LE 7H50 d'Emmanuel Roux : "L'Université de Nîmes a une nouvelle page à écrire"
Les Universités de France sont, pour quelques unes, bloquées par des étudiants qui s'opposent aux nouvelles règles édictées par le gouvernement Philippe. Emmanuel Roux, président de l'université de Nîmes, fait le point sur la situation et dévoile l'avancement des projets pour les étudiants Gardois. Il est l'invité du 7h50.
Objectif Gard : La loi orientation et réussite des étudiants mise en place par le gouvernement entraîne de nombreuses inquiétudes dans plusieurs universités en France. Pour quelles raisons ?
Emmanuel Roux : Cette loi a définitivement été votée par le parlement il y a plusieurs semaines. Les universités sont donc passées à la phase opérationnelle et on peut réellement s'étonner que ces inquiétudes n'aient pas été manifestées antérieurement. Il y a sans doute encore beaucoup de pédagogie à faire autour du texte, pour bien faire comprendre qu'il a avant tout vocation à permettre une meilleure orientation des étudiants (et donc, au bout, garantir une meilleure réussite), et en aucune façon à sélectionner, à l'instar de ce qui se pratique en classe préparatoire ou en école d’ingénieur, par exemple. En ce sens, on peut considérer que la loi ORE constitue une véritable avancée par rapport à ce qui se pratiquait antérieurement puisqu'elle cherche à individualiser les parcours de formation et offrir un accompagnement plus efficace des étudiants.
La loi prévoit, entre autre, une nouvelle plateforme - Parcoursup - qui remplace APB fortement décriée. Est-ce une avancée pour les étudiants ?
Le logiciel PARCOURSUP a permis aux élèves de Terminale, qui souhaitent continuer dans l'enseignement supérieur, d'émettre dix vœux d'affectation auprès des universités souhaitées. Ces desiderata ne sont pas hiérarchisés et l'élève a la possibilité, dès lors que les réponses à ses demandes sont positives, de choisir la formation qui l'intéresse le plus, indépendamment de l'ordre de classement initialement établi. Ces vœux font par ailleurs l'objet d'un traitement de la part de chaque université qui a été sollicitée et qui apporte une réponse qui peut être : « oui » (l’élève est accepté sans condition), « oui si » (l’élève est accepté mais il devra suivre des cours de remise à niveau) ou « en attente » (l’élève n’est pas en liste principale pour la formation, mais il peut se voir proposer une place en cas de désistement). Une grande avancée du dispositif réside dans l’existence des « oui si », puisque chaque université a désormais la possibilité de proposer aux étudiants qu’elle aura détectés comme ayant certaines fragilités, de suivre des unités d’enseignement complémentaires leur permettant de compenser leurs lacunes durant leur première année de licence, voire de mettre en place une sorte d’année préparatoire, préalable à leur première année de licence, afin de leur apporter toutes les chances de succès. Il ne faut pas oublier qu’à peine 30% des étudiants en premier cycle réussissent en 3 ans, et que le taux d’échec est énorme au sein des universités françaises. PARCOURSUP devrait permettre de corriger cette anomalie, ce que ne faisait pas APB, qui se contentait de répartir les étudiants en fonction de critères automatiques et identiques sur tout le territoire, qui pouvaient aller jusqu’à l’activation d’un tirage au sort lorsque le nombre de demandes était supérieur au nombre de places. Ce dispositif, jugé illégal par le Conseil d’Etat, était parfaitement injuste, puisque, pour des raisons aléatoires, certains étudiants pouvaient se voir rejetés au profit d’autres, qui présentaient toutefois un profil beaucoup moins adapté à la formation souhaitée.
Chaque université traitera les demandes d'inscription de manière personnalisée. Comment l’université de Nîmes va s’organiser ?
Nous avons constitué des commissions pour chaque licence, chargées d’étudier l’ensemble des vœux formulés. Les collègues travaillent en appliquant des critères propres à leur discipline et qui leur permettent d’établir des analyses fines pour chaque dossier. Nous devons faire remonter les classements au rectorat avant le 15 mai. Les élèves seront ensuite informés des propositions qui leur seront faites et nous ajusterons les inscriptions au fur et à mesure que les élèves les valideront. Je suis convaincu qu’il n’y aura pas de problème majeur, et qu’au final, nous pourrons inscrire tous les candidats qui souhaitent venir à UNÎMES, et notamment les gardois, qui constituent une grosse partie de nos effectifs de première année de licence. Ceux qui n’auront pas trouvé de formation se verront de toute façon proposer une solution par le rectorat au cours du mois de septembre, mais ces ajustements devraient vraiment être à la marge. Il n’y a donc – et c’est important de le rappeler aux élèves ainsi qu’à leurs parents – aucune inquiétude particulière à avoir.
La fin de l’année approche… Comment se porte Unîmes ?
Très bien ! Elle continue à se développer à grande vitesse et à se structurer autour de projets forts qui l’ancrent toujours plus au sein du territoire. L’ouverture de la licence STAPS, les projets immobiliers nombreux, le développement de nos laboratoires de recherche et de notre école doctorale qui vient de remettre son premier doctorat honoris causa sont autant de signes qui témoignent de la bonne santé de notre université et de sa réelle montée en puissance. Comme j’ai l’habitude de le dire, l’affirmation de l’université de Nîmes est une excellente nouvelle pour le département du Gard, pour son tissu socio-économique et pour ses usagers qui, toujours plus nombreux à nous faire confiance, trouvent un outil de formation de proximité, efficace et de qualité, et qui, je le crois, réalise parfaitement sa mission de service public. Chacun aura observé, accessoirement, que nous n’avons été frappé par aucun mouvement particulier ces dernières semaines, ce qui nous a permis de terminer les enseignements du second semestre et de préparer sereinement les examens à venir. Ce gage de tranquillité, propre aux petites structures, est sans conteste un plus précieux pour nos étudiants.
La première promotion de la filière Staps (sport) démarrera en septembre prochain. Vous êtes prêt ? Et quid de l’enceinte sportive ?
Nous l’attendons avec impatience. Ce démarrage représentera l’aboutissement de près de deux années de travail. Nous sommes prêts pour accueillir nos premiers inscrits et sommes en train de finaliser le recrutement des enseignants-chercheurs et enseignants qui auront pour mission d’intervenir en première année de licence. La ville de Nîmes, avec laquelle nous sommes en relation depuis plusieurs mois, s’est organisée pour nous offrir un accès privilégié aux infrastructures sportives nécessaires pour la formation. Nous pourrons donc fonctionner normalement dès la rentrée de septembre, et ce pour toute l’année universitaire. C’est le temps qu’il nous faudra pour réaliser la construction de notre campus « bien-être », situé sur le site Vauban, et qui abritera à terme nos propres infrastructures sportives. Les différents marchés sont en train d’être formalisés et nous prévoyons des travaux qui devraient commencer en fin d’année 2018. Ils devraient s’étaler durant toute l’année 2019 pour une livraison programmée avant la rentrée 2020. Il faut rappeler que nous construisons en outre des espaces de vie étudiante et une cafétéria en relation avec le CROUS, l’ensemble devant transformer profondément la physionomie du site Vauban et amener un surcroît d’animation étudiante en plein centre-ville. Le tout pour une enveloppe qui, grâce aux efforts de l’État, de la Région, du Département, de la Ville et de l’Agglomération, avoisine les 5 millions d’euros.
Un mot pour finir sur l’avancement des travaux sur le site Hoche. Êtes-vous toujours dans la perspective de regrouper les sites pour un meilleur accueil des étudiants ?
La maîtrise d’ouvrage de ces travaux, d’un montant total de 23 millions d’euros (financés par le CPER, l’agglomération Nîmes Métropole et la ville de Nîmes), est assurée par le rectorat de Montpellier, qui, du fait de la complexité du montage, a pris du retard sur le calendrier initialement prévu. Le chantier ne devrait donc pas démarrer avant l’année universitaire 2019-2020, pour une livraison finalement programmée, au plus tôt, pour l’année 2021-2022. D’ores et déjà réalisé, le travail de programmation nous a permis de définir l’occupation de la deuxième tanche du site, qui aura comme vocation principale d’accueillir l’ensemble des formations scientifiques et de libérer ainsi nos implantations sur le parc George Besse et sur le bâtiment des Carmes. L’université se regroupera alors autour des deux sites, Hoche et Vauban, qui abriteront chacun une partie des formations, Hoche concentrant les activités de recherche. Ce sera une évolution majeure pour l’université, qui gagnera ainsi largement en visibilité, et une nouvelle page à écrire pour la prochaine décennie.
Propos recueillis par Abdel SAMARI