ALÈS La Royale : parents et collègues sont venus saluer le directeur d'école Maxime Tatry
Inédite en France, la plainte de l'inspectrice du secteur Alès 1 envers le directeur de l'école Louis-Leprince-Ringuet a provoqué sa demande de rupture conventionnelle. Faute d'éléments, la plainte n'a même pas été instruite, mais Maxime Tatry ne se voyait pas poursuivre face à une hiérarchie solidaire entre elle et qui a refusé tout dialogue (relire ici).
Tour à tour, ils prennent la parole face à celui qui s'efface. Des collègues enseignants - de l'école ou d'autres - et des mères ont tenu à dire leur écoeurement face à la situation, lors d'un goûter pour le départ du directeur et enseignant, Maxime Tatry. "On n'avait aucun souci avec lui, témoignent quatre mères à l'ombre du préau. On a compris pourquoi il demandait à partir. L'accepter, c'est autre chose. C'est totalement injuste."
"Pour le Dasen, le départ de Maxime est un choix personnel, une bagatelle"
Recalé à un entretien pour une connaissance jugée pas assez fine d'Eduscol - le site de ressources pédagogiques du ministère de l'Éducation nationale - malgré ses 16 ans d'expérience, il participe à deux rassemblements déclarés devant l'Inspection académique et à un nouvel entretien avec sa hiérarchie, déroulé sans heurts d'après ses dires. À la suite de la plainte de l'inspectrice, les enquêteurs, après avoir discuté deux heures avec l'intéressé et nettoyé le dossier, n'ont absolument pas trouvé matière à poursuivre, ni même à instruire l'affaire. Ce qui n'a pas empêché le Directeur académique des services de l'Éducation nationale (Dasen), Philippe Maheu, de justifier son inspectrice, quand bien même la justice n'avait pas trouvé matière. Selon l'une des enseignantes présentes, "on a essayé de parler de ça avec le Dasen. Pour lui, le départ de Maxime est un choix personnel, une bagatelle. Or, la violence institutionnelle, de plus en plus de gens la subissent. Il ne faut plus se taire, ne plus se laisser faire."
"Il part la tête haute", poursuivent les mères. "Ça fait 15 ans qu'on le connaît, mon fils a fait toute sa scolarité ici. Nous, on pourrait porter plainte pour les conditions matérielles dans lesquelles nos enfants sont accueillis. L'an prochain, une classe va être dédoublée, le CE1, avec un rideau au milieu pour séparer les groupes. Alors qu'un Escape game de la mairie a été installé dans l'ancien logement de fonction, au lieu de faire une salle de classe."
"Je quitte mais je n'ai pas vraiment le choix, témoigne Maxime Tatry. On est allés jusqu'à me prendre en photo lors des rassemblements devant l'Inspection." Une pièce versée au dossier, alors même que le rassemblement d'une cinquantaine de personnes était déclaré. "Je ne me vois pas continuer à travailler sans problème dans mon métier." Judiciairement, Maxime Tatry a tout de même décidé d'attaquer "au pénal pour dénonciation calomnieuse. Je fais ça parce que je n'ai rien à me reprocher. Dans ce quartier difficile, je me suis investi sans compter mon temps. Je viens de passer une année à trouver une avocate, à passer une audition de deux heures, à attendre plusieurs mois pour un classement sans suite... Si je fais une erreur, désormais, qu'est-ce qui va m'arriver ? Je pars de la moins mauvaise des façons."
"Nous resterons mobilisés tant que ne sera pas reconnue l'injustice dont a souffert notre collègue", clame une professeure dans un discours d'adieu. En attendant la suite, Maxime Tatry sera inscrit à Pôle Emploi en septembre. À l'école Louis-Leprince-Ringuet, en plus du sentiment d'injustice demeurera l'impression de gâchis, "alors que ce sont nos enfants qui nous demandent d'aller à l'école", conclut une mère.
François Desmeures
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