ASSISES Perpétuité et 22 ans de peine de sureté contre l’homme "au profil de tueur en série"
L’avocat général a requis, ce mardi soir, la réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de période de sûreté à l’encontre de Mathieu Danel. Cet homme âgé de 26 ans est jugé devant la cour d'assises du Gard depuis lundi pour l’assassinat de Claire 39 ans, tuée en juin 2018 de 17 coups de dague.
« Vous êtes face à un énorme risque de récidive, vous êtes face au pire risque de crime de sang que je n’ai jamais vu », accable l’avocat général, Stéphane Bertrand. « L’acte qui a été commis n’a plus grand-chose d’humain. Il n’y a du début à la fin aucune parcelle d’humanité dans ce qu’il a fait, estime au début de son réquisitoire le représentant du parquet. C’est un acte totalement gratuit et il cherche son quart d’heure de gloire. »
Le profil d’un tueur en série
Le tueur a décidé, 48 heures après son geste criminel et après avoir abandonné le corps sur la commune de Sommières, de se rendre le 21 juin 2018 au commissariat de Montélimar (Drôme) pour se dénoncer. Il souriait et les policiers pensaient, devant une telle attitude, qu'il inventait cette histoire. Il a alors affirmé devant des forces de l'ordre médusées qu'il avait "des envies de meurtre" depuis quelques temps et qu'il "voulait savoir ce que cela faisait de tuer".
« Je n’avais encore jamais rencontré dans ma carrière quelqu’un qui a tué pour rentrer dans la postérité. Un homme qui n’a qu’une seule envie, laisser une trace. Il veut laisser une œuvre. Il a tué pour laisser à la postérité une œuvre immonde », tranche maître Anthony Chabert, l’avocat de la famille de Claire, cette jeune femme tuée pour rien ou pour assouvir les envies de meurtre d’un tueur.
Claire, elle ne voulait pas mourir
« Claire, elle ne voulait pas mourir. Elle voulait survivre à votre horreur lorsque vous la frappiez d’une force inouïe. Le médecin légiste, le docteur Benslima, l’a affirmé : des os ont craqué alors qu’elle essayait de se protéger », poursuit maître Chabert. "N’oubliez pas Claire », implore l’avocat des parties civiles aux jurés.
Claire, ce 19 juin 2018 avait été prise en auto-stop dans la Drôme avant de manger et de se promener avec son bourreau dans les rues de Sommières. Loin d’imaginer qu’elle était la proie d’un jeune homme enveloppé par des pulsions criminelles. Un peu plus tard dans la soirée, elle a été froidement exécutée dans un champs de Villevieille, lardée de 17 coups de couteau.
"Elle a essayé de se défendre, elle a tout fait pour survivre", a affirmé dans son expertise, le docteur Mounir Benslima qui a relevé six coups portés au niveau d'une main, des gestes d'autodéfense de la malheureuse et une dizaine de coups au niveau de la tête et du cou. Une auto-stoppeuse sans histoire qui venait récupérer sa voiture dans le Gard et qui a supplié son meurtrier de la laisser en vie.
Maître Jérôme Arnal vient de prendre la parole pour défendre cet étrange accusé qui revendique son crime et qui a avoué qu'il pourrait recommencer. "Combien de fois un accusé va être condamné à la peine maximale alors qu'il a décidé de se rendre et que personne n'avait connaissance du crime", souligne l'avocat nîmois avant que l'accusé ne se lève.
"Je sais que j'aurai du être ému par ce que j'ai dit mais ça na pas été le cas. Je n'ai pas tiré une larme, moi aussi je me trouve abject", raconte calmement l'accusé qui n'a pas bronché lorsque l'avocat général a réclamé la peine "d'élimination" à son encontre. " Je ne cherche pas à devenir un tueur en série, j'en ai peut être le potentiel mais je fais tout mon possible pour ne pas le devenir", conclut-il.
Le verdict est tombé à 21h10. Mathieu Danel est reconnu coupable de l'assassinat de Claire, il est donc condamné à la peine maximale. Il a 10 jours pour faire appel.
Boris De la Cruz