NÎMES Ces auteurs et conteurs en herbe signent une oeuvre très originale
Une cinquantaine d'élèves de CM1-CM2 des écoles Lakanal et Jean-Jaurès à Nîmes a reçu la visite d'Elsa Hourcade et Jean-François Oliver de la compagnie Trig, dans le cadre d'ateliers culturels proposés par le théâtre de Nîmes.
Mardi 2 mars 2021, 13h30 à l'école Lakanal à Nîmes. Des jours comme celui-là, on se sent privilégié, dans la confidence d'un événement pourtant majeur, réservé à une poignée d'élèves nîmois. Elsa Hourcade et Jean-François Oliver passent la porte de la classe de Sophie Chapuzet. Nous leur emboîtons le pas, accompagnés de Marina Costas, chargée de relation avec le public scolaire au théâtre de Nîmes.
Les deux artistes de la compagnie montpelliéraine Trig, ne sont pas venus les mains vides et pendant qu'ils installent leur matériel, la vingtaine d'enfants présents a du mal à cacher son impatience. Dans quelques minutes, ils découvriront le fruit de leur travail entamé dès la rentrée des dernières vacances de Noël et cela grâce au théâtre de Nîmes et à la ténacité de ses équipes.
Malgré le report à 2022 des représentations du Joueur de flûte, la chargée de relation avec le public scolaire, également à l'œuvre sur la programmation jeune public au théâtre de Nîmes, souhaitait maintenir l'action pédagogique dans les écoles autour de cette adaptation contemporaine du célèbre conte des frères Grimm.
Car la présentation du spectacle n'est qu'une étape du projet porté par l'institution nîmoise, l'œuvre est travaillée en fonction des pistes pédagogiques choisies par les équipes enseignantes. "Pour ce projet, nous avons sollicité l'intervention de deux artistes, Elsa Hourcade, comédienne-metteuse en scène, et Jean-François Oliver, musicien, qui ont une approche artistique similaire à celle de la compagnie Oh ! Oui ", explique Marina Costas. Ainsi, au terme des 12 heures d'atelier, dans chacune des écoles Lakanal et Jean-Jaurès, ils ont créé avec les élèves de CM1-CM2, une version radiophonique du Joueur de flûte d’Hamelin.
Chapeautés par les deux intervenants et leur enseignant, les enfants ont dû s'imprégner du conte et en réécrire une partie. "Ça a été une expérience très riche pour les enfants qui ont été les acteurs de tout le processus de création", se satisfait leur maîtresse. Main dans la main, au sens figuré du terme, ils ont composé des phrases pour raconter cette histoire à leur manière, d'une belle manière.
Que l'enseignante se rassure, la maîtrise de la conjugaison au passé simple semble acquise. Le travail d'écriture achevé, les élèves et même les plus timides, se sont mis dans la peau de véritables conteurs pour faire vivre leur histoire. À ces belles voix pleines d'émotions, s'ajoutent l'arrangement musical et le bruitage. Un exercice qui a beaucoup amusé Fatima, 10 ans. Elle nous livre le secret pour faire le couinement d'un rat à l'agonie : "Il suffit d'étirer un morceau de ballon de baudruche".
Les sourires complices échangés entre les élèves, leur maîtresse et les intervenants témoignent du bonheur que chacun a pu ressentir lors de ce travail en commun. Mais toute histoire, aussi belle soit-elle, a toujours une fin. Ce mardi, Elsa et Jean-François venaient une dernière fois rencontrer les enfants des deux écoles pour leur présenter le résultat de cette collaboration.
Calmes et attentifs, Rayan, Idris, Selma, Ridhoine, Adam, Yassine et leurs camarades ont bu chacune de leurs paroles, frissonné à l'arrivée des rats, souri et même ri à l'écoute de certaines intonations, puis applaudi lorsque les six minutes de bande sonore s'étaient écoulées. "Vous reviendrez l'année prochaine ?", est aussitôt intervenu Adam, 11 ans. Malgré les masques, on pouvait deviner les larges sourires sur tous les visages.
"12 heures, ça passe vite. Nous leur avons imposé d'être très performants très rapidement, ce qui aurait pu ne pas être évident pour eux. Les enfants se sont très vite montrés enthousiastes et investis dans ce projet", se réjouit Jean-François. Et Elsa de poursuivre : "Ça a été un plaisir de travailler avec eux, d'échanger, de discuter, de leur faire vivre tout le processus de création et la frustration que ça peut entraîner. Et puis, nous, ça fait un moment que nous n'avons pas vu de public, c'est la base de notre métier."
Sophie Chapuzet s'associe au bonheur des deux intervenants : " Ça été une vraie bouffée d'oxygène dans ce contexte si particulier, et après une année où toutes les activités ont été annulées. Je remercie le théâtre de Nîmes, grâce à qui nous avons pu mener cette aventure." Une aventure qui ne s'arrêtera pas là, car si les enfants laissent, contraints et forcés, Elsa et Jean-François partir vers d'autres horizons, eux travailleront sur l'écriture de la suite de leur conte.
Stéphanie Marin