ÉDITORIAL Vis ma vie de politique

La réalité économique, juridique, structurelle d'une ville empêche la plupart du temps de mener à bien des projets rêveurs. La porte ouverte à toutes les frustrations.
Depuis plusieurs semaines maintenant, tous les candidats aux prochaines échéances électorales n'ont qu'une seule obsession, faire appel à la participation citoyenne. Comme si aujourd'hui, pour construire un programme, il fallait obligatoirement passer par le registre de la consultation des habitants. Bien entendu, il est important de prendre en compte l'avis des électeurs. Mais ce n'est pas l'alpha et l'oméga d'une volonté politique. Habituellement, un candidat qui veut diriger une ville, y habite. Et connait déjà ses difficultés. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il se présente : dans l'espoir de changer un peu la vie des gens. Et faciliter le quotidien de tous les acteurs locaux. C'est encore plus vrai quand ce même candidat est élu d'opposition depuis longtemps. Il devrait savoir mieux que les autres ce qu'il faut entreprendre comme changement. Cette envie de faire appel exclusivement aux administrés pour construire un projet laisse donc un goût bizarre. Le début de la fin du principe même de l'engagement politique. Sinon, à croire que tout le monde peut se présenter finalement s'il suffit d'aller interroger les gens pour savoir ce qu'ils veulent. Il y a dans tout cela en sus une forme de démagogie dangereuse. Car il est faux de faire croire que tout est possible et réalisable. La réalité économique, juridique, structurelle d'une ville empêche la plupart du temps de mener à bien des projets rêveurs. La porte ouverte à toutes les frustrations. Il est plus intéressant, plus pertinent, de poser les bases d'un changement par une équipe politique qui s'est assuré bien en amont de ce qu'il était possible de faire ou pas. On critique beaucoup les professionnels de la politique. Mais c'est un véritable métier. Qui n'est pas à la portée de tous. Prétendre le contraire, c'est induire en erreur les citoyens. C'est beaucoup de travail, de nombreuses complexités à résoudre. Et cela nécessite, patience, énergie et volonté. Tout en étant empathique face aux difficultés ou à la détresse d'une partie des administrés. Aujourd'hui, tout le monde s'improvise commentateur sur les réseaux sociaux. Éditorialistes, journalistes. C'était déjà une vilaine habitude dans le sport chez nous. Cela vient percuter la politique désormais. Chacun pense d'ailleurs que les élus sont interchangeables. Que tout est facile. Beaucoup pensent même qu'ils pourraient être à l'Élysée et faire bien mieux que n'importe qui. Foutaise.