LÉGISLATIVES Pour Vincent Bouget (PCF), rassemblement ne doit pas dire ralliement
Si on était sur Facebook, la relation entre les communistes et le mouvement de Jean-Luc Mélenchon la France Insoumise pourrait être définie par « c’est compliqué ».
Si au niveau national, le PCF a acté le soutien à Jean-Luc Mélenchon, localement pour les législatives les deux parti(e)s ne parviennent toujours pas à tomber d’accord, la France Insoumise se plaçant en position de leadership et les communistes refusant la fameuse charte du mouvement mélenchoniste.
« Leur charte est un verrou »
Aujourd’hui, le chef du PCF gardois Vincent Bouget tape du poing sur la table. S’il affirme être toujours à la recherche du rassemblement, le Communiste admet avoir du mal avec la forme choisie pour la FI : « leur logique est pour l’instant exclusive, soit on est dedans, soit on est contre, leur charte est un verrou. » Lui prône de « travailler au rassemblement à partir du fond, le contenu doit déterminer le périmètre », et déplore le fait que la FI mette des « barrières », avant de rappeler que les meilleurs scores du Front de Gauche ont été réalisés « quand on part rassemblés, qu’on ne met pas de barrières, comme aux départementales. »
Plus largement, la structure de la France Insoumise « ne (le) satisfait pas, je veux bien travailler avec eux, mais je ne m’y retrouve pas » tout en précisant que « ce n’est pas grave, je ne leur demande pas d’adhérer au PCF. » Vincent Bouget ne se prive pas en revanche de tancer le fait que la FI « fait croire à l’horizontalité, mais le candidat et les porte-paroles n’ont jamais été choisis par qui que ce soit, sauf par le fait du prince », et de rappeler que « nous aussi on a travaillé pendant des mois sur un programme. » Une manière de montrer que les communistes refusent de se soumettre aux Insoumis ? « Ce qui se passe peut être vécu comme une soumission », reconnaît Vincent Bouget, avant d’appeler Jean-Luc Mélenchon « à réaliser que le rassemblement doit se faire avec les gens tels qu’ils sont, et pas dans une logique de ralliement » voire, en lisant entre les lignes, de reniement, les Insoumis exigeant par ailleurs la présence de leur seul logo sur les affiches de campagne. De là à y voir une tentative de se débarrasser, ou à tout le moins de ringardiser le PCF, il n’y a qu’un pas…
« La stratégie de cliver autour de la France Insoumise ne peut pas gagner »
Quant à l’accusation de « tripatouillages » lancée par le co-secrétaire départemental du Parti de gauche Luc Rousselot, Vincent Bouget la balaie d’un revers de main : « le PG n’a jamais craché sur le fait d’avoir des élus. On est capables d’en avoir par nous mêmes, ce n’est pas leur cas. » Et vlan. Quant à la question de la participation à des exécutifs socialistes, « on a une histoire dans les exécutifs, eux n’en ont pas. Par exemple, Jean-Luc Gibelin (vice-président communiste de la Région, ndlr) fait avancer beaucoup de choses sur les transports qu’on n’aurait pas pu faire avancer autrement. »
Reste que les positions semblent se cristalliser entre la FI et le PCF, et Vincent Bouget prévient : « la stratégie de cliver autour de la France Insoumise ne peut pas gagner. » Alors même si les différences semblent évidentes, elles restent périphériques pour le chef de file des communistes gardois, qui estime que « si on fait des points de clivage sur des choses très éloignées des préoccupations des gens, on n’arrivera jamais à rassembler. » Et plus prosaïquement, « si on présente des candidats FI et PCF partout, on se met en position de n’avoir aucun élu. »
De quoi envisager un retournement d’alliance, et un rapprochement avec Benoît Hamon, tout frais candidat PS à la présidentielle et représentant de l’aile gauche du parti ? « Son élection change la donne à gauche, reconnaît Vincent Bouget. Ça valide tout ce qu’on a dit depuis cinq ans. C’est une personne avec laquelle on peut au moins discuter », à condition qu’Hamon « assume une rupture avec le dernier quinquennat. » Pour l’heure, le premier des communistes gardois considère que « pour rassembler la gauche alternative, Hamon est moins légitime que Mélenchon. » Dont acte.
En attendant, les mélenchonistes ne semblent pas être pressés de revenir à la table des négociations avec le PCF, et pourraient être tentés d’attendre jusqu’aux présidentielles pour figer une position. Dans ce cas, pas sûr que le temps joue en faveur du rassemblement tant espéré, au moins par les communistes.
Thierry Allard (avec Coralie Mollaret)