Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 14.01.2022 - corentin-migoule - 5 min  - vu 481 fois

LE 7H50 d'Olivier Lataste, directeur du Cratère : "Donner à l'Agglo un rayonnement culturel plus fort"

Olivier Lataste, nouveau directeur du Cratère depuis le 1er octobre 2021. (Photo Corentin Migoule)

En à peine trois mois à la tête du Cratère, l'ancien directeur administratif et financier de la scène nationale d'Annecy impose sa patte au cœur d'une structure dont il maîtrise déjà les spécificités. C'est avec l'intention de s'inscrire dans une "continuité dans le changement", en faisant de la scène nationale un théâtre ouvert à tous, usant de techniques de communication plus modernes et de toute sa maîtrise du numérique qu'Olivier Lataste aborde sa première saison.

Objectif Gard : Comment se passe votre entrée en matière à la tête du Cratère dans ce contexte sanitaire encore incertain ?

Olivier Lataste : J'ai déjà bien pris mes marques. Mais la présentation de la saison 2022/2023 aura lieu le 14 juin prochain. Ce sera le véritable lancement pour moi. D'ici-là, le but c'est de défendre le steak avec les spectacles déjà programmés. C'est tout l'enjeu avec la crise sanitaire. Il faut communiquer sur le fait que le Cratère reste bien ouvert. La jauge de 2 000 personnes pour les spectacles en intérieur ne nous concerne pas puisque notre grande salle qui compte 880 places n'y est pas soumise. Il faut en tirer profit !

Cette grande salle fera d'ailleurs partie d'un plan de rénovation du Cratère...

Absolument ! Et elle en avait besoin puisqu'elle n'a jamais été rénovée alors qu'elle fêtera ses 50 ans le 18 novembre prochain. Ce qui se murmure c'est que les travaux de rénovation débuteraient à l'automne 2023, ce qui voudrait dire que les saisons 2023/2024 et 2024/2025 s'effectueraient hors les murs. D'une contrainte accouchera une opportunité puisqu'on pourra se rapprocher davantage des gens et aller chercher un nouveau public. C'est une perspective assez excitante.

Les vœux du Cratère auraient dû avoir lieu ce jeudi 13 janvier. Qu'auriez-vous exprimé aux fidèles du Cratère s'ils n'avaient pas été annulés ?

J'aurais insisté auprès de tous les actuels abonnés du Cratère pour qu'ils parlent de nous au maximum autour d'eux. J'aimerais qu'ils soient les ambassadeurs du spectacle vivant et qu'ils rassurent les gens sur le fait qu'en portant le masque, on peut tout à fait venir voir des spectacles dans de bonnes conditions.

Ce noyau dur de fidèles s'est-il d'ailleurs restreint avec la pandémie ?

Nous étions à 2 500 abonnés en 2019 avant la crise sanitaire. On en a 1 550 aujourd'hui, ce qui établit mine de rien la désaffection du public à hauteur de 40%. L'objectif de la saison prochaine c'est de rétablir le nombre initial en allant chercher de nouveaux soutiens. Aujourd'hui, l'équilibre financier auquel on est confrontés nous offre moins de marge de manœuvre pour tout ce qui s'apparente à de la création ou de l'accompagnement d'équipes artistiques. On va devoir se mettre un petit peu en sommeil dans ce domaine. Tant qu'on aura ces problèmes de billetterie, on sera moins souple pour réaliser l'ensemble de nos missions.

Vous est-il arrivé de faire salle comble depuis l'instauration du pass sanitaire ?

À quelques reprises, notamment pour Feu ! Chatterton. Ça a été un grand moment ! Les Frères Jacquard ça a cartonné aussi. C'est un peu comme au cinéma, pour les spectacles les plus connus on a toujours un taux de remplissage élevé. La baisse de fréquentation se ressent davantage sur les spectacles moins connus ou moins accessibles au grand public. Mais globalement, on est sur une baisse de 30% de fréquentation par rapport à une année traditionnelle (2019, Ndlr).

La probable entrée en vigueur du pass vaccinal et son application dans les lieux culturels vous inquiète-t-elle ?

Pour l'instant on est dans l'expectative. On a du mal à quantifier et mesurer l'impact qu'il pourrait avoir sur la fréquentation. On espère évidemment que ça aura le moins d'incidence possible.

Comment s'organise la collaboration avec l'association All'style à l'occasion de l'événement "Temps d'artistes au lycée" ?

On a baptisé ce projet "Expérience E-dance Alès". Il se décline en deux temps. Une première période avec "Temps d'artistes au lycée", du 14 au 18 février. Et du 21 au 25 février, chaque après-midi, un photomaton 3D numérique sera mis à disposition du public dans le hall du Cratère. Tout le monde pourra créer son avatar en 3D. Après ça, on doit télécharger une application gratuite par le biais de laquelle il sera possible de générer des vidéos sur Youtube. Tous les Alésiens qui se seront numérisés pourront générer une vidéo d'une minute dans laquelle ils se verront danser virtuellement. Au-delà de ça, l'intérêt c'est qu'on mette un peu le pied sur un vrai dancefloor. C'est à ce titre qu'intervient Jawad Frikah, président de l'association All'style. Le matin, du 21 au 25 février, Jawah donnera des cours pour apprendre des pas de hip-hop, puisque l'intérêt de ce projet c'est d'amener les jeunes vers la pratique de la danse.

Quels sont à vos yeux les principaux temps forts du premier trimestre 2022 de la programmation du Cratère ?

S'il y a bien un bijou la semaine prochaine, c'est le spectacle Ma, Aida, … co-écrit et interprété par Camille Boitel, l'un des meilleurs circassiens du moment. C'est un ovni. Sur le plan de la danse et du cirque, c'est vraiment l'événement phare du début d'année. Fin janvier, on a quand même L'amour vainqueur, une mise en scène d'Olivier Py, l'actuel directeur du festival d'Avignon. Ce n'est pas n'importe qui. Il y a aussi les concerts de jazz, dont ceux de Christian Sands Trio et le quartet Lars Danielsson. On peut aussi évoquer le spectacle jeunesse Ici ou (pas) là de Laurent Fraunié.

Comment jugez-vous la dynamique culturelle locale depuis votre arrivée à Alès ?

Franchement il y a un potentiel fantastique qui mériterait d'être développé. Il y a beaucoup de passerelles à établir avec la médiathèque Alphonse-Daudet, le conservatoire Maurice-André et la Verrerie. On va aller beaucoup plus loin dans les connexions avec ces structures, ce qui donnera à l'Agglo un rayonnement culturel beaucoup plus fort.

Vous œuvrez déjà à l'élaboration de la saison 2022/2023. De quoi avez-vous envie de l'agrémenter ?

Il y aura plus d'ouverture sur la jeunesse et la famille. Il s'agira des deux gros marqueurs de la prochaine programmation. C'est dans ce cadre-là que le numérique fera l'objet de plusieurs projets. Certains spectacles seront filmés par des vidéastes. J'ai aussi la volonté d'intégrer des casques de réalité virtuelle à certains spectacles.

En novembre dernier, vous avez lancé un appel aux mécènes à travers la création d'un club de partenaires baptisé "Déclic Cratère". A-t-il porté ses fruits ?

On est très contents puisqu'on est passés de cinq à quinze mécènes en un trimestre. Mais je sens que ce n'est qu'un début et qu'en matière de soutien d'entreprises alésiennes on peut aller encore plus loin. Avant de conclure, j'aimerais préciser que le festival Cratère Surfaces aura lieu du 6 au 9 juillet prochain. J'ai fait le choix de le décaler d'une semaine pour qu'il ait lieu lors de la première semaine des vacances scolaires. Je veux que les Alésiens puissent profiter de l'événement en ayant l'esprit libéré et qu'on bénéficie d'un afflux touristique dans le Gard pour que l'événement prenne une autre tournure.

Propos recueillis par Corentin Migoule

Corentin Migoule

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