Le 1er REG, le colonel Chabaud le connaît bien. Tout juste sorti de Saint-Cyr, c'est dans ce régiment qu'il a commencé en tant que jeune lieutenant en 2001. Là où il est ensuite devenu chef de section, puis officier adjoint et enfin commandant d'unité de la 1ère compagnie de combat. Durant cette période, il est notamment déployé en république de Djibouti, en Ouganda, aux Émirats arabes unis et en Guyane. 

Après être passé par l'état-major de la 6e brigade légère blindée à Nîmes, l'école du génie à Angers, il a de nouveau retrouvé le 1er REG en 2019 où il fut d'abord chef du bureau opérations instruction (CBOI), avant d'être projeté en 2020 comme chef du bureau plans de la mission des Nations-unies de stabilisation en Centrafrique (MINUSCA). C'est maintenant en tant que chef de corps qu'il retourne au régiment laudunois, après avoir été promu colonel en mai 2023. "C'est un honneur, c'est un moment fort dans la vie d'un officier. (...) J'ai retrouvé beaucoup d'officiers, d'adjudants-chefs...", indique-t-il. 

Toujours "être prêts"

Aujourd'hui au commandement du 1er REG, il tient à entretenir un contact permanent avec ses hommes : "Lors d'une cérémonie, on plonge son regard dans celui des légionnaires. C'est là qu'on réalise sa vocation d'officier. C'est là aussi qu'on voit la vocation de chacun à servir, à être prêt au sacrifice de sa vie pour une cause qui nous est supérieure." Le rôle du chef de corps peut se traduire de manière simplifiée par "le chef de famille" : "C'est celui qui doit fixer la route, donner l'esprit et faire converger des lignes d'efforts qui doivent s'articuler entre elles. Il y a l'aspect humain, le personnel, l'entraînement, la formation qui s'inscrit sur le temps long. Il faut arriver à une harmonie entre ses différents aspects." 

Le leitmotiv que le colonel Chabaud veut inculquer à ses hommes, c'est : "Être prêts. Cette époque d'incertitude nous oblige à être prêts en permanence." Pour y parvenir, il mise sur l'entraînement, la préparation, la formation évidemment. Mais il défend aussi "une armée qui prend soin de ses hommes et de leurs familles" : "Pour partir en mission, le légionnaire a besoin de savoir qu'au quartier, il est bien intégré, qu'il est accompagné. On mène un travail très important pour les militaires qui servent à titre étranger, pour leurs familles, leurs épouses."

Des travaux sont d'ailleurs en cours pour créer un lieu d'accueil des familles au sein du quartier et que le colonel Chabaud espère voir inauguré l'année prochaine. Il servirait à accompagner les épouses pendant une période d'insertion professionnelle, d'apprentissage du français, d'accompagnement dans des démarches administratives, mais ce serait aussi un espace qui pourrait être investi par les pères divorcés pour voir leurs enfants pendant les périodes où ils sont à la garnison. 

Des moyens humains et matériels supplémentaires

Le colonel Chabaud prend le commandement du 1er REG dans une période charnière. Dans le cadre de la transformation des Armées et de la future loi de programmation, le régiment connaît une montée en puissance : les effectifs vont passer de 950 légionnaires actuellement à 1 050 hommes. Le régiment de génie laudunois a déjà reçu les nouveaux véhicules blindés Griffon. D'ici deux ans, il va aussi bénéficier de nouvelles capacités en termes d'ouverture d'itinéraire pour franchir des obstacles à base de mines : "Les combats en Ukraine montrent qu'il faut revenir aux fondamentaux de l'emploi du génie que sont le déminage et l'ouverture d'obstacles minés qui sont plus massifs que les engins explosifs improvisés que l'on connaissait", expose le chef de corps. 

Ce n'est pas les seuls équipements fléchés vers le régiment de génie : "Cette année, on a reçu de nouvelles capacités qui nous permettent un contrôle des fleuves, notamment des embarcations", ajoute-t-il. Le régiment en a reçu quatre. La tâche est maintenant de se les approprier pour pouvoir les utiliser sur le territoire national en Guyane ou sur des théâtres d'opération comme la Côte-d'Ivoire. "Il est possible qu'il y ait un déploiement de ce genre de moyens lors des Jeux Olympiques et pour la sécurisation de la Seine. Cela permet d'avoir un contrôle sur des endroits où on ne peut pas accéder par la terre. On viendrait en appui des forces de sécurité intérieure", poursuit-il.  

Offrir une immersion aux étudiants

Les légionnaires doivent donc assurer les nombreux déploiements en opérations extérieures dans différents pays, mais aussi "se tenir prêts à ce qui n'est pas planifié, en cas de dégradation de la situation en Afrique, en cas de catastrophe naturelle. Il faut aussi se tenir prêts à s'engager de manière massive en Europe de l'Est."

Comme son prédécesseur, le colonel Chabaud veut continuer et approfondir le partenariat noué avec l'ESSEC (École supérieure des Sciences économiques et commerciales). Il y a quelques semaines, des étudiants avaient vécu une immersion au sein du régiment. L'idée serait de leur proposer deux types de parcours : un de découverte du monde militaire et un pour les étudiants qui ont déjà eu une expérience. Il est envisagé également des périodes d'échanges pendant lesquels les cadres du régiment pourraient partager leur parcours auprès des élèves.