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Publié il y a 1 an - Mise à jour le 27.06.2023 - François Desmeures - 3 min  - vu 284 fois

LE DOSSIER Mammouth de Durfort : Élisabeth Vauclare, passion taille mammouth

Passionnée d'histoire, Élisabeth Vauclare a découvert le projet de restauration grâce à la radio.

- François Desmeures

Elle en a « toujours entendu parler », au départ du côté de sa grand-mère maternelle « que je n'ai pas connue ». Mais c'est d'entendre la radio l'évoquer, un jour de novembre 2020, qui fait entrer Élisabeth Vauclare dans la restauration du mammouth de Durfort. « J'ai pris ma retraite fin octobre 2020. Et le 11 novembre, j'entends parler du projet de restauration et de parrainage. »

Un jour béni pour croiser le maire du village, commémoration de l'Armistice de 1918 oblige. C'est finalement lui qui passe devant les fenêtres d’Élisabeth, de retour du dépôt de gerbe. « Il n'était pas au courant du projet. Il a envoyé une lettre au Muséum national d'histoire naturelle et j'ai eu un retour immédiat. »

Passionnée « de nature et de science », Élisabeth Vauclare a « toujours cherché des fossiles », explique-t-elle. « Et puis, j'ai eu la chance de faire de belles rencontres dans ma vie, comme Jean Coursier, avec qui je cherchais des fossiles. » Un chasseur, pêcheur, et ancien maquisard, qui en connaissait un rayon sur le village et la région. Élisabeth fait désormais partie de la société d'études des sciences naturelles de Nîmes.

L'annonce d'un projet de restauration du mammouth a relancé ses propres recherches, notamment dans les archives du muséum d'histoire naturelle gardois ou national. « J'avais aussi cherché les familles de découvreurs », poursuit Élisabeth Vauclare. Deux cantonniers, au départ, puis l'ingénieur Paul Cazalis de Fondouce et le paléontologue Jules Ollier de Marichard. « Aujourd'hui, tout prend tout son sens », sourit la chercheuse amateur en évoquant cette fin de XIXe siècle qui marque « les prémices de la paléontologie ».

« Je trouvais aussi que le mammouth aurait dû être plus valorisé ici », regrette l'habitante du village. L'un des précédents maires, Louis Caucanas, avait bien eu la volonté de poser une statue de mammouth sur le rond-point d'entrée de la commune, côté Tornac, mais cela ne s'était pas fait. Entretemps, Élisabeth Vauclare lui avait glissé qu'il ne s'agissait pas d'un mammouth laineux mais méditerranéen. En septembre 2021, les scientifiques descendent finalement à Durfort pour la première fois. Pas seulement Cécile Colin, la responsable de la galerie de paléontologie et d'anatomie comparée, mais aussi un paléogénéticien (Régis Debruyne), un paléontologue et un palynologue (étude des pollens). Une virée pour confirmer la volonté d'associer le village à la restauration de « son » mammouth. Mais aussi une mission scientifique supplémentaire pour affiner la datation du mammouth (lire par ailleurs).

Le mammouth de Durfort en cours de restauration dans le hangar de taxidermie du Jardin des Plantes. • Romain Cura

Élisabeth Vauclare réalise l'introduction de la conférence que donnent les scientifiques à l'occasion de leur venue. « La salle était pleine, se réjouit encore la passionnée, malgré le Covid et le passe sanitaire. » Et une phrase achève de lever les doutes d’Élisabeth sur les intentions parisiennes, « ils ont dit que le mammouth était le nôtre à tous ». Une identité réellement partagée qui se vérifie lors des deux campagnes de recherche en sous-sol, pour trouver d'autres restes permettant d'affiner la datation du mammouth, en juin et septembre 2022.

Si elle participe aux actions, Élisabeth conserve le nez dans les archives, récupérant des papiers retrouvés chez un descendant de Cazalis de Fondouce ou ceux que l'ancêtre avait laissés à la société d'archéologie de Montpellier dont il était président. Un président qui avait donné le crâne à sa société, « sous réserve qu'il reste dans la région ». Un Suisse avait bien tenté de l'acheter, « mais il était heureusement mort », sourit, gênée, Élisabeth Vauclare. Paris devra d'ailleurs payer le crâne à la société montpelliéraine pour lui faire retrouver le reste du squelette. « Il est bien là où il est », conclut Élisabeth Vauclare, qui préfère tout de même le voir dans le Muséum national que chez le rival montpelliérain. Même si elle a eu une inquiétude en montant, en octobre 2022, assister à une partie de la restauration, « quand j'ai vu tous ces ossements dans le hangar, j'étais inquiète, mais les scientifiques m'ont rassurée ».

Xavier Llerena devant le bassin du mammouth de Durfort. • François Desmeures

« Le mammouth, c'est le plus beau cadeau de départ à la retraite qu'on pouvait me faire », se réjouit Élisabeth Vauclare. Qui sait que le mammifère préhistorique occupera encore ses années de vie, entre un vague projet municipal d'espace muséographique, pour lequel Durfort pourra récupérer les panneaux d'information qui marquaient, dans la galerie, l'absence du mammouth, la poursuite du travail de recherche scientifique - même si de nouvelles fouilles sont illusoires -, ou la mise en route d'un ouvrage pour raconter l'aventure de la restauration. Il serait étonnant qu’Élisabeth ne signe pas quelques lignes de cet ouvrage.

François Desmeures

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