ÉDITORIAL Réforme des retraites : François Bayrou trahit sa parole et le Parti socialiste

Le Premier ministre François Bayrou durant son discours de politique générale à l'Assemblée nationale.
- Photo MaxPPPLors de sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale, le 14 janvier dernier, il avait assuré qu'aucun tabou n'existait. Pas même l’âge de départ à la retraite.
À quoi joue François Bayrou ? Invité de France Inter hier dimanche, le Premier ministre a exclu, sans sourciller, le retour à l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans. Pourquoi cette annonce tout de suite et maintenant alors que le patron du Modem avait assuré, en janvier, sa volonté d'ouvrir le dialogue sur la réforme des retraites, particulièrement controversée ? Un conclave avec les partenaires sociaux pour entamer un chemin de dialogue, qui avait cruellement manqué il y a plusieurs mois. Adopté par l'utilisation du 49.3 par le gouvernement d'Elisabeth Borne, le texte avait repoussé l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans… Alors que les discussions débutent à peine. Et devaient se poursuivre jusqu'au 28 mai. François Bayrou ferme la discussion. Et ne tient pas sa promesse. Lors de sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale, le 14 janvier dernier, il avait assuré qu'aucun tabou n'existait. Pas même l’âge de départ à la retraite. Deux mois après, il se contredit. Mais surtout, trahi sa parole vis-à-vis du Parti socialiste qui n'avait pas voté la censure, espérant une meilleure intégration de l'opposition dans les projets de réforme. La question ce matin n'est pas de s'affranchir de la réalité économique, de la dette de notre pays, et de l'espérance de vie qui permet en effet d'envisager le prolongement de la vie professionnelle. Il est plutôt en lien avec la notion de confiance et de forme. Soit, on laisse un groupe d'experts et des partenaires sociaux dialoguer pour trouver le meilleur compromis. Et ainsi faire face aux dernières projections du Conseil d'orientation des retraites (COR) qui annoncent une accentuation du déficit des retraites. Soit, on envisage une véritable révolution du système après 2027. Sinon, on ferme le ban et on change encore de Premier ministre et de gouvernement en attendant la prochaine dissolution…