FAIT DU SOIR À Camprieu, barrage et pont du lac du Devois sécurisés pour des décennies

La maire, Nicole Amasse, aux ciseaux, entourée d'Anne Levasseur et Martin Delord, pour l'inauguration attendue depuis octobre
- François DesmeuresIl aura fallu deux ans d'efforts administratifs et de travaux pour venir à bout du chantier du lac du Devois, qui retient les eaux de la rivière le Bonheur, avant qu'elle ne poursuive sa route sur la commune de Saint-Sauveur-Camprieu. Si les travaux ont avancé à un an d'intervalles, entre pont et barrage, c'est que la partie était loin d'être gagnée pour la commune qui ne savait pas, en 2022, comment financer les travaux.
C'était le curage du lac qui avait révélé l'usure avancée du barrage. Et ce même curage qui avait fini d'endommager le pont d'accès, par le passage répété de camions chargés sur la seule route possible (relire ici). Mais dès septembre 2022, la tâche à accomplir semble colossale pour la commune, et les montants himalayesques. Comme le lac ne permet pas de lever de subventions automatiques, le pont devient la prioirité en matière de travaux.
Mais, pendant ce temps-là, la maire, Nicole Amasse, s'active pour dégager des enveloppes des différents budgets de collectivités afin de mener des travaux bien trop coûteux pour sa seule commune. On parle alors de 202 000 € HT pour le pont et de 400 000 € pour le barrage et ses contraintes de saisonnalité des travaux... (le montant total atteint finalement 681 921 €). Avec la sous-préfète du Vigan, Anne Levasseur, Nicole Amasse trouve une alliée de poids qui ira chercher du côté des fonds verts pour financer l'affaire, tandis que le Département apportera près de 30% des subventions.
Si on englobe la volonté de curage du lac, "ce sont cinq années de réflexion, de choix et de réunions administratives" qui aboutissent avec l'inauguration du pont et du barrage, a expliqué la maire, Nicole Amasse. Il aura aussi fallu "deux ans pour obtenir les autorisations, avec la difficulté que le Bonheur est une rivière de première catégorie et poissonnée" (relire ici). Alors même les premiers signalements montrant une fatigue du barrage et des "désordres structurants" remontent à 2012 et que l'eau traverse allégrement les maçonneries, en 2022, dans les 15 à 20% de vide de la structure.
Mais, à travers les discours qui ont précédé l'inauguration, les élus ont clairement laissé entendre que le barrage a bénéficié d'une des dernières fenêtres de tir que les finances publiques lui autorisaient. Car, si le Département a fortement contribué au financement, "je crains qu'il ne puisse plus venir aider, à terme, sur ce genre de chantier", a redouté le conseiller départemental du Vigan et vice-président aux routes, Martin Delord.
La Région ne prendra aucun nouveau dossier de subvention en 2025
Pire avec les annonces de Régis Bayle, venu en voisin mais surtout en tant que conseiller régional. S'il s'est félicité d'avoir réussi à apporter un modeste 5% des subventions, alors même que "aucune doctrine de la Région ne correspond à ce type d'opération", Régis Bayle a prévenu qu'il n'avait "pas de bonnes nouvelles à annoncer", alors que l'État ponctionne le budget régional de 200 millions d'euros sur les trois milliards qui le composent. "Les dossiers qui ont déposés avant octobre 2024 seront instruits en 2025. Mais, il n'y aura pas de nouveau dossier accepté en 2025, ce sera pour la prochaine mandature", a cinglé le président du Pays viganais. Une annonce qui accompagnait à merveille le vent glacial et les 2° de la matinée au bord du lac...
En président de Causse-Aigoual-Cévennes - dont la communauté de communes a apporté plus de subvention que la Région Occitanie -, Gilles Berthézène a ramené le sujet sur le territoire, en soulignant l'importance du lac en matière de tourisme, de maintien de la biodiversité et de lutte contre les incendies. Quand la sous-préfète du Vigan a loué "la capacité, pour de petites collectivités territoriales, à porter des dossiers", se félicitant d'une "victoire pour la collaboration que ça a engendré". Une collaboration qui pourrait bien être mise à mal par les importantes réductions budgétaires. Au point de se demander si les photos d'élus et responsables satisfaits lors d'une inauguration, qui a impliqué leur institution, ne pourront plus se retrouver, dans quelques années, qu'au seul rayon archives...