Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 29.09.2018 - elodie-boschet - 3 min  - vu 38552 fois

AU PALAIS Calogero fait vivre l’enfer à ses voisins

C'est dans ce hameau d'apparence paisible que Calogero mène la vie dure à ses voisins. Photo Élodie Boschet/Objectif Gard

Au premier abord, ce petit hameau du village de Saint-Julien-les-Rosiers semble paisible. Mais en réalité, un habitant prénommé Calogero* fait vivre l’enfer à ses voisins…

Au bout d’une longue impasse, sur une petite butte qui surplombe la commune, deux jolies maisons se dressent côte-à-côte. Si les extérieurs sont agréables, les relations entre les deux propriétaires le sont beaucoup moins. Il faut dire que Calogero, 67 ans, n’est pas un voisin comme les autres. C’est un casse-pieds, un enquiquineur. À force d’insultes et de provocations, il a déjà réussi à faire fuir ses anciens voisins qui ont vendu leur bien à Alain et Brigitte. Six ans après son installation, le couple exprime son ras-le-bol devant le tribunal correctionnel d’Alès, où Calogero est jugé ce vendredi 28 septembre pour harcèlement.

Insultes, voyeurisme, dénonciations mensongères…

Face aux juges, Calogero fait comme chez lui : il ne se démonte pas. Il est persuadé que plusieurs riverains de son quartier s’adonnent à un travail illégal. Une accusation qu’il est le seul à colporter. Le sexagénaire, bien décidé à dénoncer ces personnes, mène sa propre enquête depuis des années. Les allées et venues des véhicules dans son quartier suffisent à le convaincre qu’un trafic de grande ampleur se joue dans les chemins voisins de son lotissement. Un soir, sûr de son intuition, il décide même de suivre une voisine jusqu’au parking d’une usine avant de la dénoncer aux impôts pour travail dissimulé. Charmant.

Toujours sans la moindre preuve, il prétend que ses voisins les plus proches, Alain et Brigitte, sont propriétaires d’un gîte non déclaré. Pour alimenter sa théorie, le scrupuleux retraité épie tous leurs faits et gestes, note toutes les visites qu’ils reçoivent, relève les plaques d’immatriculation des véhicules qui stationnent devant chez eux… Et quand notre Calogero national trouve qu’il y a trop de monde dans l’impasse, il ordonne à ses voisins de louer la salle des fêtes du village ! On vous passe les insultes et les gestes obscènes proférés à la moindre occasion.

Calogero : « C’est un ramassis de mensonges ! »

Très courroucé, Calogero crie au complot et ressasse son couplet: « C’est un ramassis de mensonges. Les voisins ont mis en place tout ça avec l’aide du maire pour masquer leur trafic et me faire expulser ! » Lorsque la présidente de l’audience suggère au prévenu qu’il s’est peut-être trompé, Calogero campe sur ses positions : « Non, pas du tout ! Vous savez, j’ai une grande expérience du travail au noir car j’étais chef de chantier dans le bâtiment (…) Mais peu importe leurs magouilles, moi, ce qui me dérange, c’est les nuisances ! Jusqu’à une heure du matin, monsieur et madame organisent des concours de natation dans leur piscine ! », vocifère-t-il.

Sur les bancs de la salle d’audience, Alain et Brigitte sont abasourdis. « Nous, on aspire juste au calme », déclare l’épouse, tandis que son mari dit avoir « peur pour sa vie », et d’autant plus depuis qu'il sait que Calogero détient une arme. « On nous conseille de déménager, mais je considère que ce n’est pas à nous de partir… Et puis j’ai fait beaucoup de travaux dans cette maison », dit-il dans un murmure.

Mais Calogero persiste et signe. « Je suis tout à fait normal. On sait ce qu’ils cachent depuis des années », conclut-il mystérieusement. Il sera condamné à six mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve pendant dix-huit mois assorti d'une obligation d’indemniser les victimes,d'une interdiction d’entrer en contact avec elles et de détenir une arme pendant trois ans. Il lui reste toujours la chanson...

Élodie Boschet

*homonyme d'un célèbre chanteur

Elodie Boschet

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio