FERIA D'ARLES Adam Samira et la vaillance triomphent de la novillada
Belle, dure mais bonne novillada de Jalabert Frères (3) et de Roland Durand (3) pour Adam Samira (oreille et oreille), Miguel Aguilar (vuelta et salut) et Manuel Perera (salut et vuelta).
C'est une feria placée sous le signe de la crise sanitaire mais aussi de la fiesta brava voire de la fiesta tout simplement qui se poursuit en terre arlésienne. Avec le pass sanitaire et le bracelet bleu, Arles vit presque comme avant sa feria du Riz édition 2021. Après une sans picadors jeudi, place à la novillada formelle pour lancer le cycle arlésien avec une entrée plutôt satisfaisante pour l'occasion.
L'occasion de voir l'enfant du pays enfin se présenter de novillero dans les arènes de sa ville. Dans ses arènes. Adam Samira aura droit à une petite ovation mais avant le paseo, c'est Juan Jose Padilla qui s'est fait applaudir avec vigueur. Lui, l'infatigable amoureux des toros s'occupe de Manuel Perera et c'est donc à ce titre qu'il est présent ce soir. Arles n'oublie pas ceux qui ont fait de leur mieux, ceux qui ont tout donné, ceux qui ont montré qu'ils étaient vaillants.
Un vaillant, voilà ce qu'est Adam Samira. C'est un toreo et pour l'être il faut avoir ce surplus de bravoure. Un certain poids repose sur les épaule d'un jeune qui fait ses débuts à la maison. Adam Une oreille de bienvenue pour Adam Samira face au 1er novillo de Jalabert frères après accueille tout cela avec sérénité et offre à voir des moments plaisants ponctués par quelques touches de couleurs et une épée engagée qui file au but. Malgré la pugnacité d'un toro complexe et faible par moments, la faena du novillero a pu avancer doucement et monter en gamme. Une oreille pour Adam Samira.
Deuxième duel et deuxième oreille. Seconde car il n'y en aura pas trois mais elle permettra tout de même à Adam Samira de sortir en triomphe ! Cette oreille soulignera aussi et surtout la qualité évoquée plus haut, la vaillance, le courage. Dès le début, l'Arlésien montre les bras et attaque genoux à terre. Ouf, ça passe. Près mais ça passe. Adam se relève et poursuit l'effort. Plus retors encore que son premier, ce novillo de Roland Durand va régaler part sa charge suave. Les créneaux sont courts mais l'Arlésien est efficace. Samira le comprendra vite et passera à gauche, c'est là qu'il effectuera les plus belles courbes. Une épée presque au point, oreille donc.
Après Arles, c'est du Mexique que nous vient le prochain apprenti torero du soir. Miguel Aguilar est sans aucun doute un jeune homme à suivre quand il est à l'affiche d'une course. De l'élégance, du style, de la technique et quelques failles qu'il a largement le temps de combler. Il tombe d'emblée sur le novillo de Roland Durand, le premier à sortir dans les arènes d'Arles. Le jeune aurait dû couper des oreilles mais les aciers l'en empêcheront. Pourtant... Si vous vouliez voir quelques naturelles distillées avec goût, il fallait venir ! Vuelta. Le novillo de Roland Durand sera primé en fin de course.
Seconde collaboration plus compliquée pour le Mexicain qui plie mais ne rompt pas. Il faut dire que depuis le début, la course est dure pour les toreros. Les novillos demandent les papiers et celui-là ne fait pas exception. Peut-être encore marqué par le triomphe raté, Miguel Aguilar sera moins en vue face à son adversaire. Là, il tire quelques passes de bon aloi mais les tendidos restent frais. Bim ! L'épée est bonne mais c'est le manque d'euphorie qui coûte le pavillon blanc au torero. Salut.
Encore un vaillant en la personne de Manuel Perera. Oui, même si techniquement le jeune a encore du chemin à parcourir, sur l'engagement, nul ne le prendra en défaut. La technique s'acquiert, la peur s'oublie. face à ce Jalabert Frères, les débats commencent fort, le public se prend au jeu. Pas de transfert entre Perera et Padilla mais on reconnaît en lui quelques attitudes du pirate, quelques vocalises que cyclone et quelques postures du maestro. La muleta est constamment dans les cornes mais la charge du novillo ne permet guère de faire autrement. Le duel se délite, les aciers fondent, salut.
Quel dommage... On sentait les gradins de moins en moins concernés plus la nuit tombait mais Manuel Perera n'est pas arrivé à les réveiller. Il a tout fait pour mais il est des soirs comme ça... On y a un peu cru lors du tercio de piques. Une belle danse de Gabin Réhabi perché sur son cheval, une émotion certaine et une ovation sympa. Mais ça ne durera pas. Encore un novillo compliqué à toréer et pour le coup, Manuel Perera n'est pas tombé dans le piège. Il a fait ce qu'il savait faire, il a toréé en se mettant devant, les jambes plus en avant encore. La sauce ne prend pas, le jeune hausse le ton et baisse le niveau pour sortir avec une heureuse vuelta.