FAIT DU JOUR L'Alphonse de...Daudet : la face cachée de la Une !
Invité par la rédaction de l'Alphonse, Objectif Gard est allé à sa rencontre. L'occasion de voir comment la petite troupe se débrouille pour remplir la trentaine de pages de son opuscule mensuel. Immersion en conférence de rédaction...
Le rite est immuable. Une fois par mois, ils se retrouvent dans une salle du lycée aimablement mise à leur disposition. Organisé comme des professionnels et encadré par trois rédacteurs en chef (pas moins !), Jeanne Meyer, Léo Rump et Augustin Rigollot, le gros de la troupe débute un intense brain-storming pour proposer des sujets pour le prochain numéro. La plupart concernent l'actualité du lycée vue, revue et commentée par nos jeunes reporters, dont, à vue de nez, la moyenne d'âge ne doit pas excéder 17 ans.
Ce jour là, on prépare l'édition de...février-mars. "Quand il y a des vacances, on décale. C'est pour ça que ce numéro couvrira deux mois", justifie le volubile Léo Rump. Et les idées fusent de tous les côtés. Au tableau noir, le préposé à la collecte des sujets griffonne à toute vitesse sur un très virtuel "chemin de fer" (*) ce que sera le contenu du prochain opus. Et il y a du lourd ! Les fidèles lecteurs ont déjà eu droit en décembre à un papier sur le thème de l'écologie et à un autre sur le siècle des Lumières, au sens philosophique. Celui de janvier portait sur l'Éducation sous toutes ses formes, déroulait une interview avec le peintre nîmois de renommée internationale, Claude Viallat, s'attaquait à la découverte de poèmes en langues étrangères, et s'intéressait à la réforme du Baccalauréat, à la place de la femme dans la société. Et même au gangster américain "scrarface" Al Capone !
Un vrai faux horoscope !
En feuilletant l'Alphonse, comme dans un journal lambda, on retrouve des rubriques récurrentes : le Poetry corner (entendez le coin de la poésie), Ça bouge à Daudet, la chasse gardée de Théo Castano, le président de la Maison des lycéens, une critique littéraire, la play-list du mois, l'Alphonse illustre, qui met à l'honneur tous les Alphonse plus ou moins célèbres, mais aussi une recette de cuisine, le pré carré de la "rédac' chef", Jeanne Meyer, Parole de lycéen, la Minute des sciences, le Coin philo et un inventif horoscope totalement farfelu mais plus vrai que nature, tout droit sorti de l'imagination fertile de la spécialiste maison, Thelma.
D'autant plus méritoire que la joyeuse bande ne possède aucune expérience du journalisme et qu'à l'exception d'une des membres qui la compose, Leny, personne ne songe à embrasser éventuellement la carrière. "On connaît les rudiments de la mise en page et la manière d'établir un chemin de fer, mais c'est tout. Pour la rédaction, on ne se met pas de frein, on est libre !", rapporte un rédacteur.
Plutôt bien torché, comme on dit dans le jargon journalistique, le fanzine n'a rien à envier à une publication traditionnelle. Aéré et parfois...aérien, mais quoi qu'il en soit parfaitement documenté, cet Alphonse ne manque pas d'humour et emprunte plus à Alphonse Allais qu'à son confrère Daudet ! Dans un "flash info", sous la plume de Tristan, on apprend que la queue à la cantine a fait 6 morts et 13 blessés ou que le Bac sera remplacé l'an prochain par une partie de cache-cache...
Une fois achevé le tour de table et la fertile partie de "remue-méninges", les rédacteurs en chef distribuent les sujets aux scribes. Idem pour les dessinateurs qui choisiront d'illustrer ce qui les inspire le plus. Mais aucun ne sera de trop quand il va s'agir de remplir la trentaine de page, publiées à 400 exemplaires, et d'envisager le choix de la première de couverture, imprimée en couleur ou en noir et blanc, c'est selon... "Chacun écrit de son côté et ensuite tout est regroupé avant la mise en page", m’explique un des contributeurs. "Nous utilisons un logiciel Adobe in design. Tout est imprimé gratuitement au lycée sauf la couverture que nous confions à un imprimeur. Nous disposons d'un budget de 6 à 700 euros."
Pour la relecture et les corrections, ce sont Mimosa, Augustin, Antoine, Maud mais aussi...papa et maman qui seront sollicités. Ne restera plus qu'à organiser la distribution : "En quelques heures, il n'y en a plus ! Tout est distribué dans la journée", assure collégialement la grande famille d'Alphonse. La Doxa, l'autre publication du lycée, n'a qu'à bien se tenir... D'ailleurs, chez les Alphonse, "on ne la lit pas !" À Daudet comme dans la vraie presse, la bataille de la concurrence fait rage...
Philippe GAVILLET de PENEY
philippe@objectifgard.com
*Le chemin de fer est, pour le journaliste de la presse écrite, la représentation visuelle, sous forme de bande dessinée, sur papier, sur écran, ou projetée comme un film sur un mur, de ce que le journal contiendra, page par page, quand il sera terminé.
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