ALÈS La capitale des Cévennes contient la vague RN qui grapille dans les quartiers
Contrairement à des nombreuses communes périphériques, dont Saint-Privat-des-Vieux qui a plébiscité Marine Le Pen (54% des suffrages), la ville d'Alès a contenu la vague Rassemblement national (RN) en plaçant Emmanuel Macron légèrement en tête (51,65%). Mais avec 48,35% des voix, la candidate d'extrême-Droite jouit tout de même d'une nette progression de près de 10 points de pourcentage par rapport à 2017. Ses scores particulièrement élevés dans de nombreux quartiers alésiens (54,6% aux Promelles, 50,4% à Rochebelle, et 52,85% dans un des deux bureaux de vote des Près-Sant-Jean) inquiètent certains élus locaux.
Les réactions des militants et élus locaux :
Francis Bassier, élu d'opposition (Rassemblement national) de la ville d'Alès : "On a marqué l'essai au premier tour mais on n'a pas pu le transformer. La prochaine fois sera la bonne si l'on en croit les courbes ascendantes de Marine Le Pen lors des trois dernières élections. La prochaine fois, le paysage politique sera complètement différent. Les Républicains n'existeront plus. Il y aura un grand parti du centre qui partira de l'aile droite du Parti socialiste jusqu'à la Droite actuelle. Et nous (le Rassemblement national, NDLR) progresserons car certains Républicains viendront au RN. Même si le problème du RN, c'est que l'immense majorité des grands médias tente de nous couler. Ils sont aux mains de cinq grands groupes. Dans ces conditions, parvenir à faire 42%, ce n'est pas si mal que ça ! Quant aux Législatives, je pense que sous la Ve République, quand les élections législatives suivent la Présidentielle, le Président qui a été élu, quel qu'il soit, obtient une majorité. Je pense donc que Macron aura sa majorité. À titre personnel, je ne suis pas favorable à des candidatures communes avec Reconquête ! Ils ont divisé, maintenant c'est trop tard. Reconquête ! va finir avec zéro élu, et nous (RN) n'en aurons pas beaucoup."
Alain Martin, militant La France insoumise (LFI) et Evelyne Herbau, chef de file (LFI) sur la 4e circonscription pour les Législatives : "Sur Alès et partout ailleurs, certains électeurs de La France insoumise ont exprimé un vote de rejet, soit en ne se déplaçant pas, soit en votant de manière inédite pour Marine Le Pen. D'autres ont fait barrage à l'extrême-Droite. Mais en résumé, Macron est le Président le plus mal élu de la Ve République. C'est le Président du rejet. Il n'y a aucune approbation de son programme. On a vu les dégâts qu'il a causés. Il faut inverser cette hiérarchie aux élections législatives en empêchant Macron d'appliquer sa politique destructrice des droits sociaux en votant massivement pour les candidats de l'Union populaire. Notre rôle de militants, c'est de motiver les gens pour leur dire que ce n'est pas terminé. Il y a un troisième tour à disputer. Et on ne pense pas qu'il y aura le même raz-de-marée qu'en 2017 pour Macron à l'Assemblée nationale.
Arnaud Bord, conseiller d'opposition à la mairie d'Alès et premier secrétaire fédéral du Parti socialiste du Gard : "Le résultat est plutôt un soulagement car on a évité le pire. Il faut tirer des enseignements de ce qui se passe sur Alès avec la montée de Marine Le Pen. Ce basculement du vote doit interpeller. Il y a des bastions populaires qui basculent vraiment dans la contestation avec Marine Le Pen et ça c'est très inquiétant. Une autre bataille s'engage désormais avec les Législatives. Tout ne pourra pas être accepté mais il faut trouver des convergences avec les forces de Gauche pour exercer un vrai contre-pouvoir à Macron qui va devoir faire preuve d'humilité. À l'issue de ce quinquennat, il ne pourra plus se représenter donc il sera sans filet pendant cinq ans. S'il applique son programme à la lettre, il y a matière à s'inquiéter sur le plan social. Si j'ai voté Emmanuel Macron aujourd'hui, ce n'est certainement pas pour Emmanuel Macron et son programme, mais plutôt contre Marine Le Pen, car je sais faire la différence entre ceux qui menacent la République et ceux qui menacent le pacte social."
Philippe Ribot, maire de Saint-Privat-des-Vieux (majorité présidentielle) : "Avant le premier tour, j'ai souhaité rester fidèle à mes idées centristes de toujours. La ligne droitière de l'alliance UDI-LR m'a laissé sur le bord de la route. Quand la majorité présidentielle m'a sollicité, j'ai accepté de participer à l'aventure. Le président nouvellement élu a un immense chantier devant lui. Il doit regagner la confiance des Français. Il y a eu deux formes de rejet qui ont été exprimées à son égard. Un rejet sur le fond et un rejet sur la forme. Mais je le crois capable de montrer son empathie et son écoute au plus grand nombre. À ses côtés, je veux apporter ma sensibilité de centriste. Quelqu'un d'équilibré qui a la faculté de parler à tout le monde. Pour les Législatives, je vais appeler au plus large rassemblement pour gagner cette 4e circonscription. Avec Les Républicains, on a des choses à faire ensemble."
Léa Boyer, conseillère municipale de la ville d'Alès et candidate aux élections législatives sur la 5e circonscription : "Les résultats à Alès doivent interpeller ! Ils sont le fruit de la politique d'Emmanuel Macron qui a délaissé les quartiers pendant les cinq dernières années. Pour les Législatives, je vais me positionner comme une candidate Les Républicains, comme je l'ai toujours fait. Je ne vais pas essayer de représenter ce que je ne suis pas. Je représenterai mes électeurs de manière authentique. Je crois que Les Républicains ont encore de quoi travailler et proposer. On doit s'appuyer sur des élus expérimentés. Les Républicains sont encore là. On le voit lors des élections de territoire lorsqu'on remporte des cantons et des régions."
Propos recueillis par Corentin Migoule