Publié il y a 2 jours - Mise à jour le 16.04.2025 - François Desmeures - 3 min  - vu 240 fois

MONT AIGOUAL La première résidente du Climatographe planche sur le risque incendie et les moyens de lutte

Doriane Morata avec (à gauche) le directeur du Climatographe, Laurent Bonnard, et le chercheur Pierre-Alain Ayral

- François Desmeures

Sans être logée au Climatographe, Doriane Morata y est en "résidence" et mène une étude, en partenariat avec l'Observatoire de l'Aigoual, sur le risque incendie du massif de l'Aigoual et, plus largement, l'habitabilité des Cévennes et la défendabilité des biens. Le tout sous l'égide de deux chercheurs : le géographe Pascal Chevalier et Pierre-Alain Ayral, de l'IMT Mines Alès, reconnu pour son travail autour des niveaux d'étiage de la Cèze et des Gardons, sous forme de laboratoire vivant. Un travail important, alors que les derniers grands feux datent de plus de vingt ans. 

Doriane Morata avec (à gauche) le directeur du Climatographe, Laurent Bonnard, et le chercheur Pierre-Alain Ayral • François Desmeures

La résidence a officiellement débuté en septembre, à l'Observatoire du mont Aigoual, devenu Climatographe. "J'ai démarré une thèse ave Pascal Chevalier, du LAGAM (laboratoire de géographie et d'aménagement de Montpellier), et Pierre-Alain Ayral, explique la doctorante. Je suis justement entré en contact avec lui grâce à Laurent Bonnard." En jouant les entremetteurs, le directeur du Climatographe a ainsi assuré la première résidence universitaire de l'Observatoire. Une chambre est ainsi mise à disposition de Doriane Morata qui, résidente des vallées cévenoles, n'y monte que si le besoin s'en fait sentir. 

"Je travaille sur l'habitabilité des Cévennes"

Doriane Morata

L'intitulé de la thèse ne dit pas tout du travail de la chercheuse : "Changement climatique et modification des pratiques de gestion de la ressource en eau : en quoi les représentations liées à la tension sur la ressource en eau entrainent une modification des usages dans les vallées cévenoles, en tête de bassin versant ?" "Je travaille sur l'habitabilité des Cévennes, traduit Doriane Morata, sous l'angle de la sécheresse et du risque de feux de forêts, en lien avec la disponibilité de la ressource en eau. Je le fais à partir de ce qu'on sait sur le réchauffement, en s'appuyant sur les projections climatiques et notamment sur les données du projet EXPLORE 2, qui fournit une modélisation fine" (voir ici ce qu'est EXPLORE 2 sur le site de l'Office français de la biodiversité).

"On est parti du constat d'un manque de stockage d'eau brute, poursuit la doctorante, et d'une DFCI (défense des forêts contre l'incendie) à entretenir et à adapter, notamment en raison de la modification des comportements des feux avec le réchauffement climatique. Ce qui impose de revoir la stratégie de lutte et d'entretien des forêts. On doit adapter nos prévisions du risque incendie à cela." Et vivre avec le risque incendie et feux de forêt, avec le paradoxe que le tableau complet intègre des inondations en fond de vallées. 

Stockage d'eau brute à adapter pour la lutte contre les incendies

La thèse qu'elle soutiendra, Doriane Morata la fait progresser "à temps partiel, elle peut être étalée sur six ans". Et pour cause, la thésarde occupe simultanément un emploi, sa fonction ne manquant pas d'établir des passerelles avec son travail de recherche : elle a été chargée, par la communauté de communes du Pays Viganais, du projet Eau et Climat. Et la présentation du travail qu'elle doit mener évoque son sujet de thèse : "Dans le cadre de ce projet financé par l'Agence de l'Eau Rhône Méditerranée Corse, nous portons un axe de participation citoyenne autour de la gouvernance locale de l'eau. Nous essayons de recenser les particuliers et les agriculteurs qui suivent la météo et font des relevés (stations météorologiques et pluviomètres). Dans ce projet sur deux années, nous abordons également la thématique eau dans le champ des usages via l'AEP (alimentation en eau potable), l'irrigation agricole mais aussi la DFCI...". Doriane Morata différencie, cependant : "Le sujet résonne en écho, c'est vrai. Mais ici, il s'agit de trouver des solutions pour les acteurs du territoire. Et comment adapter les productions agricoles et les usages au réchauffement et à l diminution de la ressource en eau disponible." 

Sur le sujet de thèse, "depuis septembre, je m'appuie sur le SDIS (service départemental d'incendie et de secours) du Gard, ce qui m'a permis d'aller interviewer des SDIS de l'arc méditerranéen. Ainsi que sur les documents réglementaires de la direction départementale des territoires, ou sur ceux de l'Office national des forêts, afin de mettre en place une cartographie plus sensible." Si la thèse s'intéresse au stockage de l'eau, elle ne traite donc, en aucun cas, des retenues attendues par les producteurs d'oignon doux, notamment, mais reste sur le sujet du stockage de l'eau brute dans le cadre de la DFCI. 

Les ravages de l'incendie qui a parcouru Bordezac, Gagnières et Bessèges, en juillet 2022 • François Desmeures

Et les Cévennes restent très menacées, et pas seulement parce que le pin maritime a tendance à gagner du terrain là où l'yeuse assurait une barrière. Sur l'Aigoual, la variété des essences est plus marquée. Mais Doriane Morata perçoit les risques à travers l'existant. "Il existe des couloirs historiques de feu. Or, les derniers grands feux ont eu lieu entre 20 et 30 ans. Et la végétation est redevenue dense, offrant du combustible pour des feux importants." Cette année, l'humidité continue offrira peut-être un répit au risque, avant que Doriane Morata n'expose les solutions envisagées pour le territoire au travers de sa thèse, "j'espère en 2028", évalue-t-elle. 

François Desmeures

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