Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 20.07.2021 - abdel-samari - 4 min  - vu 5210 fois

FAIT DU JOUR SPÉCIAL COVID Claude Rols (ARS) : "La quatrième vague est déjà là dans le Gard"

Claude Rols (ARS)

Claude Rols, directeur de la délégation départementale du Gard de l'Agence Régionale Santé

Depuis plusieurs jours, la situation épidémique liée à la covid-19 se dégrade dans le Gard. Ce mardi 20 juillet 2021, le taux d'incidence approche les 100 alors qu'il était d'à peine 10 il y a deux semaines. Claude Rols, directeur de la délégation départementale du Gard de l'Agence Régionale Santé (ARS), fait le point.

Objectif Gard : Pourquoi le Gard est-il à nouveau confronté aussi fortement au coronavirus ?

Claude Rols : Pour plusieurs raisons. La première est liée à la contagiosité du variant Delta. Sans mesure barrière, sans vaccination, il a un taux de reproductivité très élevé. Une personne va contaminer entre sept et neuf personnes, alors que le virus historique en contaminait deux ou trois. C'est donc deux, voire trois fois plus important. La deuxième raison, c'est l'afflux touristique sur notre territoire. Le Gard est une terre appréciée et c'est tant mieux pour notre économie. Ceci étant, cette présence massive a un impact sur le taux d'incidence. D'ailleurs, le taux d'incidence est à mon avis sous-évalué car une personne en villégiature dans le département qui serait testé positivement compterait pour son département de résidence et pas le Gard.

En parlant du taux d'incidence, quels sont les chiffres précis ?

Je voudrais d'abord dire que ces chiffres sont à regarder avec un peu de distance car ils sont sur une période glissante de trois et sept jours. Cependant, ils ne sont pas bons. Le taux d'incidence a progressé de 190% en une semaine. Il y a une nette dynamique. Il est aujourd'hui au-dessus de 80. Si on se projette un peu et que rien n'est fait, dans deux jours, on aura passé la barre de 100. Dans quelques jours, les 200. Et c'est ce dernier seuil qui pourrait obliger à de nouvelles mesures plus restrictives.

Les préparatifs du vaccin (Photo Anthony Maurin).

Comme le retour du couvre-feu...

Par exemple. Mais aussi, l'obligation du port du masque partout. L'interdiction des rassemblements, etc. Nos voisins des Pyrénées-Orientales sont en train de le vivre. Le préfet a rétabli le masque obligatoire en extérieur dans tout le département à l'exception de la plage et dans les grands espaces naturels. Il a également imposé la fermeture des cafés, restaurants, établissements de plage et épiceries de nuit à compter de 23h. Je trouve que ce serait dommage mais, soyons honnête, le port du masque n'est pas vraiment respecté partout et c'est un vrai problème. Il faut vraiment appliquer les gestes barrières sinon nous allons vivre à nouveau des moments difficiles.

"Il faut une mobilisation de tous"

La vaccination est l'une des clés. Comment offrir plus de plages disponibles ?

Le Gard a un peu décroché par rapport à la moyenne nationale et régionale avec 1,5% de moins. Il faut donc une mobilisation de tous. Il est important de dire que la vaccination continue dans les centres. Après l'allocution du président de la République, on a eu une forte demande de rendez-vous. Mais de nouvelles plages vont être disponibles rapidement d'autant que l'on a un nombre de vaccins conséquent. De nouveaux créneaux, une mobilisation des médecins libéraux est aussi dans les tuyaux.

Et dans les pharmacies ?

On va en donner aussi. Toutes les doses en surplus des centres de vaccination ont vocation a être mis à disposition des pharmaciens. On a encore un sujet autour de la logistique a régler, mais c'est en bonne voie.

Il existe une réticence vis-à-vis des vaccins contre la covid. Comment rassurer les Gardois ?

D'abord, en disant la vérité. Oui, ces vaccins ont été produits rapidement, mais cela ne veut pas dire que la sécurité n'est pas au rendez-vous. D'ailleurs, le vaccin, c'est comme un médicament, et comme tout médicament, il peut y avoir des effets secondaires qui sont minimes dans le cas qui nous intéresse. D'autant que l'on a un certain recul maintenant. Je crois que nous n'avons pas assez insisté aussi sur l'ARN messager, qui est une technologie récente dans son utilisation et peu connue du grand public avant le coronavirus. Pourtant, nous avons de quoi être fier en France. En 1965, le prix Nobel de médecine a été attribué à François Jacob, André Lwoff, Jacques Monod pour leurs travaux sur... L'ARN messager. Il y a 56 ans. Franchement, je crois pouvoir donc dire que la vaccination est une chance.

"On va obligatoirement sentir les répercussions à l'hôpital"

Avec le pass sanitaire, il sera de toute façon très difficile d'échapper à cette vaccination...

Une grande partie des Français est vaccinée ou dans un processus de vaccination et c'est tant mieux. C'est la seule solution à ce jour. Il est donc logique de privilégier ceux qui ont fait preuve d'altruisme et qui méritent de retrouver une vie disons presque normale.

Quelle est la situation dans les hôpitaux du Gard ?

Il faut rester mesuré et objectif, mais clairement on a un arrêt de la courbe à la baisse des hospitalisations. On peut même observer un frémissement des progressions. Au regard du taux d'incidence qui progresse à vitesse grand V, on va obligatoirement sentir les répercussions à l'hôpital. Prenons ce week-end, les chiffres sont encore faibles, mais nous avons eu trois entrées en réanimation. Les trois personnes n'étaient pas vaccinées. Elles ont entre 50 et 55 ans, dont une n'a aucun facteur de risque. Il faut donc être extrêmement prudent et ne pas penser que cela n'arrive qu'aux autres.

Claude Rols (Photo Anthony Maurin).

Vous semblez inquiet...

Oui, il y a une inquiétude car la quatrième vague est déjà là en Occitanie et dans le Gard. On est pour la première fois depuis le début de cette crise sanitaire en première ligne. Les chiffres sont exponentiels et pourraient faire des dégâts.

Que dites-vous aux Gardois en vacances ou qui s'apprêtent à partir ?

Ce que l'on ne cesse de répéter : le virus circule beaucoup, adoptez les gestes barrières sans vous poser de question. Et vaccinez-vous le plus tôt possible. Il n'y a pas de raisons pour attendre. Y compris pour vos enfants de plus de 12 ans s'ils sont d'accord.

Propos recueillis par Abdel Samari

À suivre à 7 heures 30 : l'interview de Christophe Perrin, chef du service interministériel de défense et protection civile à la préfecture du Gard

Abdel Samari

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