Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 28.02.2020 - corentin-corger - 2 min  - vu 9375 fois

LE 7h50 du professeur Albert Sotto (CHU de Nîmes) : "On est préparés à une éventuelle épidémie"

Le chef du service des maladies infectieuses et tropicales fait le point concernant l'arrivée du Coronavirus.
Le Professeur Albert Sotto, le chef du SMIT (Service de maladies infectieuses et tropicales) au CHU de Nîmes (Photo Corentin Corger)

Chef du service de Maladies infectieuses et tropicales au CHU de Nîmes, le professeur Albert Sotto détaille comment l'hôpital nîmois se prépare à accueillir le Coronavirus. 

Objectif Gard : combien de cas suspects avez-vous eu à gérer pour le moment ? 

On ne les comptabilise pas car on fait régulièrement des tests. Les cas suspects ont été testés mais ils étaient négatifs. Ça rentre et ça sort. Nous envisageons, comme au niveau national, une prise en charge ambulatoire pour les patients ne nécessitant pas une hospitalisation. S'ils n'ont pas de signes cliniques, les patients viennent faire leur test au CHU et repartent chez eux avec des précautions en attendant le résultat.

Expliquez-nous quels sont les critères d'hospitalisation ?

On a des critères classiques avec de la fièvre et des signes de pathologie respiratoire. Normalement, nous avons une conférence téléphonique avec le Samu, l'ARS (Agence régionale de santé) et l'hôpital. Nous décidons ensuite si on met le patient en cas "possible" et donc il est hospitalisé, testé et repart si c'est négatif.

En combien de temps avez-vous une réponse après les tests ? 

Globalement, la réponse nous l'avons dans les trois, quatre heures qui suivent le prélèvement en sachant que l'on fait deux cycles par jour. C'est à dire que ceux qui sont arrivés la veille on va les faire le matin et ceux qui arrivent dans la journée, on s'en occupe l'après-midi.

Avez-vous déjà demandé des moyens supplémentaires ? 

Nous sommes déjà confrontés régulièrement à des maladies hautement contagieuses. On a un secteur de confinement et tout est prévu en cas de passage à une situation où on aurait nécessité de dédier une zone complète à la haute densité virale. À ce moment-là on aurait du personnel supplémentaire. Également, un service de maladies infectieuses miroir serait mis en place, c'est à dire de basse densité virale et le service actuel deviendrait à haute densité virale. Tout cela est prévu dans les "plans blanc" et risques émergents biologiques.

Donc vous êtes prêts en cas de cas avérés ?

On a des lits libres qui sont prêts à recevoir et on va voir en fonction de l'évolution. Mais comme je vous le dis on va prendre l'option de s'organiser pour faire de l'ambulatoire parce qu'il faut que l'on trouve une zone dédiée avec la possibilité de recevoir les patients et de les faire repartir chez eux.

Craignez-vous une épidémie ? 

Je ne parle pas de crainte. On est préparés à une éventuelle épidémie. Depuis longtemps nous avons des moyens qui sont déclinés sur des procédures. Nous sommes toujours en veille. On voit l'évolution de la situation au niveau national et au niveau international. On est prêts à y répondre mais pour l'instant on ne va pas demander de moyens supplémentaires si on n'en a pas besoin. En revanche, ces moyens supplémentaires sont en réserve en fonction de l'ampleur. Si c'est un service supplémentaire, c'est un doublement des effectifs pratiquement, en sachant que les médecins seront mobilisés. On a prévu déjà d'être de garde. S'il le faut, nous arrêterons d'autres activités en fonction de l'évolution.

Propos recueillis par Corentin Corger

Corentin Corger

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