Publié il y a 7 h - Mise à jour le 14.03.2025 - Abdel Samari - 2 min  - vu 265 fois

ÉDITORIAL Centres de rétention administrative : la surenchère de Bruno Retailleau

Photo archive Objectif Gard

Il va falloir que le ministre de l'Intérieur, après les effets d'annonces, nous explique comment il compte s'y prendre pour conserver encore plus longtemps des citoyens étrangers alors qu'il manque déjà un nombre immense de places pour accueillir tout le monde ?

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a annoncé mercredi sur RTL la volonté de prolonger jusqu’à 18 mois, contre trois actuellement, la durée maximale de maintien dans les centres de rétention administrative des migrants en situation irrégulière. Sur le modèle allemand, le leader de la Droite veut imposer une nouvelle disposition visant à alourdir le temps de détention. De personnes, des milliers, qui pour l'immense majorité n'ont jamais été condamnées à quoi que ce soit. Si ce n'est à vivre dans le pays des droits de l'Homme sans y avoir été formellement invitées. Ces différents sites, rappelons-le, étaient à l'origine censés être des lieux de passage temporaire avant un retour dans le pays d'origine. Des mesures d'éloignement dans l'attente d'un retour forcé. Sauf que tous les pays ne veulent pas toujours récupérer aussi facilement ces clandestins. Les procédures de négociation peuvent être particulièrement longues, souvent au détriment de l'étranger. Pendant ce temps-là, ils se retrouvent bloqués. 2 000 places existent aujourd'hui dans les 26 centres référencés en France, dont Nîmes, comme le souligne récemment le rapport de l'Observatoire de l'immigration. Un nombre bien en dessous de la réalité des décisions prononcées : plus de 100 000 à l’encontre de ressortissants étrangers en 2023. Alors que les effectifs policiers dans les CRA sont sous-dimensionnés, avec les difficultés de recrutement. Il va falloir que le ministre de l'Intérieur, après les effets d'annonces, nous explique comment il compte s'y prendre pour conserver encore plus longtemps des citoyens étrangers alors qu'il manque déjà un nombre immense de places pour accueillir tout le monde ? De surcroît, quand notre pays doit faire face aux OQTF (Obligation de quitter le territoire français) dangereux, qui se baladent dans la nature, alors qu'ils devraient être soit sous contrôle permanent, soit renvoyés en urgence vers leur pays d'origine. Il serait donc peut-être plus pertinent de concentrer l'énergie des services de l'État et des forces de police davantage sur ces cas sensibles. Avec, en effet, une prolongation des procédures d'éloignement quand le risque est grand. En ce qui concerne les familles parfois avec des enfants mineurs, il y a lieu d'agir avec discernement et humanité. D'autant, comme le rappelle régulièrement le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, que dans le quotidien des retenus, le respect de la dignité et de l’intimité n'est pas toujours au rendez-vous... Dans l'indifférence quasi-générale !

Abdel Samari

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