Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 19.05.2021 - thierry-allard - 5 min  - vu 1241 fois

FAIT DU JOUR Jour de réouverture pour les boutiques, bars et restaurants : « Les gens vont revenir »

Le d'Artagnan, à Alès, a dû créer une terrasses pour rouvrir (Photo : Corentin Migoule / Objectif Gard)

Anissa, la responsable de la boutique Bocage à Nîmes (photo Norman Jardin)

C’est le grand jour ! Après de longues semaines de fermeture, les lieux culturels, de restauration et commerces considérés comme ''non essentiels'' peuvent enfin rouvrir leurs portes et retrouver leurs clients ce mercredi. 

Objectif Gard est allé, à quelques heures de la réouverture, prendre la température sur tout le territoire gardois, chez ces acteurs de notre vie quotidienne enfin déconfinés. Tous se disent motivés et espèrent une seule chose : un retour à la vie d’avant, et tourner la page définitivement de la crise sanitaire et de ses conséquences. 

« Je suis ravie de reprendre, j’en avais ras-le-bol ! », lance Florence Meseguer, gérante des boutiques de vêtements Jorice et Chantal boutique, dans le centre-ville de Bagnols. Impatiente de rouvrir, on s’en doute bien, après un mois et demi de fermeture pour cause de confinement. Alors ces derniers jours, elle est « venue faire le ménage, mettre tout au propre », comme nombre de ses confrères et consœurs de la rue de la République, la principale artère commerçante de la troisième ville du Gard.

Florence Meseguer tient la boutique Jorice, rue de la République à Bagnols (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Anissa, responsable de la boutique Bocage (chaussures et accessoires), rue de l’Aspic à Nîmes, n’est pas restée chez elle à se tourner les pouces pendant ce confinement. « Je suis revenue régulièrement dans la boutique pour réceptionner de la marchandise envoyée par le siège, explique-t-elle. On renvoyait la collection d’hiver et on réceptionnait celle d’été. »

Avec un manque, « le contact avec les clientes ». Alors cette réouverture, c’est un soulagement pour une profession durement touchée par les fermetures. « Je pense que nous sommes un peu passés à travers de la saison d’été car les clients ont déjà beaucoup acheté sur Internet », craint Thomas, gérant de la friperie Bon Jour, rue des Lombards à Nîmes, qui estime avoir perdu 40 000 euros depuis le début de la crise. 

« Nous allons avoir du monde car les gens sont frustrés »

« Pour nous ça a été dur, surtout en plein cœur de collection. Heureusement que j’ai été très prudente dans mes achats, je n’ai pas trop de stock », abonde Florence Meseguer, tout en rappelant que les aides vont compenser bon an mal an la perte causée par ces stocks. Chez Bocage, on mise sur des promotions, avec « des offres éphémères sur certains produits de la nouvelles collections -20% à -50% », explique la gérante. Car si tous espèrent que les clients seront au rendez-vous, autant mettre toutes les chances de son côté.

« On s’attend à avoir du monde pour la réouverture, pronostique Anissa. Il y a des gens qui passent devant la boutique et qui nous posent des questions sur la réouverture. » « Je suis sereine, je pense que nous allons avoir du monde car les gens sont frustrés », ajoute Florence Meseguer, qui veut croire que cette réouverture verra affluer des clients sevrés de vêtements neufs, à quelques encablures de l’été. Le gérant de la friperie nîmoise est quant à lui plus réservé et « espère avoir du monde car nous sommes indépendants et nous n’avons pas de revenu quand le magasin est fermé ». 

Les restaurants s'adaptent

Reste à gérer le flux de clientèle. Si sur ce point, Florence Meseguer se dit « un peu stressée », Anissa de la boutique Bocage, à Nîmes, redoute cet aspect : « On limitera à huit clients. On a l’impression de faire la police car certains prennent mal car on leur demande de mettre le masque. » Son confrère de la friperie va plus loin, et lâche que « nous mettons en place les mesures sanitaires mais personne ne les respecte ». Il faudra être vigilant sur ce point toutefois.

Thomas, le gérant de la friperie Bon Jour à Nîmes(photo Norman Jardin)

Ce sera aussi le cas dans les bars et les restaurants, qui ne pourront rouvrir qu’en terrasse. D’ailleurs, certains ont dû faire preuve d’ingéniosité, comme la brasserie le d’Artagnan, implantée dans le centre commercial des Allemandes, à Alès. Le d'Artagnan ne devrait en théorie pas pouvoir rouvrir le 19 mai.

Mais c'était sans compter sur la créativité et l'abnégation de ses deux cogérantes. « N'ayant pas de terrasse en extérieur, j'ai tout de suite contacté la direction du supermarché et la mairie d'Alès pour avoir l'autorisation d'en créer une », développe Soraya Messeleka, cogérante de la brasserie. Autorisation en poche, la jeune femme s'est donc attelée à la recherche de paillotes, avant d'être rapidement rebutée par le prix à quatre chiffres des structures. 

La générosité de Jean-François Couderc et de son fils, Théo, propriétaires de la pépinière Niel à Saint-Christol-lez-Alès, est donc entrée en action. Ces derniers ont prêté deux de leurs paillotes qui trônent désormais à l'entrée de la galerie marchande dans l'attente de clients ce midi. « C'est un acte de solidarité envers les restaurateurs aux terrasses intérieures », apprécie la cogérante, qui a « un peu l’impression d’être à Bali ». Sur un espace de 75 m2 abrité, une soixantaine de clients en mode distancié pourront être accueillis. À l’aube d’une réouverture tant attendue, le carnet de réservations affiche déjà complet. Dans quelques heures, Max Roustan, maire d’Alès, devrait lui-même couper le ruban d’inauguration de cette nouvelle structure.

D’autres prennent un peu leur temps et ne rouvriront pas tout de suite. C’est le cas du restaurant Les Terrasses, au Pont du Gard, qui rouvrira ce vendredi. « Au départ, on pensait rouvrir le 1er juin puis on a découvert le protocole imposé par le Gouvernement qui est beaucoup plus souple que ce qu'on attendait, explique Manon Heyberger, directrice des Terrasses. On a décidé d'ouvrir plus tôt, on a vraiment envie de participer à cette redynamisation économique. » La terrasse qui donne son nom à l’établissement a été « réaménagée pour avoir une capacité de 120 places, avec au moins un mètre de distance entre chaque table », note la directrice. Dans un premier temps, le restaurant ne rouvrira qu’à midi, couvre-feu oblige.

Manon Heyberger, directrice des Terrasses, au Pont du Gard (Photo : Marie Meunier / Objectif Gard)

Reste qu’après une si longue fermeture, le problème numéro un aujourd’hui concerne le recrutement. Le restaurant compte 11 CDI, mais monte jusqu’à 50 collaborateurs l’été. « On connaît aujourd'hui un gros souci de recrutement, affirme Manon Heyberger. Beaucoup de personnes ont profité du confinement pour se reconvertir. Certains se sont rendus compte que c'était sympa de ne pas travailler tard le soir et en ont profité pour partir vers une autre voie. À cela s'ajoute le problème des employeurs qui profitent de la crise pour proposer des salaires au plus bas aux candidats. » Pas de quoi grever la motivation de l’équipe à reprendre le chemin du restaurant. 

Plus de films que d’habitude au cinéma

Il est un autre secteur qui reprend ce mercredi : les cinémas. Ici, pas question de terrasse, alors on s’adapte. « On ouvre à 35% de nos capacités avec quatre séances par jour : celle du matin, autour de 10h45, celle de 13h-14h, de 15-16h et de 18-19h. En raison du couvre-feu à 21h, la règle est que le film soit fini à 20h30-20h45 grand maximum pour permettre aux gens de rentrer chez eux », présente Philippe Mercier, directeur du Cinéplanet, à Alès. Pour compenser quelque peu les semaines de fermeture, le cinéma programme 18 films, soit plus que d’habitude, et ouvre ses huit salles.

Philippe Mercier, le directeur du Cinéplanet Alès. Photo d'archives Tony Duret / Objectif Gard

Le protocole sanitaire reste le même que l’an dernier. « Il y aura une distanciation physique aussi bien dans le hall que dans les salles, avec du gel hydroalcoolique à disposition, précise Philippe Mercier. En revanche, il ne sera pas possible de manger les confiseries (pop corn, glaces, Ndlr) dans la salle. » Mais que les gourmands se rassurent, « l’espace confiserie reste ouvert pour ceux qui veulent manger en attendant leur séance ou en sortant », glisse le directeur. 

Au cinéma aussi, comme chez les commerçants et les restaurants, on n’est « pas inquiet pour la fréquentation, les gens vont revenir, veut croire le directeur. Surtout qu’on a de belles sorties comme Adieu les cons, ADN de Maïwenn ou encore Drunk qui a reçu un Oscar. » Sans doute plus qu’il n’en faut pour redonner le goût des salles obscures à un public trop longtemps sevré. 

Norman Jardin (à Nîmes), Tony Duret et Corentin Migoule (à Alès), Marie Meunier (au Pont du Gard) et Thierry Allard (à Bagnols)

Thierry Allard

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