FAIT DU JOUR La grippe, bientôt un mauvais souvenir ?
Le pic de l’épidémie de grippe est en phase d’être passé, rappelait encore hier la ministre de la santé Marisol Touraine. La situation devrait donc s’améliorer dans les semaines à venir. En attendant, les hôpitaux sont encore sous tension, comme à Alès où les équipes soignantes gèrent la crise comme elle vient.
Emmitouflée dans son écharpe, une femme, la cinquantaine, vient de pousser la porte des urgences de l’hôpital d’Alès. Accompagnée d’un proche, elle attend son tour au bureau d’accueil. Au bout de quelques minutes, l’infirmière, protégée derrière une vitre, l’interroge : « Quels sont vos symptômes ? ». La voix enrouée, le teint pâle, la quinquagénaire répond « avoir mal partout ». Courbatures, fièvre, maux de tête, épuisement : le diagnostic ne fait presque aucun doute.
Comme de nombreuses personnes à Alès, cette dame n’a eu d’autres choix que de se présenter aux urgences pour être soignée. « Je voulais aller chez mon médecin traitant mais il ne peut pas me prendre. J’ai appelé d’autres docteurs, mais ils sont tous surchargés ! », explique-t-elle, désespérée, à l’infirmière. Les urgences alésiennes, elles aussi, sont encombrées. Mais cette nouvelle patiente sera, quoi qu’il en soit, prise en charge dans la journée.
Un mois sous tension
Depuis le 15 décembre, l’hôpital d’Alès s’est déclaré « sous tension ». Un dispositif qui permet d’optimiser la gestion des lits, de rappeler du personnel en repos et de reporter des hospitalisations non urgentes. « Nous en avons déprogrammé certaines, celles qui pouvaient l’être », précise Anne-Marie Hillaire, cadre sup du Pôle Urgences. De plus, les équipes ont été renforcées et environ dix lits ont été rajoutés dans les différents services.
Mais cela ne suffit pas à accueillir l’ensemble des malades. En quelques semaines, la fréquentation des urgences est passée d’une moyenne de 112 personnes par jour à environ 150, voire 160. Mardi dernier, sur 146 passages, 40 personnes ont été hospitalisées. Dans le cas de la grippe, les enfants et les personnes âgées restent les publics les plus fragiles.
« La grippe associée à d’autres pathologies peut entraîner des complications, comme des surinfections pulmonaires. Pour les personnes âgées, le maintien à domicile est difficile », indique le docteur Guaizi, médecin chef du Pôle Urgences. A défaut de place, les patients sont donc transférés, après auscultation, à l’hôpital de Ponteils ou à la clinique Bonnefon d’Alès.
« C’est tendu, mais on n’est pas débordé »
Cette situation de crise, les équipes soignantes y sont confrontées tous les ans. « Nous avons toujours plus de malades en décembre et en janvier, confirme le médecin chef des Urgences, sauf que cette année, le chiffre est en nette augmentation et la grippe est plus virulente ». Pour autant, selon lui, il n’y a pas plus de décès liés à la grippe que les années précédentes.
Malgré la tension qui plane sur l’ensemble des hôpitaux français, le personnel alésien ne semble pas être complètement dépassé par les événements. « C’est tendu, mais c’est géré. On n’est pas débordé », assure Anne-Marie Hillaire. Les professionnels de santé devraient l’être encore moins dans les semaines à venir. Ils ressentent déjà les premiers effets de la décrue du virus.
Bagnols «un peu moins touchée »
Du côté de Bagnols, « paradoxalement, on est un peu moins touchés par l’épidémie de grippe, note le directeur des soins du centre hospitalier Jacques Richard. On a des cas, mais on arrive à juguler en interne. » Si le centre hospitalier bagnolais a connu « une épidémie plus importante entre Noël et le jour de l’an », relate Jacques Richard, rien de très significatif non plus, et dans les deux cas, « on n’a pas fait de rappel de personnel, ni déclenché le plan blanc. » Pour autant, Jacques Richard admet « toucher du bois », car si la situation n’est « pas dramatique, elle reste tendue. » Et si en 2016, « on n’avait pratiquement pas eu de cas », se souvient-il, cette épidémie millésime 2017 lui fait penser à celle de 2015, « où on avait eu presque une pandémie. La différence, c’est que là, l’épidémie a démarré plus tôt. » Et ce n’est en aucun cas une garantie qu’elle finira plus tôt.
Bagnols serait donc moins touchée par la grippe, mais pas épargnée par les épidémies hivernales pour autant : « que ce soit au niveau des patients comme du personnel, on a été plus perturbés par l’épidémie de gastro-entérite », note le directeur des soins.
Elodie Boschet (avec Thierry Allard)