ALÈS AGGLO Malgré une abstention et deux départs, le budget a été voté

Président de l'agglo et désormais maire, Christophe Rivenq a présenté le budget primitif 2025
- François DesmeuresPrésidé par celui qui est désormais maire d'Alès, la séance du conseil communautaire d'Alès Agglo contenait une quinzaine de questions, dont le gros pavé du budget. Malgré les contraintes, les élus ont fait le choix d'un endettement supplémentaire pour atteindre le plus gros montant d'investissement de la mandature. Le tout en quasi consensus, à l'exception de l'opposition municipale d'Alès, qui a marqué sa différence et finalement quitté l'hémicycle lors d'un refus de parole.
Le pavé de plus de 1 500 pages est posé sur le pupitre du président Christophe Rivenq. Le budget primitif d'Alès Agglo était voté ce jeudi soir. Et comme il est discuté en amont entre bords politiques différents, selon le projet de territoire établi en début de mandature, il provoque rarement des éclats de voix en séance publique. Ce jeudi soir, deux points de vue, de l'opposition municipale d'Alès, et du délégué de La Vernarède, furent les seules voix contraires ou dissidentes.
Comme il en a l'habitude, Christophe Rivenq entame la présentation du budget sur les recettes et dotations en baisse en provenance de l'État ou de ce que l'État avait promis de compenser au moment de supprimer un prélèvement. Entre ce que l'État avait prélevé l'an passé, la perte de la taxe d'habitation dont les recettes auraient mécaniquement augmenté avec l'augmentation des bases et le manque à gagner sur la compensation de la TVA cette année, le président d'Alès Agglo chiffre : "Il nous manque 3,6 M€. S'ils y étaient, nous serions sur la dynamique prévue pour le projet de territoire."
"Il nous manque 3,6 M€. S'ils y étaient, nous serions sur la dynamique prévue pour le projet de territoire"
Christophe Rivenq
Pour construire le budget, les services d'Alès Agglo ont pu s'appuyer sur "cinq piliers", qu'il fallait conserver pour garder la maison agglo en phase avec son projet de territoire. "Stabilité fiscale, énumère Christophe Rivenq, maintien de l'ensemble des politiques publiques sur l'agglomération ; maintien des subventions aux associations et même une petite hausse de 120 000 € pour que les structures de la Petite enfance puissent payer le Ségur de la santé ; maintien du pacte fiscal et financier, pour les dotations de solidarité et les fonds de concours aux communes ; maintien du projet de territoire".
Et ce dernier volet méritait bien un sacrifice, validé lors du vote par la quasi-totalité de l'assemblée : "l'appel à l'emprunt et à notre excédent global de clôture". Au point de pouvoir porter le budget d'investissement à 32,7 M€, contre 24,5 M€ en 2024, l'endettement s'élevant, au 1er janvier, à 51,77 M€, soit 369 € par habitant. Le budget de fonctionnement, lui, s'élève à 122 294 000 €.
Avec les budgets annexes (pôle mécanique, régie autonome de l'eau, assainissement, parc des expos, etc.), le budget consolidé atteint 173,8 M€ en fonctionnement et près de 74 M€ en investissement. La création de centres de tri et de déchets porte 2,7 M€ d'investissement ; le secteur Temps libre prévoit de lancer la couverture de la piscine de Salindres ou encore la réhabilitation de celle de Saint-Julien-les-Rosiers, pour 2,3 M€. Etc.
Alors que Christophe Rivenq venait de finir sa présentation, la maire écologiste de Marsillargues-Atuech et conseillère régionale, Aurélie Génolher, s'est lancée dans un hommage, pour la dernière année de la mandature, aux élus, à cette assemblée et au travail réalisé. "Parfois je vois des territoires, et parfois plus de gauche que nous. Mais je ne vois pas la même volonté." Après un résumé de la noblesse du rôle d'élu, elle a enjoint ses homologues délégués : "Soyons fiers de présenter un budget de la sorte." Le bruissement qui a accompagné la prise de parole de Paul Planque, élu communiste d'opposition à Alès, annonçait un ton légèrement différent...
"Je souhaite dire à mes collègues qu'il est possible de faire autrement"
Paul Planque
"Plus que son contenu, la méthode interroge", entame Paul Planque, qui regrette un budget élaboré "en dehors de toute démarche participative. Je souhaite dire à mes collègues qu'il est possible de faire autrement". Un sujet souvent abordé par l'élu en conseil municipal, qui voudrait une consultation régulière des désirs de la population. Puis, il s'étonne qu'une part du renouvellement urbain d'Alès soit payée par l'agglomération : "Que penser des décisions qui font peser à d'autres communes la recomposition de l'offre ?" Avant de s'en prendre directement au duo qui préside le conseil, Christophe Rivenq et Max Roustan. "Peu d'intercommunalités fonctionnent comme Alès Agglo, avec la présidence et la vice-présidence" données à la ville-centre, allant jusqu'à dénoncer un "tandem à la Poutine-Medvedev".
"Ce budget a été l'objet de nombreuses réunions et rencontres préalables"
Patrick Malavieille
"Je suis suffisamment démocrate pour vous laisser penser ce que vous pensez", cingle Christophe Rivenq pour seule réponse. Et si le maire du Martinet, Michel Mercier, a dit sa préoccupation d'un manque de finances pour les budgets futurs, Patrick Malavieille a marqué, à travers ses mots, une forte différence d'appréciation entre le communiste d'opposition de la mairie d'Alès qu'est Paul Planque et celui vice-président d'Alès Agglo qu'il est. "Ce budget a été l'objet de nombreuses réunions et rencontres préalables. La situation est complexe à tous les niveaux. Ce qui est rassurant avec le budget présenté ce soir, c'est que nous maintenons les niveaux essentiels."
Puis, l'ancien maire de La Grand'Combe a expliqué à l'intention de son camarade Planque qu'on ne vient pas à l'agglo uniquement pour vérifier que sa commune "n'est pas oubliée, je ne suis pas venu à l'agglo pour ça. Nous avons pensé que cela pouvait être une chance pour le bassin d'Alès, avec une ville centre qui est la locomotive". Et que celle-ci ne peut oublier "les wagons" que sont les villages.
"On ne perd pas grand-chose"
Max Roustan, à propos du départ de Paul Planque
Béatrice Ladrange s'est ensuite interrogée sur la forte hausse du budget du Plan alimentaire territorial (PAT), de 175 000 à 780 000 €, craignant qu'il serve à payer une part des travaux des Halles d'Alès. Ce qui est effectivement le cas, pour la majorité de la somme, auquel s'ajoute l'achat d'un camion-cuisine. Paul Planque a alors voulu reprendre la parole, mais Christophe Rivenq l'en a empêché, provoquant le départ de l'élu alésien et de Béatrice Ladrange, solidaire de son collègue au conseil municipal. "On ne perd pas grand-chose", a commenté Max Roustan à voix haute. Avant de sortir, Paul Planque a alors fait volte-face, dénonçant une insulte et pointant les deux membres de l'exécutif, en affirmant que cela n'en resterait pas là.
Maire de Cendras, Sylvain André s'apprêtait à parler. Il a sommairement regretté que le président n'ait pas laissé la parole à l'élu, tout en lâchant : "C'est vous qui animez les débats en tant que président." Max Roustan a attendu... mais son attitude annonçait une prise de parole. Il est revenu sur la question des logements sociaux, alors qu'Alès en contient plus de 30 %. "Je ne peux pas laisser dire que je suis contre les logements sociaux. Je suis contre les ghettos. Mais des logements sociaux, j'en ai créé au Rieu, des qualitatifs. Et s'il n'est pas content, qu'il se casse !"
L'élu de La Vernarède, Henri Cros, aura finalement été le seul à s'abstenir lors du vote du budget, alors que Paul Planque et Béatrice Ladrange avaient annoncé leur intention de le faire. Alors que les dissensions risquent de monter dans les communes, à moins d'un an des municipales, l'agglo s'est épargnée une dernière année consensuelle.