Publié il y a 3 h - Mise à jour le 24.02.2025 - François Desmeures - 4 min  - vu 349 fois

FAIT DU SOIR Café Karma va arpenter les hautes Cévennes pour faire déguster sa science

La remorque Café Karma de Julie Engelmann sera sur les marchés à partir d'avril

- François Desmeures

Au mois d'avril, Julie Engelmann lancera sa remorque sur les routes cévenoles pour rejoindre les marchés locaux et développer son petit Café Karma. Un commerce qui est le fruit d'années d'intérêt pour la boissson, et qui se propose de faire sentir les nuances d'un café scientifiquement dosé et maîtrisé aux potentiels clients ruraux. Le tout dans quelques mètres carrés et une terrasse à l'échelle des places de village. Rencontre. 

Julie Engelmann souhaite faire découvrir du café soigné aux habitants de la ruralité • François Desmeures

Elle y est allée un peu à reculons. Mais elle a finalement dépassé les plus passionnés de sa famille en la matière. En clair, le café n'était pas une habitude matinale chez Julie Engelmann. "Pendant longtemps, confie-t-elle, alors que j'avais trois hommes qui étaient fan de café dans la famille." Mais la boisson ne l'intéresse pas tant que ça, jusqu'à vivre dans ce véritable melting-pot mondial qu'est San Francisco. "J'y ai appris ce que ça voulait dire de boire du bon café." 

Le lien n'est pas intuitif pour un Français, qui garde en tête la caricature du café américain qui colore l'eau mais garde une allure de soupe, servi en litre dans les brasseries filmées par Hollywood. Mais San Francisco est un monde à part où éthique et qualité se rejoignent, en matière de pratiques culinaires. "Faire du café, ce n'est pas qu'un bouton à pousser, dit celle qui déconseille même les machines à expresso automatiques. Et ça m'a fasciné de plus en plus." Alors, après six années à tourner en camion à la recherche des meilleurs spots de high-line, et s'être posée en 2023 à Chamborigaud, Julie a pensé proposer le fruit de ses recherches aux clients du monde rural. 

"Voir si ça peut intéresser dans le monde rural"

Julie Engelmann, barista itinérante

"Il me fallait aller jusqu'à Nîmes pour avoir un bon café qu'avec de la graine de spécialité", raconte Julie. Sans parler de pouvoir s'offrir un "flat white", préparation qui ressemble au cappuccino. Et comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, Julie a commencé à cogiter. Pourquoi ne pas importer dans les Cévennes son savoir, le faire découvrir, en faire commerce et "voir si ça peut intéresser dans le monde rural"

Quatre mois de travaux ont été nécessaires pour bâtir une remorque/commerce à sa main • François Desmeures

Une idée qui implique une itinérance, alors que Julie ne se voit pas investir en dur dans un commerce qui aurait peut-être du mal à trouver son public dans un village. "Et puis, je connais la vie "en roulant", ça ne me fait pas peur", dit-elle à moins de deux mois de prendre la route avec sa caravane. Elle délivrera alors, au sein des marchés, son identité caféinée. 

"Pour moi, tout commence avec la graine", explique Julie Engelmann, qui a mis un an de tests pour trouver la qualité qu'il lui fallait, à près de 25€ le kilo. Mais une bonne matière première ne suffit pas, car "si on ne sait pas la préparer, on peut finir avec un café qui n'est pas bon". Au total, Julie liste une dizaine de facteurs essentiels à la production d'un bon café, parmi lesquels la température à laquelle la graine est restée, et combien de temps, la pression, l'anciennenté du grain, la dureté de l'eau, etc. Le tout, sans avoir peur de réhabiliter une part de robusta dans son café à des Français qui ne jurent plus que par l'arabica.

Timer de contrôle et balance électronique

Pour produire son jus, elle s'applique "deux ou trois règles". Comme la quantité de café moulu pour les doubles expressos qu'elle sert (au format italien), "entre 17 et 20 grammes", qu'elle finit de faire descendre dans le percolateur à l'aide d'aiguillles d'acupuncture, en raison d'une mouture très fine qui attire la poudre du café vers les bords, comme le ferait l'électricité statique. "L'expresso doit sortir entre 20 et 30 secondes." Dans ce laps de temps, entre 36 et 40 ml doivent être extraits de ces - mettons - 18 mg de café. Julie dispose donc d'un "timer de contrôle" et d'une petite balance électronique, sous la tasse, pour vérifier que les ratios restent contenus dans ce qu'elle attend. 

Julie pèse d'abord la quantité de café moulu... • François Desmeures

Enfin, avant de le servir, elle remue l'expresso, tout en conservant la crème sur le dessus. "Sinon, acidité, amertume et corps restent séparés, explique-t-elle, l'acidité reste en haut et peut étouffer le goût." Et la douceur dans tout ça, à une époque où sucrer son café semble devenir une insulte au bon goût ? Julie Engelmann ne s'élève pas en ayatollah du bon café, et comprend que les saveurs varient selon les gens. Mais elle conseille tout de même de "goûter avant de prendre du sucre"

... avant de peser la quantité obtenue • François Desmeures

La petite remorque de Julie se veut à l'image de ce qu'elle compte servir, authentique et accueillante. C'est aussi son oeuvre, le fruit d'un travail de rénovation de quatre mois réalisé à la maison. En plus des multiples préparations à base de cafés qu'elle va proposer, elle a préparé des fiches sur les différentes façons de préparer du café, et mettra aussi à la vente des artisans avec qui elle collabore. En commençant par la céramiste de Viols-le-Fort qui lui a confectionné ses tasses, Olga Céramique ; des bijoux en macramé de Vallon-Pont-d'Arc ; d'autres en argent de Loop Contraste ; ou encore d'autres en bois d'Elëiss'Art. "On trouvera aussi mes propres créations, comme des dessins, des cartes postales (Julie est aussi photographe, NDLR) et des magnets." 

Dimanche 13 avril, la remorque de Julie Engelmann trônera pour la première fois sur le marché de Chamborigaud. Elle a déjà prévu d'être à Saint-Ambroix le mardi, à Génolhac le samedi, et chez le maraîcher bio de Chamborigaud le jeudi (les Concombres musclés) quand aura rouvert la vente à la ferme. Elle sera évidemment présente lors du festival La Belle R de Chamborigaud, ce qui devrait faire exception : pour l'instant, elle se heurte à la frilosité des comités des fêtes et organisateurs d'événement qui craignent que son petit commerce ne vienne empiéter sur les recettes de café des bars et comptoirs provisoires.

Une position absurde, car il est peu évident que le petit noir du comptoir du PMU local pâtisse de la présence du Café Karma, tant les produits sont différents. Et surtout un contresens car, si Julie espère bien vendre son café dans les villages, elle souhaite avant tout ajouter de la convivialité aux lieux qu'elle fréquentera. Autour d'un bon, d'un très bon café... 

La remorque Café Karma de Julie Engelmann sera sur les marchés à partir d'avril • François Desmeures

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