FAIT DU SOIR Par amour, Stéphanie continue à faire vivre la manade Briaux
![manade briaux](https://medias.objectifgard.com/api/v1/images/view/67a386822b1ce348250476dc/article/image.jpg)
Stéphanie Briaux
- Photo Corentin CorgerStéphanie Briaux dirige désormais la manade Briaux à Bouillargues, fondée en 1999 par son père Lucien, décédé en mai 2024.
La manade venait à peine de passer le cap de son 25e anniversaire que le fondateur, Lucien Briaux, disait adieu au monde la bouvine en mai 2024 après avoir lutté durant trois ans contre la maladie, à quelques jours de fêter ses 70 ans. C’est tout le monde de la Camargue qui rendait hommage à une figure connue dans tous les villages à travers ses taureaux présents dans les abrivado, bandido et encierro. « Quand mon père a fermé ses yeux. Je me suis dit ça ne peut être que moi, ça semblait naturel », commente Stéphanie Briaux, fille aînée du manadier, qui a donc décidé de poursuivre cet héritage.
« Ici c’étaient des vignes, mon père a tout bâti. Si j’avais vendu, c’est comme s'il mourrait une deuxième fois », poursuit-elle. Et si au départ ce n’était pas dans ses projets, la volonté de perdurer le patrimoine paternel était plus forte, motivée également par cette passion pour la Camargue. « Ma fille Léa marchait à peine qu’elle donnait à manger aux taureaux à travers la clôture. Mon petit-fils Marceau pique toute la journée les fesses de sa mère avec son trident. Je veux être dans la transmission. »
Des mots qui prennent tout leur sens pour Stéphanie, tout en parcourant l’album familial, sur la table de la « Cabane à Papé ». Un lieu où Lucien aimait se retrouver avec les siens. « Ça restera toujours chez mon père, je veux continuer à faire vivre ce qu’il a bâti », insiste-t-elle dans une émotion encore palpable. « Chez mon père », qui deviendra le nom du domaine où est installée la manade Briaux. Stéphanie a donc racheté les parts de son père et donc dirige désormais l’entreprise familiale.
« Que l’image de mon père perdure et soit respectée »
Comme elle s'occupait déjà de l’administratif depuis cinq ans, prendre la suite a été un peu plus facile. Surtout qu'elle n’est pas seule dans cette aventure. Stéphanie peut compter sur le soutien de son oncle, Claude, qui s’occupe des 72 taureaux présents à la manade. Le nom Briaux va continuer d’animer nos fêtes votives même si aujourd’hui cela n’est plus suffisant. « Si tu fais que de l’activité taurine, ce n’est pas rentable », table la gérante qui va devoir gérer une soixantaine de manifestations de février jusqu’à novembre. Épaulés par une trentaine de gardians amateurs qui montent pour le plaisir, construite autour de Nicolas Lebaïle, présent depuis plus de 20 ans.
« Nicolas est un élément fédérateur. On veut un esprit famille et on a une équipe super soudée. » Une famille de cœur qui passe des moments privilégiés ensemble. « Je vais rester dans l’ombre, on ne me verra pas à cheval. Je veux être à l’écoute du public et des municipalités tout en restant dans les traditions. Et surtout que l’image de mon père perdure et soit respectée. » Une mission qu’elle prend à cœur avec passion et fierté, « mon père m’a dit : tu passeras partout, car j’ai été un homme droit ».
La salle de réception rénovée
Alors pour maintenir l’activité taurine, en parallèle, Stéphanie veut continuer à développer le réceptif grâce à une grande cour extérieure et son bar attenant. Et surtout louer la salle fermée qui peut accueillir jusqu’à 150 personnes assises, idéale pour des mariages, anniversaires, baptêmes ou réunions d’entreprise. Un espace quasiment entièrement refait et modernisé en faisant davantage ressortir les insignes de la manade avec LB et la barre du L reprenant le manche du trident.
Un emblème que l’on retrouve aussi sur les poteaux rénovés du comptoir extérieur. Petit à petit, Stéphanie veut rafraîchir le site sans enlever son âme en gardant à l’esprit que chaque arbre a été planté et chaque pierre a été posée par Lucien. Cette dernière veut aussi redonner vie à une pièce qui lui tient à cœur, la salle des trophées, qui accueillait des grandes tablées, devenue une réserve. Sur les murs, de nombreuses photos des gardians à cheval lors d’abrivado, dont celle des plages au Grau-du-Roi, retracent bientôt 26 ans de traditions camarguaises.
« Nos bêtes, on en prend soin »
Pour remplir toute l’année, elle veut cibler les clubs de seniors pour des après-midis dansants. Les idées fourmillent dans sa tête comme le lancement d’une cuvée d’huile d’olive et, à terme, faire de l’élevage pour vendre la viande de taureau. La poursuite de la manade c’est aussi la volonté de faire perdurer les traditions camarguaises à l’heure où certaines personnes les remettent en cause, « on perpétue la race du taureau de Camargue. Nos bêtes, on en prend soin. Elles sont heureuses de sortir. »
Chaque taureau a besoin d’un 1,4 hectare, ce qui permet d’entretenir la faune et la flore dans une région propice aux feux de forêt. La catastrophe avait été évitée de peu en 2019 lors d’un terrible incendie où les bâtiments avaient été sauvés in extremis. Désormais, Stéphanie veut garder que les bons souvenirs et tous les nouveaux que les Gardois vont créer dans un lieu symbolique.
Pour suivre la manade, rendez-vous sur la page Facebook.