GARD François de Rugy était en visite à Bellegarde et Sauveterre ce mercredi
Le ministre d'Etat a visité le CTIFL à Bellegarde et un barrage hydraulique à Sauveterre.
François de Rugy, le ministre de la Transition écologique et solidaire, s’est rendu à Bellegarde pour le lancement d’un projet de serres photovoltaïques installées sur une exploitation agricole biologique, porté par Akuo Energy et le Fonds Maïf transition.
Le ministre d’abord visité les CTIFL (Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes). Après avoir été accueilli par Didier Lauga, le préfet du Gard, Françoise Dumas, la députée (La République en marche), et Juan Martinez, le maire de Bellegarde, François de Rugy a brièvement parcouru les locaux du centre technique.
Le ministre de la Transition écologique s’est rendu dans un champ d’abricotiers et de pommiers avec les responsables du CTIFL. Puis il s’est dirigé vers le site de production photovoltaïque sous ombrières abritant des abricotiers et des cerisiers bio. Après un discours, il a pris la direction du Nord-Est du département
« Mon combat c’est le climat »
À Sauveterre, le ministre a visité le barrage hydroélectrique sur le Rhône géré par la Compagnie nationale du Rhône (CNR). L’occasion de visiter la passe à poissons construite sur le barrage et qui permet aux poissons migrateurs de remonter ou redescendre le bras d’Avignon du Rhône presque sans encombre. Construite en trois ans, cette passe à poissons a été mise en eau à la fin 2017. Et il ne s’agit pas d’un simple conduit : « Il y a un dénivelé de 9m50 en tout, et 39 bassins d’échelonnement », présente le directeur territorial Rhône Méditerranée pour la CNR, Pascal Albagnac. Chaque bassin compte un dénivelé de 20 à 25 centimètres pour que les poissons puissent passer. Le débit est d’un à deux mètres cube par seconde, et il est complété à l’entrée par un débit d’attrait de 8 mètres cubes par seconde pour attirer les poissons.
Et ça marche : « En 2018, la passe a laissé circuler 530 000 poissons et les résultats sont relativement intéressants sur nos principales cibles, les aloses, avec 3 000 poissons, et les anguilles, avec 50 000 poissons », note Pascal Albagnac. Le gros des troupes est constitué d’ablettes, avec un peu plus de 315 000 poissons.
La passe à poissons a coûté la bagatelle de 17 millions d’euros, financés à hauteur de 40 % par la CNR, de 42 % par l’Agence de l’eau, de 11 % par l’Europe via les fonds Feder et de la Région PACA à hauteur de 7 %. « Il est intéressant de voir qu’on trouve des solutions concrètes qui viennent protéger la biodiversité et réparer les erreurs du passé, même si ça a un coût, qui est cofinancé pour plus de la moitié par des fonds publics. C’est une contribution pour la biodiversité », s’est félicité le ministre.
François de Rugy a ensuite visité la partie production de l’installation, qui compte deux groupes de production de 180 Mw, et qui permet d’alimenter l’équivalent d’une ville comme Nîmes. L’occasion de voir que si l’hydroélectrique a son mot à dire dans la production d’énergie renouvelable, il n’en est pas moins touché par le changement climatique. « Nous voyons des effets assez importants, depuis que nous mesurons la production les trois années les plus basses sont dans cette décennie, 2011, 2017 et 2019 », note Pascal Albagnac.
« Les étiages bas, nous les observons d’une manière de plus en plus fréquente et prolongée, ajoute le délégué territorial de la CNR, David Ferry. Là où ces étiages bas étaient concentrés sur juillet et août, ils peuvent désormais déborder jusqu’à novembre. » La pluviométrie est en cause, comme la fonte des glaciers suisses qui alimentent le Rhône à sa source. « Ce n’est plus une ressource illimitée », s’inquiète David Ferry.
Alors si le ministre salue « la diversification de la CNR dans les énergies renouvelables » et voit dans l’hydroélectrique « une production qui a encore toute sa place, et qui peut même être encore un peu améliorée sans construire de nouveaux barrages », il ne passe pas à côté de l’impact du réchauffement climatique. « Il est récurrent dans chacun de mes déplacements, mais il est important de dire qu’il est déjà palpable », lance François de Rugy, en prenant en exemple la baisse de 0,4 % par an de la production hydroélectrique de la CNR. « Mon combat c’est le climat, agir sur les causes du réchauffement et en même temps commencer à s’adapter », ajoute le ministre.
Puis, choisissant la métaphore du corps humain, François de Rugy estimera que « la Terre est déjà à 38 degrés de fièvre. Si elle monte encore de plus trois ou quatre degrés, elle sera bonne pour l’hospitalisation. »
Norman Jardin (à Bellegarde) et Thierry Allard (à Sauveterre)
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Sur la CNR, François de Rugy a ajouté : « Nous aurons l’occasion dans les mois et les semaines à venir de prendre des mesures qui pourront la conforter, avec des concessions en échange de travaux. » Et le ministre d’estimer que « c’est du gagnant-gagnant, avec une électricité dont le pilotage est assez prévisible et le coup maîtrisé. »