ALÈS Le bracelet anti-rapprochement, nouvelle arme contre les violences faites aux femmes
Le protocole relatif à la mise en place du bracelet anti-rapprochement dans le cadre des violences faites aux femmes a été signé par les autorités ce mercredi au tribunal judiciaire d’Alès. Trois bracelets sont en fonction dès à présent.
Le dispositif est déployé dans toute la France, et donc désormais aussi à Alès. Le principe de ce bracelet anti-rapprochement est simple : « La victime a un boitier de la taille d’un téléphone portable, et l’auteur des faits un bracelet, présente la vice-procureur de la République d’Alès, Nathalie Welte. Ces deux dispositifs, lorsqu’ils se rapprochent à une distance configurée au préalable, vont déclencher une alerte et si nécessaire une intervention des forces de l’ordre. »
Il s’agit d’un dispositif « réservé aux cas les plus graves », note la vice-procureur, qui précise que l’arsenal de lutte contre les violences faites aux femmes comporte déjà l’interdiction de rapprochement classique et le téléphone "grave danger", deux dispositifs qui sont envisagés avant le bracelet. Alès compte déjà six téléphones "grave danger", qui permettent aux victimes de violences de prévenir rapidement les secours.
« Ce nouveau dispositif est complémentaire du téléphone "grave danger" qui a déjà fait ses preuves, sans nul doute le bracelet sera lui aussi très efficace », estime le commissaire de la circonscription d’Alès de la Sécurité publique, Florent Ravel. « Le téléphone nous a permis de déjouer une tentative d’assassinat et l’auteur a été interpellé et lourdement condamné », ajoute le procureur de la République d’Alès, François Schneider, qui voit dans le bracelet un « complément. »
« Une impérieuse nécessité », rajoute le sous-préfet d’Alès, Jean Rampon, qui considère ce dispositif comme un moyen supplémentaire de « soutien aux victimes, qui vivent un véritable traumatisme. » Car avec ce bracelet, la victime n’a rien à faire, à part porter sur elle le boîtier censé alerter les autorités si la mesure anti-rapprochement est violée. « Cela créé une bulle de tranquillité autour de la victime, estime le procureur de la République. Car souvent l’auteur des violences vient rôder devant la maison de la victime, lui crève les pneus, et ce peut être difficile à prouver. Là, clairement, on saura qu’il était là. » Dissuasif.
Les violences conjugales, un tiers des déferrements du tribunal d’Alès
Les modalités du dispositif, comme par exemple la distance ou les différentes exceptions seront fixées par le tribunal ou le juge des libertés et de la détention, et le dispositif ne sera mis en place qu’avec l’accord de la victime. « Nous allons faire de la dentelle », résume Nathalie Welte. Le tout dans le cadre d’une action « volontariste du Gouvernement sur ce sujet », affirme le directeur du Service pénitentiaire d’insertion est de probation Gard Lozère, Pierrick Leneveu, dont le service intervient aussi dans le diagnostic de la récidive des auteurs de violences. Une action volontariste revendiquée également par le François Schneider.
Ce ne sera pas de trop du côté d’Alès, où « les violences conjugales sont bien trop représentées, elles représentaient environ 30 % des déferrements du Tribunal d’Alès en 2020, contre 16 % en 2019, pose le procureur de la République. Ces faits ont nettement augmenté, le premier confinement est passé par là, et depuis septembre ce pourcentage a baissé. » Le nombre d’enquêtes approfondies confiées à l’Agavip, l’Association gardoise d’aide aux victimes d’infractions pénales et de médiations, a lui aussi bondi, passant de 9 en 2019 à 19 en 2020, autre signe de l’augmentation de ces faits sur le ressort du tribunal alésien.
Trois bracelets sont désormais disponibles à Alès, un nombre susceptible d’augmenter si besoin : « Si par malheur les trois bracelets sont rapidement utilisés, nous n’aurons aucune difficulté à en obtenir de nouveau », affirme le procureur Schneider. En attendant, le sous-préfet « forme le vœu que le volume de bracelets sera justement dimensionné. » Personne ne le contredira.
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
Pour mémoire, la ligne d’écoute Violences femmes info est disponible au 3919 du lundi au samedi de 9 heures à 19 heures. L’appel est anonyme et gratuit. Une alerte par SMS peut également être donnée au 114. Par ailleurs, une plateforme de signalement des violences est en place ici, et en cas de danger grave et immédiat, il faut contacter directement la police ou la gendarmerie au 17 ou au 112.