FAIT DU SOIR Coutellerie Le Camarguais : de père et en fils

Didier, Clément et Christine Lascombe
- Photo Corentin CorgerFondateur il y a 32 ans de la coutellerie à Bezouce, Didier Lascombe prend sa retraite et laisse la gestion de l’entreprise à son fils Clément, présent à ses côtés depuis 16 ans.
À l’instar d'autres produits gardois, le couteau Le Camarguais avec son manche en corne de taureau ou en bois d'olivier fait partie des fiertés locales qui s’exportent désormais au-delà du département. En 1993, Didier Lascombe, ancien raseteur professionnel contraint d’arrêter sa carrière après un violent coup de corne, se forme et installe son atelier de fabrication de couteaux dans son garage. Avant de construire son propre bâtiment, au milieu des oliviers, à Bezouce en 2008.
Dès l’année suivante, son fils Clément le rejoint dans l’aventure et gravit pas à pas les échelons avant de devenir associé avec son père en 2019. Une succession longuement préparée jusqu’à ce 13 février 2025 où à 62 ans, Didier prend officiellement sa retraite et laisse son bébé à son fils de 35 ans. « C’est un peu dur de me dire que tout ça s’arrête », avoue ce passionné, mais qui a confiance pour la suite, « je pars assez serein. Clément est prêt, il a du réseau et la tête sur les épaules sinon je ne lui aurais pas laissé l’entreprise. »
« Jamais, je ne pensais en arriver là aujourd’hui »
Une responsabilité que sa progéniture est prête à assumer. « Je ne vais pas révolutionner l’entreprise, mais travailler dans la continuité », confie Clément qui peut compter, au moins pour deux ans, sur le soutien de sa mère Christine qui continue de l’épauler sur la partie administrative. Ainsi, Didier ne sera jamais bien loin en cas de besoin. « De temps en temps, je viendrais boire le café », plaisante-t-il alors que jusqu’au bout l’envie de transmettre, notamment aux trois couteliers de la société, était présente. Entre la chasse, la tauromachie et quelques voyages prévus, son temps sera malgré tout bien occupé.
Un père forcément fier de voir son entreprise perdurer et associé au nom Lascombe, « mon épouse m’a poussé à aller de l’avant. Quand j’ai démarré dans mon garage, jamais, je ne pensais en arriver là aujourd’hui. C’est beaucoup de chemin parcouru et beaucoup de sueur grâce au travail. » Une coutellerie qui bénéficie d’une belle cour goudronnée et de beaux locaux récemment agrandis qui vont permettre de pouvoir faire du réceptif sur des événements d’entreprise. Passé par les équipes de jeunes de Nîmes Olympique, Clément Lascombe a de l’ambition pour ses couteaux : « On est très connu dans la région, mais maintenant l’objectif, c'est de s’expatrier au-delà de l’Occitanie. »
Vente en ligne, stages et visites d’entreprise
Des couteaux assemblés dans le Gard, 100 % français, que l’on retrouve dans des boutiques en Allemagne, Italie et vendus également à l’international sur Internet. Clément souhaite développer davantage la vente en ligne et l’image de la société de plus en plus mise en avant sur les réseaux sociaux. Il veut par ailleurs poursuivre sa collaboration avec la trentaine de restaurateurs qui utilisent ses couteaux dont les chefs étoilés nîmois Jérôme Nutile et Damien Sanchez (Skab). Chaque année, près de 5 000 couteaux sortent de l’atelier de Bezouce.
Sans compter ceux qui viennent les fabriquer eux-mêmes. Des stages en coutellerie qui trouvent son public et que le nouveau patron veut renforcer. Pour 200 euros, n’importe qui peut venir assembler son propre couteau, le graver à son nom et repartir avec. Une volonté d’ouvrir au maximum l’entreprise en organisant des visites d’entreprise et tentant de faire revenir les cars de touristes, bien présents, avant le covid. Les idées fourmillent dans la tête de Clément qui envisage d’élargir la palette des coffrets de couteaux de table et pourquoi pas à terme ouvrir un second point de vente vers les Baux-de-Provence.
L’activité fonctionne toute l’année : 20 % du chiffre d’affaires est réalisé en décembre à l’approche des fêtes. Une belle aventure partie pour durer encore des décennies. Mais le papa a un dernier conseil à délivrer à son fiston : « Les entreprises artisanales sont de plus en plus taxées. Il faut être solide mentalement, être vigilant sur la trésorerie et puis faire attention aux comptes. » Le message est bien reçu. Clément peut désormais écrire sa propre histoire de la Coutellerie Le Camarguais.