui ?

Toute la communauté médicale est avec lui. Vous avez eu la preuve avec l'engagement des médecins de la CME dès le début de l'affaire. On va donc se battre pour lui. M. Best, c'est celui qui a relancé l'hôpital de Nîmes, qui a trouvé les moyens pour avancer les projets. Il a une démarche de chef d'entreprise, c'est peut-être ce qui gène. Moi, je lui suis très reconnaissant car c'est grâce au soutien de la direction générale que nous avons aujourd'hui toutes les disciplines au CHU de Nîmes. On lui reproche ses choix avec une AMO (Assistance à maîtrise d'ouvrage). Mieux vaut choisir une AMO avec qui on est en sécurité sur des projets que de mettre n'importe qui et de n'arriver à aucun résultat.

Le rapport définitif de la chambre régionale des comptes Auvergne-Rhône-Alpes met en exergue des problèmes de gestion des appels d'offre de marché public qui n'ont pas toujours été respectés dans les règles de l'art au CH d'Annecy...

J'ai lu le dossier, il est à charge. M. Best n'a même pas pu répondre aisément. Heureusement, dans vos colonnes, on a enfin entendu le directeur général répondre point par point. Moi, ce que je trouve regrettable dans ce rapport c'est que la magistrate en charge du dossier connaissait quelques acteurs de l'hôpital d'Annecy. Par ailleurs, on impute des choses à Nicolas Best alors que c'est la direction financière qui était concernée. Elles ne relevaient pas de sa gestion en ligne directe. Tout cela, vous le comprenez, porte atteinte à l'image du directeur général et cela pénalise le fonctionnement d'un hôpital.

À aucun moment vous n'avez eu des doutes sur un dossier, un sujet, un projet durant les longues années où vous avez travaillé à ses côtés ?

Je n'ai jamais eu le moindre souci en matière de régularité des dossiers, on organisait tout ensemble, je l'aurais constaté. Je vais vous dire, je l'avais même surnommé "directeur-médecin". Franchement, aucun doute. Tous les dossiers étaient discutés, argumentés, partagés. On a tout choisi ensemble, pour de vrai. Alors quand j'entends qu'on lui reproche des problèmes de favoritisme, les bras m'en tombent. Moi, je soupçonne un règlement de compte dans cette affaire...

Vos mots sont puissants. Avez-vous des preuves sur ce que vous avancez ?

Je suis prêt à m'engager personnellement pour le soutenir. Nicolas Best a toujours fait preuve d'intégrité, toujours dans le souci de l'intérêt général. Il est le directeur général rêvé pour un établissement public. Quelques mois après son arrivée, plus de 200 postes supplémentaires ont été créés. Je vous le dit comme je le pense, il s'agit là d'une cabale montée contre lui. Je vais même plus loin. En tant qu'ancien président de la CME, j'ai pris contact avec le président de la CME d'Annecy, où les griefs sont reprochés à M. Best. Je peux vous dire que les explications n'ont pas été très claires. Je lui ai proposé que l'on puisse se rencontrer à Annecy ou à Nîmes, je n'ai jamais eu de retour. Et je vous passe les rumeurs que certains ont fait courir dans cet établissement au moment où Nicolas Best a été nommé à Nîmes... Tout était faux.

En conclusion, pour vous, Nicolas Best est absolument innocent ?

Pour moi, les accusations sont trop graves. Y'a un loup quelque part. Je pense sincèrement qu'il y a une volonté de nuire délibérément.

Mais pourquoi le parquet national financier s'est-il intéressé alors à ce dossier ? Et l'a même placé en garde à vue...

Il est sorti libre non ? Pour une anomalie sur un marché public, comment on se retrouve avec une perquisition de domicile personnel, de l'hôpital de Nîmes et celui d'Annecy ? Avec 15 officiers de police judiciaire. J'ai quelques cheveux blancs... Des problèmes de marchés publics ce n'est pas d'aujourd'hui, les procédures sont tellement compliquées. Avant on disait : il faut prendre le "moins disant". Aujourd'hui on dit, il faut prendre le mieux disant. La nuance elle est où ? Quand vous êtes à la tête d'un grand établissement de santé, et que vous portez toutes les responsabilités, vous prenez l'opérateur dont vous êtes sûr qu'il assurera la construction jusqu'au bout. Où est le problème ? Et les perdants d'un marché public à plusieurs millions d'euros, vous pensez sérieusement que s'il y avait de quoi contester, ils ne le feraient pas ? Tous auraient porté l'affaire devant les tribunaux pour casser l'attribution des marchés. Étonnamment, dans tous les marchés concernés par cette affaire contre Nicolas Best, aucun concurrent n'a exercé son droit de contestation. Allez comprendre ! Moi, ce que je sais aujourd'hui, c'est que le CHU de Nîmes est devenu le plus grand établissement du couloir rhodanien. Nous avons trouvé notre place. Et c'est grâce à Nicolas Best. C'est pour cela que les accusations, j'ai du mal à y croire. J'ai une énorme confiance en lui, je l'ai vu à l'oeuvre. Et j'espère qu'on le gardera encore très longtemps à la tête de Nîmes et je mettrai toutes mes forces pour cela.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio