Publié il y a 3 h - Mise à jour le 07.02.2025 - Propos recueillis par Sacha Virga - 4 min  - vu 148 fois

L'INTERVIEW Christophe Hardy, président de la Fédération des boulangers-pâtissiers du Gard : "On accompagne le personnel pour arriver à se surpasser"

Christophe Hardy

Christophe Hardy, président de la Fédération des Boulangers Pâtissiers du Gard

- Sacha Virga

Hier après-midi, les gagnants des concours départementaux 2025 de la meilleure baguette traditionnelle et du meilleur croissant ont été dévoilés. Chaque vainqueur se qualifie pour la finale régionale dans l'Ariège les 3 et 4 mars. Christophe Hardy revient sur cette édition et sur d'autres sujets brûlants.

Objectif Gard : Parlez-nous de l'organisation du concours du meilleur croissant au beurre et de la meilleure baguette de tradition française...

Christophe Hardy : On est sur la troisième édition de nos concours. On le fait depuis l'année 2022. Il n'y a pas eu de contrainte à l'organiser cette année, j'ai un secrétariat qui est au point, capable aujourd'hui de relancer nos adhérents et nos non-adhérents parce que c'est ouvert à tout le monde. Aujourd'hui, j'essaye de communiquer, mais malheureusement je n'ai pas les outils pour le faire avec les boulangers qui n'adhèrent pas. C'est très difficile d'aller les toucher, sauf d'aller les voir un par un. Il y a quand même 280 boulangers dans le Gard. S'il faut que je prenne mon bâton de pèlerin et tous les voir pour leur dire : "Il y a un concours le 6 février à la Chambre de métiers", ça va être difficile. Aujourd'hui, on a eu une trentaine de participants sur les deux concours, donc c'est plutôt satisfaisant.

Concours meilleur croissant meilleure baguette CMA 2025
De belles baguettes et de beaux croissants • Sacha Virga

Vous êtes président depuis 2019, comment jugez-vous votre parcours jusqu'à présent ?

Si je dois faire polémique, en 2019 j'ai repris la présidence de la Fédération des boulangers qui était sinistrée puisque l'ancien président avait lâché un petit peu l'affaire depuis 2016. En l'espace de trois ans, voyant qu'il n'y avait plus d'activité, les boulangers se sont tournés vers d'autres cieux, fédérations ou instances et il n'y avait plus rien. Il a fallu que je remette d'aplomb et financièrement la fédération. Ensuite, il y a eu le Covid, ça a été très compliqué. Depuis 2022, j'ai eu la possibilité de réembaucher un secrétariat, de restructurer la fédération et de pouvoir me consacrer à nos missions premières qui sont l'accompagnement et le fait de fédérer nos artisans boulangers et pâtissiers.

Que peut-on vous souhaiter pour 2025 ?

Déjà qu'on ait un maximum d'adhésions, je rappelle le prix parce qu'il est tellement insignifiant, ça représente même pas une baguette par jour. Notre adhésion est à 220 €. Ce n'est rien en contrepartie des services que vous apporte aujourd'hui la fédération. Sur les réseaux sociaux, on voit énormément de scandales par rapport au contrôle sanitaire. Des collègues qui sont indéfendables parce que malheureusement, ça a été fermé par le préfet. C'est catastrophique quand on voit ce genre de locaux. Par contre, mon rôle en tant que président de fédération, c'est d'aller taper à la porte du préfet et lui dire : "Vous publiez ce genre de photo, mais derrière, il y a des enfants dans des écoles qui se font harceler." Un autre rôle de la fédération, c'est d'accompagner les gens pour la progression et dans les nouvelles mutations de notre métier. Aujourd'hui, l'erreur, on la paye cash. Je ne veux pas qu'en 2025, on ait beaucoup plus de fermetures d'enseignes.

Comment arrivez-vous à lutter contre les grandes chaînes de boulangerie qui s'installent sur le secteur ?

On accompagne le personnel pour arriver à se surpasser, à proposer des produits artisanaux, et à être efficace à la vente. Parce qu'à mes yeux, les grandes chaînes de boulangerie pensent business. Le produit pour eux n'est pas tellement important, c'est ce qu'on appelle la boulangerie des ronds-points et ça fait vraiment du mal à l'artisanat. Nos concours, comme aujourd'hui où vous voyez ces produits d'exception, font en sorte qu'on ne peut que tirer la profession vers le haut. Tous les artisans qui font de la qualité n'ont pas de problème aujourd'hui. Aujourd'hui, je vois des gens qui disent que 20 € une galette c'est trop cher. Mais ils ne savent pas derrière tout le travail que ça représente. On ne peut pas comparer entre une galette d'artisan et une galette de supermarché. Et je l'annonce, ces grandes enseignes payent moitié moins le prix de la farine qu'un artisan boulanger. Ils peuvent après donner de la baguette gratuite et faire de la concurrence déloyale à la boulangerie artisan. En plus, ils ne sont pas du tout sur la même convention collective que nous et ils ne payent pas le même salaire à leur personnel.

Que pensez-vous de l'engouement autour de l'émission "La meilleure boulangerie de France" ?

Cette année, il y a eu encore quelques concourants gardois. Le Gard sera représenté à l'échelle nationale avec "Au paradis des gourmands" à Garons. Imaginez qu'ils gagnent, comme ce fut le cas en 2018 avec "La Fougasse d'Uzès". Il a vu son chiffre d'affaires multiplié par deux. C'est ce que je souhaite de plus en plus à Thibaut (Combe). On voit que c'est quelqu'un qui est une bête de concours et quand on voit le produit qu'il nous a fait aujourd'hui sur le croissant et la baguette, je pense qu'à Paris ça va faire des étincelles.

Concours meilleur croissant meilleure baguette CMA 2025
Les gagnants du concours • Sacha Virga

Les résultats du concours :

Catégorie Meilleure Baguette de Tradition Française :
1) Thibaut Combe (Au Paradis Des Gourmands - Garons), aussi en course pour le titre de "La Meilleure Boulangerie de France" sur M6
2) Garric Coursier (Ma P'tite Boulange - Junas)
3) Théo Velasco (Les tendances gourmandes - Vers Pont-du-Gard)

Catégorie Meilleur Croissant au Beurre :
1) Alexandre Boudry (Alexandre Boudry Pâtisserie - Marguerittes)
2) Jérome Luccioni (Maison Lumen - Bezouce)
3) Garric Coursier (Ma P'tite boulange - Junas)

Xavier Perret et l'accompagnement de la CMA sur les difficultés du métier

"Le métier de boulanger est très pénalisé par l'augmentation du prix de l'énergie. Ça compte beaucoup au niveau des bilans des boulangers et ils n'ont pas forcément le choix. On est très attentifs à la Chambre de Métiers et de l'Artisanat sur ces éléments là et on les accompagne quand ils nous le demandent, auprès de leur fournisseur d'énergie comme on l'a fait il y a deux ans déjà lors de la crise", témoigne Xavier Perret, président de la CMA.

Propos recueillis par Sacha Virga

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio