LE 7H50 du responsable des urgences du CHU Carémeau : "Des inquiétudes pour ce week-end"
Les urgences de l'hôpital Carémeau de Nîmes connaissent un pic d'affluence en raison de l'épidémie de la grippe. Le phénomène devrait s'accentuer avec un probable passage au niveau 3 du plan Hôpital sous tension, ce week-end. Les explications avec le docteur Romain Genre-Grandpierre, responsable des urgences de Carémeau.
Objectif Gard : Pouvez-vous décrire la situation actuelle aux urgences du CHU de Nîmes ?
Romain Genre-Grandpierre : C'est une période extrêmement chargée. Habituellement, les urgences au CHU de Carémeau c'est 250 passages par jour sur l'année 2018, soit une entrée toutes les six minutes. En ce moment, on est plutôt aux alentours des 300 entrées jour, ce qui fait une entrée toutes les cinq minutes. En plus, avec une lourdeur sur les cas des patients fragiles, âgés ou les jeunes enfants qui sont atteints des pathologies hivernales avec des virus tels que la grippe. En plus d'avoir une augmentation d'activité, on a des patients beaucoup plus graves qui sont atteints par ces pathologies habituellement bénignes mais qui nécessitent une hospitalisation. Donc derrière, on est bloqué avec des patients qui attendent des lits d’hôpital aux urgences.
À la même période avez-vous connu le même pic d'augmentation les années précédentes ?
Oui mais on s'aperçoit d'années en années, vu qu'il y a un vieillissement de la population et des patients de plus en plus fragiles, que le nombre de malades atteints de façon grave par ces pathologies hivernales augmente. Cumulé également à une baisse de la démographie médicale de médecins généralistes. Tout ça fait que l'on arrive à la situation actuelle, assez préoccupante.
Parvenez-vous tout de même à soigner correctement tous les patients ?
Bien sûr, c'est notre but. Détecter dès l'entrée les patients les plus atteints pour les orienter vers des soins très rapides. Ensuite même si les patients n'ont pas de case d'hospitalisation, on a une procédure interne qui fait bénéficier aux patients des soins médicaux. C'est comme s'ils étaient hospitalisés dans un service, ils ont les mêmes soins. S'ils en ont besoin, ils ont les mêmes antibiotiques et une surveillance pluri-quotidienne est assurée par les infirmières. Actuellement, on a environ entre 20 et 30 patients qui attendent des places d'hospitalisation. Les médecins vérifient que les patients ont des soins adaptés à leur pathologie.
Faut-il comprendre que le personnel hospitalier et le nombre de lits sont suffisants ?
Alors, c'est toujours pareil... La direction essaie de nous aider au niveau des infirmières. Au niveau médical, nous avons une organisation qui permet de répondre à ce pic. Ça repose essentiellement sur l'abnégation, le courage et le professionnalisme de tous les intervenants. Les équipes, je ne vais pas dire qu'elles s'épuisent, mais elles se fatiguent un petit peu pour répondre à ce pic d'activité. La direction réfléchit à des perspectives pour améliorer cela dès cet hiver. Une quinzaine de lits sur l'hôpital a déjà été ouverte de façon rapide.
Courage, abnégation... Vous parlez des collègues qui enchaînent les gardes ?
En terme d'enchaînement de garde et d'heures supplémentaires, on est habitués. C'est essentiellement sur la difficulté et la lourdeur des gardes de travail qui sont beaucoup plus fatigantes. Pour répondre à cette surcharge d'urgence, on a le plan hôpital sous tension qui est mis en place, avec des niveaux de degré d'intervention différente, jusqu'au plan blanc, le niveau 4. Ce jeudi, nous étions au niveau 2 avec des inquiétudes pour le week-end car on arrive sur le pic saisonnier de grippe avec un afflux important de patients attendu. Ayant déjà les capacités hospitalières saturées, nous passerons peut-être au niveau 3. Nous faisons le point au jour le jour.
Peut-on déterminer jusqu'à quand devrait durer ce pic ?
On en a au moins pour dix jours. L'année dernière, on a eu un deuxième pic qui est arrivé avec les mêmes difficultés. Ça c'était fini fin mars environ.
Propos recueillis par Corentin Corger