FAIT DU JOUR Le sucre de raisin, nouvel ami des diabétiques
« On a l’indice glycémique le plus bas du marché » : si cette phrase prononcée par le Bagnolais Samuel Marc, associé et gérant actionnaire de la marque Délisucré, ne vous dit rien, c’est que vous n’êtes pas diabétique.
La glycémie, c’est le taux de glucose dans le sang. Il est régulé par un système où l’insuline joue un rôle central. Le diabète est un dysfonctionnement de ce système, et en une hyperglycémie chronique. C’est à dire un taux de glycémie trop élevé, dont les conséquences peuvent s’avérer graves (voir plus bas).
L’indice glycémique « le plus faible au monde »
Pour un diabétique, mieux vaut donc éviter les apports trop importants en glycémie, donc en premier chef le sucre, et opter pour des substituts. « Nous sommes sur ce marché, explique Samuel Marc. Il y a le fructose, la stévia, les édulcorants et le sirop d’agave. Nous on fait pareil en mieux ! »
Si le Bagnolais est si sûr de lui, c’est qu’il affirme que Délisucré, créé à Besançon par les frères Hakkar auxquels il s’est associé, a des arguments à faire valoir. « Le sirop d’agave a un arrière-goût et ne résiste pas à la cuisson. Le sucre de raisin a un pouvoir sucrant supérieur, deux fois supérieur à celui du sucre blanc, et au contact d’un aliment n’a qu’un goût sucré. Il peut également remplacer le sucre dans tous ses usages, il résiste à la cuisson, peut caraméliser et on peut faire des gâteaux avec. » Le tout avec un taux de glycémie au ras des pâquerettes, à 11,9 grammes, « le plus faible au monde, six fois inférieur à celui du sucre blanc, sachant qu’on en met deux fois moins pour sucrer », avance Samuel Marc.
Un produit basé sur des raisins bio français, « un aspect primordial » pour l’entrepreneur. Du raisin de table de Bordeaux, « car c’est le plus sucré », précise Samuel Marc. Et il ne s’agit pas de simple jus de raisin : « le fruit est déstructuré pour avoir un taux de glycémie le plus faible possible, c’est un procédé long et breveté par l’usine avec laquelle on travaille ».L’usine de transformation du produit est basée à Nîmes.
De grandes ambitions
De quoi au moins éveiller la curiosité. Les jeunes entrepreneurs ont participé au SIAL, la grand-messe de l’agroalimentaire, à Paris en octobre dernier, « on fait partie des 50 produits les plus innovants du salon, ce qui a une valeur énorme sur le marché », se félicite Samuel Marc. Au cours du salon, des contacts ont été pris avec des géants du secteur mais aussi ceux de la distribution, dans le but, entre autres « de trouver ce produit en grandes et moyennes surfaces pour le démocratiser, les négociations sont en cours. »
La jeune entreprise a des ambitions : « viser les marchés Français, européen, de l’Asie du nord-est, l’Amérique du Nord et l’Australie » avec ce produit. Et de conquérir les marchés du Moyen-Orient, Singapour, la Malaisie ou encore la Chine avec du sirop de dattes, un autre produit aux propriétés voisines. L’objectif pour 2017, concernant le sucre de raisin est de « lancer le produit en France avant de le développer en Allemagne, en Suisse et en Angleterre et de participer à des salons aux Etats-Unis, au Canada et en Australie », planifie le jeune Bagnolais de 21 ans.
Il reste une question essentielle : le prix de vente. « On veut qu’il soit aux alentours de 4 euros les 330 grammes, compétitif par rapport au miel et aux substituts au sucre », estime Samuel Marc. De quoi ne pas se contenter du marché des diabétiques, mais de toucher « aussi des gens qui font attention à ce qu’ils mangent. »
Et aussi :
D’après les chiffres de la Fédération française des diabétiques, plus de 3 millions de personnes ont pris un traitement médicamenteux pour leur diabète en France en 2013. Une grande majorité d’entre elles, plus de 90 %, souffrent de diabète de type 2 : dans ce cas, soit le pancréas fabrique de l’insuline mais en trop faible quantité par rapport à la glycémie, ou cette insuline n’agit pas correctement. Dans les deux cas, l’insuline n’est plus capable de réguler la glycémie. Ce diabète n’a pas de cause précise mais peut être favorisé par des facteurs génétiques et/ou par une alimentation déséquilibrée, un manque d’activité physique ou un surpoids. Son développement peut passer inaperçu, si bien qu’il peut se passer plusieurs années entre les premiers symptômes et le diagnostic. Le diabète de type 1 provoque une disparition totale des cellules bêta du pancréas, entraînant une carence totale en insuline. Il s’agit d’une maladie auto-immune dont les causes sont mal connues, mis à part une prédisposition génétique. Les complications du diabète peuvent s’avérer graves : cécité, amputations, infarctus, AVC, troubles de l’érection ou encore insuffisance rénale.
Thierry ALLARD