FAIT DU SOIR Dans le Gard rhodanien, avec les chantiers d’insertion « tout le monde est gagnant »

Sur le chantier d'un mur en pierres, à Saint-André-d'Olérargues, ce mardi matin
- CC / CD30Jalal le dit sans ambages, avant d’intégrer un chantier d’insertion de l’association Passe muraille, il était « au plus bas au niveau professionnel. » Aujourd’hui, après une longue expérience dans le bâtiment, il a de nouveau des perspectives, et une formation de plombier-chauffagiste en vue.
Jalal fait partie des 93 personnes qui ont été salariées en CDDI, le contrat à durée déterminée d’insertion, en 2024 sur le territoire de l’Agglomération du Gard rhodanien, et des 46 % d’entre elles qui font partie des « sorties positives », comme on dit dans le jargon administratif, comprendre des personnes qui, à l’issue d’un chantier d’insertion accèdent à un emploi ou à une formation.
C’est tout le but de ces chantiers d’insertion réalisés par Passe muraille sur le territoire depuis 2002, et dont l’Agglomération est maître d’ouvrage depuis sa création en 2013. « Avec de vraies réussites », souligne son président Jean-Christian Rey mardi matin à l’occasion du « Tour opérateur », un événement annuel qui met en lumière ces dispositifs. L’occasion, surtout, « de le rendre plus concret, car c’est quelque fois un peu abstrait, mais il s’agit de bien plus que des lignes sur des feuilles », reprend l’élu, avant d'aller visiter des chantiers à Goudargues et Saint-André-d'Olérargues.
« Ça m’a redonné goût au travail »
À travers ces chantiers, qui salarient durant plusieurs semaines des personnes éloignées de l’emploi, l’insertion croise la restauration du petit patrimoine des communes de l’Agglomération. 21 d’entre elles en ont bénéficié en 2024, 19 sur des chantiers de bâtiment et d’espaces verts et 7 en communication, à travers un atelier dédié lancé en 2019 et qui a permis de toucher aussi un public plus féminin, et 50 projets en tout ont été réalisés. Du côté des participants aux ateliers, qui ont pu aussi bénéficier d’immersion au sein d’entreprises du territoire, un mot revient : la confiance en soi, souvent sévèrement écornée par des années de chômage, 54 % des participants aux chantiers de 2024 dans le Gard rhodanien étant demandeurs d’emploi depuis plus de deux ans, et 61 % bénéficiaires du RSA.
« Ça m’a apporté de la confiance en moi, avec une équipe bienveillante qui m’a permis de revoir mon projet professionnel », affirme ainsi Sonia, qui participe à l’atelier numérique de Passe muraille depuis janvier 2024. « Ça m’a apporté de la confiance au niveau de l’informatique, j’ai 53 ans et je n’y connaissais rien », en dit Johnny. Désormais, tous deux ont des perspectives : Sonia veut se lancer comme graphiste à son compte, et Johnny a une piste pour un poste au Centre hospitalier de Bagnols.
« Ça m’a redonné goût au travail », affirme Jalal, quand Jennifer affirme que pour elle, qui se destine au métier de peintre en bâtiment, « ça a changé la donne » tant au niveau professionnel que personnel. Car Passe muraille les accompagne aussi pour lever les freins à l’emploi, autant de difficultés sociales comme la mobilité, le logement, la santé ou encore le surendettement dont plus de 95 % des participants aux chantiers de 2024 sur le territoire étaient confrontés, souvent en cumulé.
Un vrai plus pour les bénéficiaires, mais aussi pour les communes qui voient leur petit patrimoine restauré : ici un muret en pierres ou un abri-bus, là un débroussaillage. D’autres, comme Saint-Nazaire, ont bénéficié du graphisme de leur journal municipal ou de leur agenda. « Tout le monde est gagnant », affirme Jean-Christian Rey, qui loue « une belle aventure humaine », rendue possible par des financements de l’Europe, de l’État et du Conseil départemental.
« Un partenariat exemplaire »
« Le Département et l’État viennent financer car il y a des politiques publiques portées par cette Agglomération », rappelle le vice-président du Conseil départemental chargé de l’Insertion Rémi Nicolas, qui salue « une politique volontariste qu’on ne retrouve pas partout, c’est un enjeu pris à bras le corps par l’Agglomération du Gard rhodanien. » « Ici nous avons un partenariat exemplaire qui nous permet de travailler avec quasiment la moitié des communes chaque année », souligne le directeur de Passe muraille Pierre Plancheron. Sur ce territoire de 44 communes, certes le chômage est plus bas que sur d’autres territoires, industrie nucléaire oblige, mais on compte tout de même « 2 300 bénéficiaires du RSA », rappelle le vice-président du Département, soit 3 % de la population.
Alors dans ce contexte, l’insertion par l’activité économique a son mot à dire : « c’est un dispositif très cher à l’État dans la lutte contre le chômage », souligne Laurie Bertin, chargée de mission développement emploi et territoires à la Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS) du Gard. Un dispositif vu par l'État comme « une solution concrète pour les personnes les plus éloignées de l’emploi. » À l’échelle du département, « plus de 2 500 personnes ont été embauchées en 2024 par ces structures », rappelle Laurie Bertin, et plus de 9 millions d’euros sont mobilisés par les services de l’État pour ces dispositifs.
Pour le Département, l’insertion est « une des priorités de nos politiques publiques malgré le contexte budgétaire que nous connaissons », souligne Rémi Nicolas, avant de rappeler que l’assemblée départementale a voté vendredi dernier « 2,7 millions d’euros pour les chantiers d’insertion », sur un budget global pour l’insertion de 7,8 millions d’euros. Les six chantiers portés par Passe muraille ont été financés par le Département à hauteur de 467 000 euros en 2024. L’Agglomération mettra pour sa part 180 000 euros en 2025 sur ces chantiers.