Publié il y a 8 jours - Mise à jour le 09.04.2025 - Propos recueillis par Sacha Virga - 4 min  - vu 3894 fois

L'INTERVIEW Corentin Carpentier : "J'avais envie de me lancer d'autres challenges"

Corentin Carpentier Les Enfants Denîm

Corentin Carpentier va céder Les Enfants Denîm

- Sacha Virga

C'est désormais acté, le patron des Enfants Denîm Corentin Carpentier cède son enseigne rue Fresque aux frères Capelli, possédant un étal dans les Halles de Nîmes. Il raconte, non sans émotion, cette aventure incroyable.

Objectif Gard : Vous cédez Les Enfants Denîm après plusieurs années de bons et loyaux services, pourquoi ce choix ?

Corentin Carpentier : Au bout de six ans d'activité, je suis fatigué. C'est un rythme intense, le travail de nuit, c'est rentrer chez soi tous les soirs vers 2 ou 3h du matin. Il y a eu aussi le Covid à gérer au milieu, qui n'a pas été facile physiquement et psychologiquement. C'est un challenge que je m'étais fixé dans tous les cas, tenir cette affaire sur cinq à sept ans. Au bout de six ans, j'avais envie de me lancer d'autres challenges différents, d'une autre manière. Il était temps pour moi de céder Les Enfants Denîm, en sachant que je ne voulais pas le céder à tout prix. J'ai aussi fait attention à le céder aux bonnes personnes. Les frères Capelli ont la philosophie pour pouvoir maintenir ce lieu comme il l'a été, avec des changements. Ils sont plus jeunes que moi, donc ils vont apporter une autre vision.

Comment se passe cette transition ?

Très bien. Je souhaitais vraiment la mettre en place dans le sens où je ne voulais pas disparaître du jour au lendemain, sans avoir transmis un minimum la façon dont on fonctionne, dont j'accueille les clients et dont on travaille les produits depuis six ans. Ça fait bien un mois et demi qu'on est très régulièrement en services partagés avec les deux repreneurs, avec le but qu'ils s'approprient pleinement le concept et la manière dont on a travaillé. Qu'ils puissent rencontrer mes producteurs, mes vignerons, mes clients. Pour que cette transition se fasse dans la douceur et dans une logique presque de continuité. Je m'en vais, certes, mais le lieu perdure.

Qu'est-ce qui vous avait poussé à l'époque à ouvrir ce concept ?

J'avais décidé de plaquer ma vie d'avant pour ouvrir un lieu festif et gourmand, dans la rue Fresque. Je me suis tenu à quelques impératifs qui étaient déjà de pouvoir être un lieu accessible à toutes et tous. C'est-à-dire que peu importe votre origine sociale, votre budget, vos opinions, votre façon de vous habiller, vous étiez bienvenue. Derrière, j'ai voulu y appliquer quelque chose qui, à mon sens, n'existait pas à Nîmes. C'est un concept un peu hybride entre un restaurant et un bar festif. On a réussi à créer quelque chose à la fois sur une fibre très locale où les gens ont pu découvrir une carte 100% axée sur les producteurs locaux, que ce soit sur le vin, les tapas, la bière, le cidre, à des prix plus que raisonnables. En plus de ça, un lieu où une fois que tu as fini de manger, tu peux te lever de ta table et danser. Ça, c'est quelque chose qui manquait clairement à Nîmes, un lieu comme ça. On dansait à la Cave d'Arthur, on dansait au 421, mais il n'y avait pas ce côté resto avant. Et pouvoir avoir une clientèle de 18 à 70 ans, c'est une fierté.

"Les Enfants Denîm" de Corentin Carpentier, toujours aussi bien rempli et apprécié (Photo : Sacha Virga)

Y a-t-il une anecdote qui vous a marqué particulièrement sur ces six ans ?

Ce qui m'a le plus soudé avec ma clientèle et qui m'a permis de créer de belles amitiés, qui vont à mon avis perdurer après Les Enfants Denîm, ça a été le Covid. J'ai été un des premiers à lancer du emporter. En faisant ça depuis Les Enfants Denîm, j'ai gardé le contact avec mes clients pendant presque six mois de fermeture en tout. Je me suis rendu compte de la fidélité et de l'attachement de mes clients. On a passé de vrais moments... Quand je livrais les gens, on prenait des nouvelles, on discutait, on échangeait, on a créé des liens. Les gens, quand ils venaient au bar, ils ne récupéraient pas que leurs commandes. Il y avait ce lien qui a permis de renforcer un peu ce côté grande famille, où on est un peu comme à la maison.

Quelle sera la suite pour vous ?

Cet été, à l'Enclos à Collias, je m'associe avec le chef Marc Foucher. On va rouvrir ce lieu mythique. C'était potentiellement la dernière saison l'été dernier. Finalement, l'expropriation a pris un peu plus de temps que prévu. On a la possibilité de faire une saison supplémentaire, donc on va essayer de maintenir la belle dynamique qui a eu l'année dernière sur le lieu. En parallèle, je suis toujours à la recherche d'un nouveau lieu en centre-ville. J'ai plein d'idées dans la tête, des projets à mener à bien, au service toujours de ma ville. Maintenant, ces idées-là, elles aboutiront plus tard. Je préfère les garder pour le moment secrètes, mais en tout cas, tout est prêt.

Plutôt restaurant ou bar ?

Ce sera un autre concept, une autre façon de voir la convivialité et la restauration. Ce qui est sûr, c'est que oui, je ne monterai plus d'affaires où on danse la nuit. Mais j'ai des idées qui permettront d'apporter à la ville de Nîmes des concepts qui n'existent pas aujourd'hui et que j'espère mettre en place à l'horizon 2025 ou 2026.

Un dernier mot ?

Je voudrais dire aux clients de faire confiance aux repreneurs pour continuer à faire vivre Les Enfants Denîm, parce que c'est une affaire qui mérite de continuer de vivre. Je passe la main, mais j'ai toujours été dans une volonté de transmission et je transmets à des gens qui, à mon sens, sont capables de faire vivre l'esprit du lieu. Je sais qu'ils vont mettre du cœur à l'ouvrage et, je l'espère, autant d'énergie et de passion que ce que j'ai mis pendant six ans.

Propos recueillis par Sacha Virga

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