Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 12.05.2022 - stephanie-marin - 3 min  - vu 686 fois

FAIT DU JOUR L'école comme échappatoire à la guerre pour Natalia, une réfugiée ukrainienne

Ces jeunes filles installées à Beaucaire et licenciées du club Gym-Flip, font partie des 95 élèves ukrainiens inscrits dans les établissements scolaires du Gard. (Photo : S.Ma/Objectif Gard)

Une centaine d'enfants et adolescents ukrainiens a rejoint les bancs de l'école dans le Gard. D'autres, tout aussi nombreux, sont en attente d'une scolarisation.

Depuis le mois de mars, l'Éducation nationale s'est organisée pour accueillir les élèves ukrainiens réfugiés en France. Selon les chiffres du ministère, 14 452 Ukrainiens ont rejoint les bancs des écoles, collèges et lycées entre le 24 février et le 5 mai. Ils bénéficient d’un enseignement renforcé de la langue française par le biais du dispositif nommé unité pédagogique pour élèves allophones arrivants  (UPE2A).

"Le Gard en compte 36, indique Vincent Desoutter, directeur de cabinet de la direction des services de l'Éducation nationale du Gard. Ces unités qui existaient déjà, fonctionnent pour accueillir et accompagner les enfants qui ne parlent pas le français et sont suivies par un service spécialisé : le centre académique pour la scolarisation des élèves allophones."

Vincent Desoutter, le directeur de cabinet de la direction des services de l'Éducation nationale du Gard. (Photo : S.Ma/Objectif Gard)

Victoria et Luibomyr, 15 ans, Sonia, 14 ans, Solomia, 12 ans et Arina, 8 ans, ont fait leur première rentrée lundi dernier au collège Eugène-Vigne à Beaucaire, qui bénéficie du dispositif UP2A. "Ça a été une sacrée aventure pour les inscrire. Leurs demandes de titre de séjour ont été envoyées par erreur à la préfecture de l'Hérault au lieu de celle du Gard", commente Céline Pitre. Depuis le début de la guerre, la coach du club Gym-Flip Beaucaire-Tarascon aidée de son père, Jean-Michel, se démène pour protéger et mettre en sécurité ses licenciées ukrainiennes et leur famille.

"J'avais hâte de commencer l'école, je suis très heureuse"

Malgré ce couac, ces enfants ont pu participer, quelques jours avant leur retour officiel dans une salle de classe, aux "vacances apprenantes" au sein du collège Elsa-Triolet. "J'avais hâte de commencer l'école, je suis très heureuse", lance la petite Arina. Comme dans un jeu, elle s'amuse à répéter chaque mot en français qu'elle entend et comprend. Avec ses six amis ukrainiens, tous les matins, elle suit des cours spécifiques d'apprentissage au français, à l'anglais et de mathématiques. Elle ne va pas en classe l'après-midi.

"Ce sera ainsi pendant 15 jours, puis ils seront intégrés à des classes ordinaires. Pour le moment Arina va au collège, mais ensuite elle ira dans une école avec des enfants de son âge", ajoute Céline Pitre. Le jour de notre rencontre, le mardi 10 mai, tous ont pu participer à une sortie au Pont-du-Gard organisée par l'équipe d'Eugène-Vigne. Déjà, les jeunes Beaucairois ont accueilli leurs camarades à bras ouverts dans la cour du collège Eugène-Vigne. Un enthousiasme débordant qui a surpris les nouveaux élèves, à la fois touchés et gênés de toute cette attention à leur égard.

Certains grâce au jeu ont créé des premiers liens d'amitié. Pour d'autres, c'est plus compliqué. Luibomyr est sur la retenue. Lorsque nous lui demandons pourquoi, sa gorge se serre et ses mains viennent cacher ses yeux puis le jeune homme quitte la pièce. Sa mère, Natalia, 46 ans, nous explique sa réaction, une application de traduction activée sur son téléphone, en même temps qu'elle le regarde partir. "C'est difficile pour lui. Il ne voulait pas quitter l'Ukraine." Pudique et émue, tout autant que son fils, la maman ne s'attarde pas sur le sujet et poursuit : "C'est très important que les enfants aillent à l'école. Au-delà de l'enseignement, ça leur donnent la possibilité de faire des rencontres, de voir et de penser à autre chose qu'à la guerre."

"La relation entre enseignants et élèves est différente, plus démocratique ici que chez nous"

Ils découvrent également un milieu scolaire différent du leur, d'après leur témoignage. "La relation entre enseignants et élèves est différente, plus démocratique ici que chez nous et ça nous plaît", précise Victoria. Dans le Gard, 95 enfants et adolescents sont actuellement accueillis dans les établissements scolaires, 127 autres sont en cours d'inscription.

La capacité d'accueil restante s'établit à 354 places dans les écoles, 413 aux collèges, 100 dans les lycées bénéficiant du dispositif UPE2A. "Certains élèves suivent en complément des cours en visioconférence donnés par leurs professeurs ukrainiens", souligne Vincent Desoutter. Pour leur permettre cet apprentissage à distance, le rectorat mène une action de recensement auprès des structures gardoises pour identifier les besoins en matière de matériel informatique.

Les épreuves de spécialité, issues de la réforme du baccalauréat, ont débuté hier, mercredi 11 mai, mais bien sûr, les élèves ukrainiens n'y participeront pas, comme pour n'importe quel autre examen à tout niveau. Toutefois, ceux qui seront toujours scolarisés en France l'an prochain pourront passer le diplôme d'étude en langue française.

Stéphanie Marin

Stéphanie Marin

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