Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 30.09.2021 - boris-de-la-cruz - 4 min  - vu 27532 fois

GRAU-DU-ROI Une jeune femme de 19 ans handicapée à vie après une sortie en jet ski

Des accidents dramatiques liés à la pression de l'eau qui rentre dans les orifices et causes des séquelles irréversibles. Une affaire qui était abordée au tribunal correctionnel de Nîmes.
(Photo d'illustration : Norman Jardin/ObjectifGard)

C'était une belle journée d'août 2017. Bientôt la fin des vacances mais cette envie folle de profiter de la vie et des congés jusqu'au dernier moment, de s'amuser dans l'eau jusqu'à la dernière minute...

Et justement ce 26 août lorsque le tonton propose une sortie en mer à son neveu d'une dizaine d'années et sa nièce de 19 ans, c'est la promesse d'images inoubliables que l'on garde en mémoire toute l'année.

Une belle balade en jet-ski pour une mer qui tremblote à peine en forme de vaguelettes. On met les gilets de sauvetage et on part à l'aventure avec un tonton, spécialiste en la matière. "Des balades comme çà, j'en ai fait des centaines pendants plus de 20 ans", affirme l'oncle, prévenu à l'audience du tribunal correctionnel de mardi, de "blessures involontaires avec une ITT supérieure à 3 mois". Lui est titulaire du permis, mais le scooter ne lui appartient pas. Par contre, il connaît sur le bout des doigts ce genre de navigation, il est un professionnel et en a loué pendant de nombreuses saisons dans une autre station. Il donnait aux promeneurs sur l'eau des consignes de sécurité qu'il prétend connaître par coeur.

"Justement comment avez-vous abordé cette sortie en mer ?", lui demande le président, Jean-Pierre Bandiera. "C'était un jet-ski trois places et comme il y avait un enfant je lui ai demandé de s'installer au milieu entre moi qui conduisait et ma nièce, qui était la troisième personne sur le scooter" , souligne le prévenu.

"Et quelles sont les consignes données ce jour-là, si vous les avez données ?", poursuit le magistrat qui essaie de comprendre les circonstances de la tragédie à venir. "J'avais demandé de serrer les gilets. L'enfant au milieu devait se tenir à moi et ma nièce se tenait à mon neveu au milieu et aux poignées. On part tout doucement et on avance doucement jusqu'à la ligne des 300 mètres car il peut y avoir des baigneurs", complète le pilote du scooter sûr de lui.

Le pilote ne s'explique pas l'accident

Sauf que ce jour-là alors que la quatrième vague approche et que l'on est près du rivage, la nièce en troisième position chute dans l'eau et se blesse très grièvement. "C'est mon neveu qui m'a dit qu'elle n'était plus là", poursuit le prévenu qui a essayé par la suite de faire écrire et signer un document à sa nièce précisant qu'il n'avait jamais commis de faute. "Pour moi elle ne s'est pas suffisamment tenue et elle a glissé". Plus de 4 ans après les faits cet homme ne s'explique toujours pas comment l'accident a pu arriver. "On était au ralenti, je suis dévasté, elle fait partie de ma famille", ajoute le prévenu, âgé de 48 ans.

Assise sur une chaise du tribunal, la nièce entre sanglots et souffrance avance péniblement à la barre du tribunal lorsque le président lui donne la parole. " Pour vous, comment est survenu cet accident ?", lui demande le magistrat

Après sa chute elle était paralysée

" Je basculais un peu d'avant en arrière. J'étais déséquilibrée. Au passage de la quatrième vague le petit à qui je me tenais a été un peu plus déséquilibré et moi je suis tombée", raconte comme si elle revivait la scène la jeune femme, âgée de 19 ans au moment du drame. Car immédiatement, "je ne sentais plus rien. Comme si j'avais un énorme poids qui pesait sur le bas du ventre. J'ai ressenti un gros choc et j'étais paralysée d'un coup. Je suis tombée dans les pommes et je me suis réveillée sur la plage. Je me rappelle l'hélicoptère pour m'emmener à l'hôpital puis j'ai à nouveau perdu connaissance", complète-t-elle avec émotion.

Car pour elle la vie ne sera plus jamais comme avant. Lors d'une sortie en scooter des mers la pression de l'eau est tellement forte qu'elle entre par les orifices à travers les maillots de bain et peut créer des blessures irréversibles. C'est le cas pour cette victime, qui a ses parties intimes blessées à vie, à cause de cette "chute et de cette hyperpression de l'eau", dira l'expertise du médecin légiste le docteur Benslima. La jeune femme précise également que son oncle ne lui a jamais parlé de la poignée de sécurité sur le scooter.

Des balades en mer avec leurs conséquences qui sont connus des urgentistes médicaux et d'ailleurs deux ans après l'accident la gendarmerie maritime va publier un avertissement aux utilisateurs des mers qui rappelle " en écho à l'affaire que nous abordons aujourd'hui", note la substitut du procureur Julia Salery en lisant le communiqué des autorités.

Orifices naturels perforés

"Un nouveau type d’accident grave et méconnu, en scooter des mer, qui peut provoquer des blessures sérieuses avec des séquelles irréversibles aux victimes. Les victimes sont principalement des jeunes femmes, mais au moins un homme a également été concerné par ce type d’accident. Lors de la navigation l’engin nautique se soulève sous l’effet d’une vague ou d’une utilisation "sportive" du pilote, poursuit la représentante du parquet de Nîmes, qui estime que le conducteur du jet ski est responsable de l'accident. Le ou la passagère, en maillot de bain, décolle alors du siège avant d’être projeté en arrière au-dessus du jet d’évacuation à haute pression de la turbine motrice du scooter. Les orifices naturels de la victime sont perforés à l’entrejambe provoquant des déchirures abdominales graves. Voilà comment une activité de loisirs peut briser la vie d'une jeune femme."
L'oncle, pilote du scooter, a été condamné à 3 mois de prison avec sursis et il est déclaré entièrement responsable du préjudice. La jeune victime est sortie en pleurs de l'audience. Un dossier pénal  bouleversant où un moment de bonheur se termine dans la tragédie.
Boris De la Cruz
Boris De la Cruz

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