GRAU DU ROI Mandature Crauste, deuxième mi-temps
Au Grau-du-Roi, les deux dernières années avant la réélection éventuelle du premier magistrat aux manettes depuis 2014 seront, qu'on se le dise, marquées par de grandes ambitions.
Locales et balnéaires, certes, mais le Grau-du-Roi, "ce village de pêcheurs", n'est pas une ville comme les autres, selon ses fiers habitants. « Nous avons pris des mesures parfois désagréables mais responsables comme l’augmentation des impôts en début de mandat, la mise d'un cadre dans la gestion des Ressources humaines et d’un plan pluriannuel d’investissement », a commenté le maire.
Le débat d’orientation budgétaire a constitué une partie importante du conseil municipal de ce mercredi 31 janvier. Claude Bernard, premier adjoint aux finances, trouve le budget pressenti évidemment très bien, répondant « aux objectifs de rigueur et de dynamisme" via "la maîtrise de la masse salariale (50% des dépenses de fonctionnement) et la gestion de la dette de 5 millions d’euros ".
Robert Crauste a listé les risques : des engagements sous-évalués pour la démolition de l’ancien hôpital avec 1 M € prévus et une réalité à 3 M €, un contentieux de 120 000 € avec un agent municipal, un autre de 400 000 € avec les photocopieurs de l’office de tourisme. « Il faut en fait discerner deux temps : de 2015 à 2017 et de 2018 à 2020. Nous avons créé les conditions du redressement en desserrant le nœud de l’endettement durable." Quoi de neuf pour ces deux prochaines années cruciales ? Comme souvent, on entre dans la phase de la visibilité des projets lancés en début de mandat. "De 2018 à 2020, il s’agira de consolider le redressement, reconstituer l’autofinancement mais aussi réaliser et lancer des projets."
Des doutes et des questions pour les trois tendances de l'opposition
L'opposition est évidemment restée dubitative face aux grandes ambitions affichées du maire. Sophie Pellegrin-Ponsolle, pour le Cercle du Grau, a dégainé les griefs et les chiffres. "Cette gestion d'apparent bon père de famille ne révèle toujours aucune réorientation majeure (...). À mi‐mandat, malgré nos alertes, aucun effort de gestion n’a été opéré", soutient-elle. "Les charges générales en constante augmentation plombent toujours le budget.
Avec une hausse des dépenses de fonctionnement de 42% depuis 2014 et de seulement 20% des dépenses d’investissement, vous semblez vous enliser dans la gestion du quotidien. (...) Avec une augmentation continue des charges de personnel (+ 10% sur les 3 dernières années), une subvention au CCAS chaque année en hausse (... ) il n’est, pour vous, d'autre salut que d’avoir recours à une fiscalité matraquante (+15% d’augmentation des taxes foncières et d’habitation depuis 2014) et à des taxes en tous genres qui représentent une augmentation de 32% depuis 2014. Le tout pour équilibrer un budget qui n’est toujours pas à la hauteur d’une commune comme Le Grau-du-Roi."
Ironique, le Cercle du Grau s'attend à des petits changements : "nous subodorons un revirement de situation pour les trois prochains budgets. Notamment sur la section investissements où on observera une augmentation de l’investissement pour la requalification urbaine à hauteur de 42% entre 2018 et 2020. Même si l’écoquartier plombera durablement ce poste budgétaire (7,3 millions d’euros), il ne serait pas surprenant que la perspective de l’échéance électorale vous incite à engager enfin les travaux de voirie structurants nécessaires pour la Ville et pour le bien-être de ses résidents."
Plus traditionnel mais plus personnellement mordant, Léopold Rosso, chef de file du Grau du Roi naturellement ne s'attend pas à grand chose : "votre discours récurrent voire bassinant sur la dette, sur le manque de marges financières, sur la situation catastrophique de notre patrimoine, en opposition complète avec celui tenu lors des vœux, n'interpelle plus personne, n'a aucun effet, ne prend plus et agace nos citoyens. Votre budget de fonctionnement est passé de 22 millions d'euros à 31 millions d'euros entre 2014 et 2017. Pas un problème en soi sauf que face à ces dépenses il faut mettre des recettes. Où les avez-vous trouvées ?", interroge-t-il, avant d'apporter sa propre réponse. "Vous les avez trouvées dans la poche des contribuables et dans les effets de dynamique de recettes annexes conjoncturelles comme les droits de mutation et le produit des jeux. La majeure partie venant des impôts et taxes qui est passé de 15 à 19 millions. Sous le couvert de la dette vous avez grassement fait exploser les frais de personnel (...) de 2014 à 2017 (...) Vous dites que le produit des ventes 6,8 millions d'€ a plus que couvert le besoin d'investissement occasionnant un résultat de l'exercice de l'ordre de 5 millions d'€ auxquels viennent s'ajouter les 1,7 million d' € pour atteindre un résultat cumulé de 6,8 millions d'euros. Curieuse ressemblance de ce chiffre avec le montant des ventes du patrimoine 7 millions d'euros ! Quand allez-vous commencer le désendettement ? (...) Nous relevons et apprécions la mise en œuvre du plan pluriannuel d'investissement 2018-2021 qui donne une vision intéressante des aménagements retenus. Nous rappelons aussi notre soutien dans la prise en charge maximale par l'État et les autres collectivités de la réhabilitation du site du CHU dont le financement n'appartient pas à la commune via ses ressources propres."
Pour le Front national, Yvette Flaugère s'est voulue concise dans ses reproches à la gestion municipale : "Comparé à l’exercice précèdent, il apparaît une très nette baisse sur les prévisions des recettes fiscales. Compensée par une prévision très optimiste de dotation de l’État dans les mêmes proportions. Nous osons espérer que le président dont vous avez soutenu la candidature tiendra ses engagements. Si tel n’est pas le cas, il paraît évident que cela mettrait notre commune dans une situation financière délicate."
Florence Genestier
NDLR : Aigues-Mortes et le Grau-du-Roi ayant décidé le mercredi 31 janvier dernier de tenir leurs conseils municipaux en même temps, après de vains efforts de dédoublement nous avons choisi celui de la cité des remparts et nous n'avons point été déçus par l'ambiance. C'est pourquoi nous vous proposons un simple florilège des interventions des différents groupes graulens concernant cette fois, le débat d'orientations budgétaires.