Pas question de laisser cette situation s'enliser. Dix bateaux amarrés au port de Beaucaire font l'objet d'un arrêté préfectoral. "C'est une grosse épine du pied qu'on nous enlève", lâche satisfait Didier Martorell, responsable des ports de la Communauté de communes Beaucaire Terre d'Argence (CCBTA). Car ces embarcations - dont l'une de 30 mètres de long - sont abandonnées depuis plusieurs années, entre cinq et sept ans. C'est-à-dire que les redevances ne sont plus payées par les propriétaires, lesquels ne répondent pas aux relances. Une ardoise qui se chiffre à plus de 30 000€ pour le plus gros des bateaux, propriété d'une société civile immobilière (SCI) parisienne, un autre cumule jusqu'à 20 000 € d'impayés. Tous ces bateaux ont une histoire, celui de 15m qui appartient à un Hollandais fait sourire Didier Martorell. "Tombé éperdument amoureux d’une Espagnole, le propriétaire est parti sur un coup de cœur mais a oublié son bateau derrière lui", rapporte-t-il.

Il fallait agir d'une part pour libérer des emplacements, mais "cette action s’inscrit aussi dans une volonté plus large d'assainir l'image du port de Beaucaire", souligne le président de la CCBTA, Juan Martinez. Et puis, ajoute-t-il "l'un d'eux était manifestement squatté, ce qui représente un danger, en cas d'incendie par exemple, pour les autres bateaux." La procédure nécessite deux mois d'affichage des arrêtés préfectoraux. Sept des bateaux concernés - dont un a coulé - sont stockés au chantier naval de Beaucaire. Les deux mois réglementaires écoulés, sans nouvelles des propriétaires, les embarcations appartiendront à la collectivité.

La vente ou la déconstruction

"Les bateaux seront expertisés pour juger de leur état et de leur valeur. S'il en a une, le bateau sera mis à la vente", précise Juan Martinez. Reste que les créanciers du capitaine silencieux pourront se manifester à ce moment-là. "Ensuite s’il y a une soulte, elle reviendra à la communauté de communes." Les plus dégradés seront déconstruits, en partenariat avec une entreprise d'insertion de Montpellier, au frais de la CCBTA. "On va mettre un billet là-dessus, ce n’est pas un moindre investissement, mais c’est nécessaire", souffle le président.